2023-06-28 18:46:48
Au cours de sa carrière, il a remporté trois boussoles d’or ; il s’agit des logos de Fiorucci, de la Triennale et de l’Adi Design Museum. Il avait collaboré avec le «Corriere della Sera» et fait une reprise de «la Lettura»
Gillo Dorfles l’estimait profondément pour sa qualité professionnelle, mais reconnaissait aussi en lui un don particulier : la délicatesse de l’âme et une élégance particulière au sobre goût anglo-saxon. Italo Lupi, architecte et directeur artistique, est décédé à Milan dans la nuit du mardi 27 au mercredi 28 juin à l’âge de 89 ans (il est né à Cagliari en 1934) après un douloureux combat contre une maladie qui n’a jamais affecté son amour du travail et l’idée de la beauté.
« Homme juste, il a travaillé toute sa vie loin des clameurs, luttant contre le désir d’étonner » : c’est ainsi que son fils Michèle a annoncé la nouvelle de la disparition. Et il ne pouvait pas utiliser de mots plus authentiques pour décrire non seulement le caractère du père, mais aussi sa figure professionnelle en tant que véritable protagoniste de la communication visuelle internationale.
Italo Lupi a en effet accompagné notre regard avec une infinité de projets caractérisés par la grâce et une élégance vraiment rare: pour la force des compositions, pour l’utilisation habile du lettrage et de l’illustration, pour la manière sophistiquée dont il a utilisé la couleur, peut-être l’élément clé de la reconnaissance de sa façon d’appréhender le travail et la vie aussi.
Tout son univers a évolué dans des citations cultivées de l’histoire de l’art et dans une dimension d’harmonie qui vient de sa formation entre la Renaissance et le Pop art américain. Sans surprise, Italo Lupi, parmi les nombreux protagonistes du graphisme italien, il était le seul à nous emmener à travers des visions de la culture visuelle nord-américaine et britannique: en quelque sorte Lupi a agi comme un pont entre les cultures, tout en maintenant intacte, voire en renforçant, sa vision d’un auteur ancré dans la tradition italienne. Il nous a fait découvrir la magie des dessins de Saul Steinberg et à Aspen, en juin 1989, il est devenu l’ambassadeur emblématique de l’Italie lors d’une conférence internationale sur le design, créant Le manifeste italien, une somme de bannières iconiques presque comme pour affirmer en douceur, mais avec une force extrême, une identité culturelle qui vient de loin. Italo Lupi était exactement comme cela : comme ces bannières élégantes, délicates et puissantes à la fois, qui ressemblent à des œuvres contemporaines, mais qui contiennent la mémoire de mondes lointains.
C’est le logo de Miu Miu, de Fiorucci (avec les deux petits anges tirés de Raphaël), c’est aussi le logo historique de la Triennale, de Poldi Pezzoli et aussi, le dernier, celui de le Musée du Design Adi – Compasso d’Oro. Et entre autres, en parlant de Compasso d’Oro, Lupi en a remporté trois et parmi les différents prix, il a également reçu le Royal Designer ad Honorem à Londres.
Italo Lupi est internationalement considéré comme un véritable maître, une référence pour les nouvelles générations de graphistes du monde entier. Il avait également collaboré au «Corriere»: l’écrivain l’avait invité à redessiner l’ours historique du journal pour le rendre plus actuel et avait toujours collaboré avec nous pour la création d’encarts dédiés au design et enfin créé aussi une couverture de « la Lettura », exactement le numéro #206 de 8 novembre 2015.
C’était un homme sensible, très cultivé, ironique, ami des intellectuels, des écrivains, des architectes et des designers : d’Umberto Eco à Achille Castiglioni et Mario Bellini et bien d’autres. Il était inépuisablement plein de curiosité : il était toujours drôle et amusé, un homme léger, capable d’apaiser toutes les tensions avec son esprit britannique. Il était toujours plein d’anecdotes, et malgré ses engagements multiformes il a toujours su affronter toutes les difficultés professionnelles avec une grande bienveillance. En tant que réalisateur et directeur artistique de «Abitare» et «Domus», ou comme l’inventeur d’installations, toujours extrêmement élégantes et fonctionnelles : comme celle, pour les Jeux olympiques de Turin, les championnats de ski à Cortina, pour Pitti à Florence ou, l’une des dernières, au Palazzo Reale à Milan pour l’exposition Picasso. Il a travaillé pour des maisons de couture et il faut souligner son lien affectif et professionnel avec le grand architecte et ami Guido Canali.
Un maître. Et il s’est comporté comme tel jusqu’au bout : il y a tout juste un mois, il a appelé une de ses collaboratrices de longue date pour un passage de relais symbolique : il lui a confié le rôle de prendre soin de l’image du Palazzo Butera à Palerme qu’il suivait lui-même. Il savait qu’il n’avait plus la force de continuer. Les maîtres, les vrais, donnent surtout des leçons de vie. Jusqu’à la fin.
28 juin 2023 (changement 28 juin 2023 | 17h45)
© REPRODUCTION RÉSERVÉE
#Dead #Italo #Lupi #architecte #maître #graphisme #international #Corriere.it
1687988472