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De soldat SS à missionnaire

De soldat SS à missionnaire

2023-07-11 11:50:45

L’incroyable histoire du père Gereon qui, enrôlé par les nazis, refuse de prêter allégeance à Hitler et devient franciscain. Pour enfin arriver au Japon

« Quand j’étais un garçon de huit ans et un enfant de chœur, un jour un missionnaire est venu. Il a raconté à quel point les enfants japonais étaient dévoués. Après le sermon, je l’ai suivi dans la sacristie et lui ai dit : “Père, je viens avec toi”. Il m’a regardé : « Quoi ? Mais tu es encore un enfant.” J’ai commencé à pleurer. Le père m’a dit : « Écoutez-moi, pour venir au Japon tous les jours, il faut dire au moins un Ave Maria. Voulez-vous faire cette promesse ?”. “Oui!”. J’ai commencé tout de suite. J’ai tenu ma promesse jusqu’au jour où – exactement trente ans plus tard – j’arrivais effectivement au Japon». Déjà ce dialogue en dit long sur la nature extraordinaire du Père Gereon Goldmann, frère franciscain allemand, décédé en 2003 après de longues années d’apostolat en Orient. Mais ce qui rend son histoire vraiment unique, ce sont les trente années qui se sont écoulées entre le rêve de la mission et l’atterrissage réel au pays du soleil levant : un enchaînement d’événements que même le plus imaginatif des romanciers n’oserait imaginer. Et qu’aujourd’hui nous pouvons retracer en lisant la nouvelle version fidèle de l’autobiographie du Père Gereon, « A l’ombre de ses ailes. Ma vie de séminariste dans l’Allemagne hitlérienne à missionnaire en Extrême-Orient », dans la librairie des types d’Arès.

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Né en 1916 dans une famille catholique, le jeune Gereon entre au séminaire chez les franciscains, avec l’espoir d’être un jour envoyé au Japon (le même désir qui animait Jorge Mario Bergoglio jeune jésuite). Au début de la Seconde Guerre mondiale, Goldmann est affecté à une unité SS et participe en 1940 à l’invasion de la France, mais – profitant d’un congé de six mois – il part étudier la théologie à Fribourg. En 1943, après avoir terminé le cours d’élève-officier, au moment de prêter serment d’allégeance au nazisme, il refuse, contrairement à ses camarades. Pour cela, il est expulsé de la SS, transféré à la Wermacht et affecté au service de santé. Destiné au front russe, heureusement pour lui il est rapatrié pour des raisons de santé : sa division sera en effet anéantie à Stalingrad. Après le débarquement allié en Sicile, il participe aux opérations militaires dans le sud de l’Italie. Goldmann a été ordonné diacre lors d’un congé en Allemagne, après quoi il a réussi à rencontrer le pape Pie XII à Rome, qui a autorisé son ordination sacerdotale.

De retour au front, il est fait prisonnier à Monte Cassino, puis transféré dans un camp de prisonniers français en Algérie. Là, pendant sa détention, Goldmann reçoit finalement l’ordination sacerdotale. Il obtient alors d’être transféré au Maroc, où les prisonniers allemands ont été internés, et y sert comme aumônier de l’armée. En 1946, sur la base de fausses accusations, il fut jugé comme criminel nazi et condamné à mort. Mais encore une fois le scénario prévoit un rebondissement : la sentence fatale est suspendue. De retour en Allemagne, le Père Gereon y vécut jusqu’en 1954. Ce n’est qu’à cette date qu’il put enfin réaliser son rêve missionnaire : envoyé à Tokyo, il y vécut jusqu’à sa mort.

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La décision de mettre par écrit son incroyable parcours (qui donnera lieu à un authentique best-seller mondial) est née presque par hasard. C’est le Père Gereon lui-même qui le raconte dans le livre : “Quand je suis arrivé au Japon et, juste un an plus tard, je suis devenu curé, j’étais complètement dépourvu de moyens pour pouvoir exercer une activité pastorale auprès d’une population de cinq cent mille personnes, dont beaucoup étaient dans un état de grande pauvreté. J’ai dû travailler : en tant que chiffonnier, j’ai vidé les poubelles pendant de nombreuses années, puis j’ai vendu ce qu’elles contenaient d’utile». Un jour, voici le tournant : « Les bonnes affaires ont commencé lorsque j’ai obtenu l’autorisation de récolter même dans les bases des forces d’occupation américaines. Des milliers de familles vivaient dans ces centres et les travaux pénibles rapportaient des milliers de dollars. De nombreux clubs américains m’ont invité à raconter mes expériences de guerre et de captivité. Je suis donc allé parler dans de nombreux endroits, jusqu’en Corée. Le résultat de toutes ces conférences fut un livre imprimé aux USA en plusieurs éditions : “L’ombre de ses ailes”. Un magazine japonais a commencé à sérialiser la traduction du livre. Puis a suivi, en plusieurs éditions, la publication du livre en japonais, peu après en coréen, en plusieurs langues d’Asie du Sud-Est, en dialectes indiens et en langues africaines». Ce n’est pas tout : l’édition allemande sortira en 1990 (deux ans après l’italienne) ; en 2015 ce sera le tour des français et des espagnols.

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Les pages intéressantes consacrées aux confrères ne manquent pas dans le livre. Lorsqu’il visite l’île d’Hokkaido (au nord du Japon), le père Gereon est choqué, à tel point que dans une lettre datée du 25 novembre 1962 il note : « En venant pour la première fois dans certains de ces avant-postes, je me suis rendu compte que je, à Tokyo, j’ai une vie relativement facile. Au cours de cette tournée, j’ai atteint Bibai, une colonie minière qui s’étend profondément dans les montagnes et dans la forêt vierge. Là, un de mes confrères franciscains dirige une petite maison missionnaire. Une chambre qui ne mérite pas de s’appeler ainsi, le lit par terre, pas une personne pour lui préparer à manger, avec une nourriture qui m’a rappelé mon emprisonnement. Plus pauvre et plus désintéressé que cela, c’est vraiment impossible à imaginer». La fin est belle : « Et pourtant, étrange à dire, sa chambre déborde toujours de jeunes. C’est un mystère pour moi comment il le fait.”



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