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Débâcle d’Erdogan et de l’AKP lors des élections municipales en Turquie: 5 choses à savoir

Débâcle d’Erdogan et de l’AKP lors des élections municipales en Turquie: 5 choses à savoir

Les élections municipales ont infligé dimanche sa plus grande défaite au président turc Recep Tayyip Erdogan et à son parti islamoconservateur, l’AKP, au pouvoir depuis 22 ans. Voici cinq choses à savoir sur ce scrutin qui s’est transformé en désastre pour le camp présidentiel :

En s’impliquant personnellement dans la campagne pour les élections municipales aux côtés des candidats de son parti, en particulier à Istanbul qu’il voulait reconquérir à tout prix, Recep Tayyip Erdogan a donné à ce scrutin local une portée nationale.

Au-delà de la défaite du candidat AKP dans la mégapole, le peu charismatique Murat Kurum, c’est la débâcle du chef de l’Etat qui a été largement commentée dimanche.

Son parti n’a pas réussi à reprendre les grandes villes perdues il y a cinq ans, dont Istanbul et la capitale Ankara, et a même perdu des capitales provinciales en Anatolie conservatrice, considérées comme acquises depuis longtemps.

Berk Esen, politologue à l’Université Sabanci d’Istanbul, a qualifié cela de “la plus grande défaite électorale de la carrière d’Erdogan”, notant que le CHP, principal parti d’opposition, a enregistré “son meilleur résultat depuis les élections de 1977”.

Outre une éventuelle lassitude des électeurs à retourner aux urnes dix mois après les élections présidentielles et législatives de mai 2023, les électeurs, confrontés à une grave crise économique, ont sanctionné le gouvernement : une inflation de 67% sur un an et la chute de la valeur de leur monnaie rendent le quotidien de nombreux Turcs de la classe moyenne insupportable.

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Cette désaffection s’est notamment traduite par une participation en baisse par rapport à 2019.

“Les changements les plus importants en Turquie surviennent lorsque les gens ne peuvent plus subvenir à leurs besoins quotidiens, lorsqu’ils n’arrivent plus à se nourrir”, souligne Ali Faik Demir, professeur à l’Université Galatasaray d’Istanbul.

“Qui remporte Istanbul remporte la Turquie”, dit le président Erdogan. Byzance puis Constantinople, la mégapole millénaire de 16 millions d’habitants (près d’un cinquième de la population turque) est à la fois le joyau du pays par son passé glorieux, sa capitale culturelle située sur le Bosphore, mais aussi le “trésor” du pays, représentant à elle seule 30% du PIB turc.

“Ce n’est pas facile de gérer Istanbul, une ville plus peuplée que vingt pays de l’Union européenne… C’est une plaque tournante, un centre commercial, financier et culturel. C’est un pays”, commente Aylin Unver Noi, professeure à l’Université Haliç d’Istanbul, pour qui “ceux qui parviennent à diriger cette ville et à faire leurs preuves voient ensuite leur carrière décoller”.

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M. Erdogan en a fait l’expérience, lui qui a été maire en 1994. Au pouvoir depuis 2003 en tant que Premier ministre, puis président depuis 2014, réélu en 2018 et en 2023, le chef de l’Etat, lors de ses cinquièmes élections municipales, a traversé de nombreuses tempêtes.

Il a survécu aux grandes manifestations de l’opposition à Istanbul en 2013, connues sous le nom de Gezi, qui se sont étendues à 80 des 81 provinces du pays. Puis à une tentative de coup d’Etat en juillet 2016, suivie de vastes purges.

Cependant, la débâcle de son parti signifie-t-elle la fin du chef de l’Etat ? Les analystes avaient déjà annoncé la fin du “reis” en 2019 après la perte d’Istanbul et d’Ankara aux municipales. Pourtant, il a réussi à se maintenir au pouvoir, réélu à la présidence en mai 2023 avec 52% des voix.

Cette fois, il a laissé entendre que ces élections seraient ses “dernières”.

Bayram Balgi, chercheur au CERI-Sciences Po à Paris, en est convaincu : “il est capable de surprendre et de décider de mettre un terme à sa carrière. Une façon de sortir en beauté, tout en restant fidèle à sa vision de l’Islam et à ses convictions religieuses selon lesquelles rien n’est éternel sur cette terre”.

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Le maire d’Istanbul reconduit à la mairie est plus que jamais le “patron” de l’opposition : il incarne la stature, la popularité, le sens médiatique et surtout, l’appétit pour la conquête, allant jusqu’à briguer la présidence. Ce que ses adversaires au sein même de son parti lui reprochent, lui reprochant de favoriser sa carrière plutôt que les affaires de sa ville.

Surtout, Ekrem Imamoglou est dans le collimateur du pouvoir qui l’a condamné fin 2022 à deux ans et sept mois de prison pour “insulte” aux membres du haut comité électoral turc.

L’élu a fait appel, mais cette peine continue de planer comme une menace sur son avenir politique et l’avait exclu de la course à la présidence en mai 2023.

Enfin, 2028 est encore loin.

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