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Décès du compositeur et chef d’orchestre hongrois Péter Eötvös

Décès du compositeur et chef d’orchestre hongrois Péter Eötvös

Le compositeur et chef d’orchestre hongrois Péter Eötvös est décédé dimanche à Budapest à l’âge de 80 ans « des suites d’une longue maladie », a rapporté l’agence hongroise MTI dimanche en début d’après-midi, citant sa famille. Son pays venait de lui décerner il y a quelques jours sa plus haute distinction, le Grand Prix Kossuth, pour l’ensemble d’une oeuvre d’une « importance capitale ».

Les commémorations du 80e anniversaire de Péter Eötvös ne se sont vraiment pas déroulées comme prévu. Le compositeur né le 2 janvier 1944 dans la ville, aujourd’hui roumaine, d’Odorheiu Secuiesc en Transylvanie devait être fêté notamment à Paris, capitale d’un pays qui l’a tant apprécié et lui a tant donné, pays qui a vu naître son oeuvre la plus emblématique, l’opéra Trois soeurs d’après Tchekhov en mars 1998 à l’Opéra de Lyon sous la direction de Kent Nagano. Mais, en janvier 2024, Eötvös avait déjà signifié qu’il ne pourrait se rendre à Paris et encore moins diriger sa musique.

Stockhausen et Boulez

Si le compositeur a suivi la voie royale des meilleurs aspirants compositeurs hongrois, en étant admis dès l’âge de 14 dans la classe de Zoltan Kodaly à l’Académie de musique Liszt de Budapest, c’est à l’étranger, à Cologne, en Allemagne, qu’il a, grâce à une bourse d’études, appris la direction d’orchestre (1964-1966) et trouvé sa voie.

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À Cologne, le jeune chef et compositeur attiré notamment par les choses cosmiques (son opus 1, inspiré par Yuri Gagarine est une pièce pour piano intitulée Cosmos) entre en contact avec un monde bien différent. Il fait la connaissance de Karlheinz Stockhausen, qui l’amène à collaborer avec lui en tant que pianiste et percussionniste. De 1971 à 1979, il travaille au studio de musique électronique de la WDR à Cologne en tant qu’ingénieur du son. Il dirige la création de l’opéra Jeudi à l’ombre de Stockhausen à la Scala en 1981 et sa reprise à Covent Garden. En 1979, Pierre Boulez l’attire à l’Ensemble intercontemporain qu’il a fondé. Peter Eötvös sera, de 1979 à 1991, le premier directeur musical de cet ensemble.

Sur le plan créatif, Péter Eötvös se dégage savamment de la recherche et de l’électronique pure et dure et s’intéresse beaucoup à l’opéra et l’opéra de chambre.

Esprit original

Il est toujours dangereux de réduire un créateur à quelque chose, mais la recherche de la potentielle puissance dramatique d’une oeuvre vocale dans un univers créatif contemporain est une quête qui résume bien Péter Eötvös. Et c’est Kent Nagano et Jean Pierre Brossmann qui, à l’Opéra de Lyon lui offriront la bougie d’allumage. Avec Trois soeurs d’après Tchekhov, en 1998, Eötvös acquiert une notoriété et reconnaissance internationale. L’ouvrage est original à plusieurs titres. L’une des idées inattendues est que les rôles sont tous chantés par des hommes, y compris les quatre principaux (féminins), dévolus à des contreténors. Parmi les autres créations lyriques importantes, Eötvös composera Le Balcon (d’après Jean Genet), en 2002, et Les anges en Amérique (d’après Tony Kushner), en 2004.

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L’idée « Péter Eötvös, compositeur d’opéras » n’est pas le fruit du hasard, puisque son treizième opéra (le premier en hongrois), Valuskaa été créé le 2 décembre 2023 à Budapest. Eötvös n’en a pas moins composé dans tous les genres, notamment le concerto, comme l’a montré le spectaculaire Tambours parlants présenté à l’Orchestre Métropolitain sous la direction d’Elim Chan en novembre dernier et qui a ravi les spectateurs de la Maison symphonique. Le Nem a aussi joué ses compositions pour ensemble. Kent Nagano avait invité son ami Eötvös à venir diriger l’OSM en 2006.

Comme l’a magnifiquement synthétisé Pierre Gervasoni dans Le Monde : « Aussi éloigné des postures provocatrices de György Ligeti que du laconisme symbolique de György Kurtag, dont l’origine hongroise est moins perceptible que la sienne (marquée par la musique folklorique), Peter Eötvös se distingue de tous ses contemporains parce qu’il dit concevoir la musique en termes de théâtre : “Je pense à des situations pour lesquelles je cherche un paysage sonore” ».

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C’est son imaginaire qui, rejoignant celui de l’auditeur, qui lui vaudra une place dans la postérité.

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