L’ancien chef de la société de paiement allemande en disgrâce Wirecard sera jugé jeudi (heure locale), accusé du plus grand cas de fraude de l’histoire allemande.
Points clés:
- L’ancien PDG Markus Braun et deux autres managers font face à des accusations de fraude et de manipulation de marché
- Wirecard a été contraint d’admettre en juin 2020 que 1,9 milliard d’euros (2,9 milliards de dollars) manquaient à son bilan
- Un verdict n’est pas attendu avant 2024 au plus tôt
L’ancien PDG de 53 ans, Markus Braun, qui est en détention depuis son arrestation en 2020, et deux autres dirigeants de la défunte société de premier ordre font face à des accusations de fraude et de manipulation de marché.
Ils pourraient être emprisonnés jusqu’à 15 ans s’ils sont reconnus coupables.
M. Braun a nié avoir détourné de l’argent de Wirecard et a accusé d’autres personnes de mener une opération fantôme à son insu.
Un verdict n’est pas attendu avant 2024 au plus tôt.
Qu’est-il arrivé?
Fondée en 1999 et basée à Munich, Wirecard a commencé comme processeur de paiement pour la pornographie et les jeux d’argent en ligne, avant de se transformer en un nouveau type d’entreprise technologique allemande pour concurrencer certains des plus grands acteurs de l’économie européenne.
À un moment donné, Wirecard valait 28 milliards de dollars (41 milliards de dollars), mais sa disparition a embarrassé l’establishment allemand et placé les politiciens qui soutenaient l’entreprise et les régulateurs sous surveillance.
Après enquête, Wirecard a été contraint d’admettre en juin 2020 qu’il manquait 1,9 milliard d’euros à son bilan.
L’accusation a allégué que la direction de Wirecard avait inventé d’énormes sommes de revenus fantômes pour tromper les investisseurs et les créanciers.
Le gouvernement de l’ancienne chancelière Angela Merkel, qui avait précédemment soutenu la poursuite d’une acquisition par Wirecard en Chine, a brièvement envisagé de renflouer l’entreprise.
Cependant, en quelques jours, Wirecard est devenu le tout premier membre du DAX (indice boursier allemand) à déposer une demande d’insolvabilité, devant ses créanciers près de 4 milliards de dollars.
Qui va témoigner ?
Les procureurs s’appuieront sur les preuves du coaccusé de M. Braun, Oliver Bellenhaus.
L’ancien responsable de la filiale de Wirecard à Dubaï est devenu un témoin clé après s’être rendu aux autorités allemandes en 2020.
Un autre ancien cadre, Stephan von Erffa, est également jugé.
Il a publiquement exprimé ses regrets concernant les événements de Wirecard, mais a nié les avoir orchestrés. Son avocat a déclaré que M. von Erffa ne souhaitait pas commenter les accusations.
Un suspect clé, l’ancien chef de l’exploitation de Wirecard, Jan Marsalek, est un fugitif international dont on ne sait pas où il se trouve.
Après la disparition de Wirecard, le chef du régulateur financier allemand BaFin a démissionné et le chef du chien de garde comptable allemand a également démissionné.
Mme Merkel et son ministre des Finances de l’époque, l’actuel chancelier Olaf Scholz, ont été critiqués pour la surveillance maladroite de l’entreprise.
Mme Merkel et M. Scholz ont déclaré qu’ils n’étaient pas responsables.
M. Scholz a renforcé les pouvoirs de BaFin et installé une nouvelle direction en 2021, et a critiqué l’auditeur de Wirecard, EY, pour ne pas avoir détecté la fraude.
EY a déclaré avoir agi de manière professionnelle.
Il y a 100 dates d’audience provisoirement prévues jusqu’à la fin de l’année prochaine dans cette affaire.
Reuter