Des antibiotiques pour traiter les maladies de la rétine?

Cela suscite l’espoir que ces maladies pourraient un jour être traitées avec des antibiotiques, même si cette possibilité reste encore lointaine.

“Cela nous donne un autre point de vue où nous devons intégrer d’autres organes, comme le système digestif, dans l’équation de cette dégénérescence”, a déclaré Przemyslaw Sapieha, directeur de l’unité de recherche sur les maladies neurovasculaires oculaires du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. “Je pense que le lien est plausible.”

Il était déjà connu que les mutations du gène CRB1 affaiblissent la barrière protectrice des yeux. Les chercheurs de l’University College London ont maintenant découvert que les mutations de ce même gène rendent la barrière intestinale un peu plus perméable, ce qui permet potentiellement aux bactéries de s’échapper.

Les auteurs de l’étude ont donc introduit des modifications génétiques chez des souris pour qu’elles expriment un gène CRB1 anormal. Les souris qui présentaient en plus des niveaux réduits de bactéries intestinales ne montraient pas de dommages à la rétine, contrairement aux souris dont le microbiome était normal. L’administration d’antibiotiques a permis de réduire les dommages aux yeux de ces dernières.

On estime que les troubles héréditaires de la rétine touchent environ 5,5 millions de personnes dans le monde. Bien que ces nouvelles recherches représentent un nouvel espoir pour eux, nous sommes encore loin d’un nouveau traitement, avertit le professeur Sapieha, qui enseigne à la faculté de médecine de l’Université de Montréal et occupe la Chaire de recherche du Canada en biologie cellulaire de la rétine depuis 2010.

“Il est important que les patients et les familles des patients touchés ne s’emballent pas trop vite”, a-t-il ajouté.

Les bactéries intestinales contribuent “potentiellement” à la dégénérescence de la rétine, a-t-il poursuivi, “mais il reste encore beaucoup de travail à faire”, notamment pour vérifier si les bactéries jouent un rôle “central”.

“C’est une belle avancée qui ouvre certainement une nouvelle voie, mais comme pour toute nouvelle étude, en particulier une étude menée sur des modèles murins, il reste encore plusieurs étapes de validation avant de penser à un transfert chez les humains”, a-t-il conclu.

Les conclusions de cette nouvelle étude ont été publiées dans la prestigieuse revue médicale Cell.