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Le PDG de la Rai, Carlo Fuortes, a démissionné ce lundi 8 mai sous la pression du gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni, la Première ministre italienne. Photo d’illustration prise à Rome en juin 2009.
ITALIE – Ses opposants y voient une reprise en main du service public de la culture par l’exécutif ultra-conservateur de Giorgia Meloni en Italie. Face aux pressions exercées par le gouvernement italien, le patron de la Rai, la radio-télévision d’État italienne, a annoncé ce lundi 8 mai sa démission, et deux directeurs français d’opéra devraient suivre.
En vertu d’un vaste jeu de chaises musicales, le gouvernement Meloni, le plus à droite qu’ait connu le pays depuis la Seconde Guerre mondiale, cherche en effet à placer des personnes de confiance à la tête de la Rai, ainsi que d’autres institutions publiques prestigieuses.
Le dernier trophée en date est celui de Carlo Fuortes, l’administrateur délégué de la Rai, qui a justifié son départ ce lundi par les pressions qu’exercent sur lui ses autorités de tutelle. Dans un courrier au ministère de l’Économie et des Finances dont il dépend, Carlo Fuortes dit refuser les changements de ligne éditoriale et de programmation qu’il ne « considère pas dans l’intérêt de la Rai ».
« Un conflit politique qui concerne mon poste et ma personne »
Nommé par le précédent gouvernement de Mario Draghi, il souligne que « depuis le début de 2023, il y a un conflit politique qui concerne mon poste et ma personne et qui affaiblit la Rai ». Fratelli d’Italia (FDI), le parti d’extrême droite de Giorgia Meloni, avait saisi en septembre 2022 le gendarme de l’audiovisuel contre Carlo Fuortes. La formation politique dénonçait notamment la présence à l’antenne du philosophe français Bernard-Henri Lévy, qui avait fustigé la droite italienne, mais sans débat contradictoire, alors que la campagne électorale devait s’achever quelques jours plus tard.
Avant d’arriver à la Rai, Carlo Fuortes a été à la tête du Théâtre de l’Opéra de Rome, et le gouvernement envisagerait de lui attribuer un placard doré en lui donnant la direction de l’Opéra de Naples. Or jeudi, un Conseil des ministres a adopté plusieurs décisions, dont une mesure aussitôt baptisée par les médias « l’article de Fuortes » : cette décision impose à tous les directeurs de théâtres lyriques ayant plus de 70 ans de quitter leur poste au plus tard le 10 juin.
Des manœuvres en vue du contrôle total de l’audiovisuel public
Stéphane Lissner, le directeur français de l’Opéra de Naples, se trouve dans cette situation et son départ devrait permettre d’attribuer la direction de l’Opéra de Naples à Carlo Fuortes. Selon des sources dans son entourage citées lundi par le quotidien La Repubblica, il ne devrait toutefois pas briguer ce poste. Selon ce même décret, Dominique Meyer, à la tête de la Scala de Milan, serait aussi frappé par la limite d’âge en 2025. Sollicités par l’AFP, Stéphane Lissner et Dominique Meyer n’ont pas souhaité réagir dans l’immédiat.
Pour le patron d’un des partis de la gauche italienne, Nicola Fratoianni, « avec la démission de Fuortes s’amorcent les manœuvres en vue du contrôle total de l’audiovisuel public ». « Le gouvernement n’a même pas la patience d’attendre les échéances normales des mandats » déplore Roberto Zaccaria, ex-président de la Rai, professeur de droit constitutionnel et ex-député de gauche, interrogé par l’AFP. « Il faut avoir le respect des institutions et ne pas les manipuler pour satisfaire ses propres exigences politiques et personnelles » préconise-t-il.
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