La tête haute, le regard droit, David Cameron, premier ministre du Royaume-Uni entre 2010 et 2016, fait son entrée dans la Chambre des lords, lourd manteau d’hermine sur le dos. Ce lundi 20 novembre, il s’apprête, à 57 ans, à endosser son nouveau rôle de lord en prêtant allégeance au roi. « Moi, David, lord Cameron of Chipping Norton, je jure par le Dieu tout-puissant que je serai fidèle et porterai allégeance à Sa Majesté le roi Charles, à ses héritiers et successeurs, conformément à la loi. Que Dieu me vienne en aide », déclare-t-il solennel, la main sur la Bible.
Ainsi va le protocole, grandiose et suranné, de la Chambre haute de Westminster, que beaucoup considèrent comme un reliquat de la société de classe britannique : pléthorique, avec ses 785 membres désignés à vie, elle compte encore près d’une centaine de lords héréditaires (pouvant transmettre leur siège à leur descendance) et y être introduit équivaut à un anoblissement.
C’est la raison pour laquelle David Cameron, qui passait déjà pour un représentant de la classe supérieure, avec son accent aristocratique et son itinéraire privilégié (collège privé d’Eton, université d’Oxford), a gagné le titre de baron et a choisi, comme le veut la coutume, d’y associer un lieu – Chipping Norton, une jolie bourgade des Cotswolds, paradis campagnard pour millionnaires au nord-ouest de Londres.
Lord à vie
Ces honneurs, David Cameron ne les doit pas à son héritage politique contesté : il est celui qui, pour amadouer l’aile droite des tories, a organisé un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, en 2016, avec le résultat que l’on sait. Il est aussi l’homme de l’austérité, décrétée en 2010, dont les effets délétères sur les services publics britanniques se font encore durement sentir.
S’il est devenu lord à vie, c’est avant tout parce que Rishi Sunak l’a choisi comme ministre des affaires étrangères le 13 novembre, pour tenter de sauver ce qui peut l’être du Parti conservateur – à quelques mois des prochaines élections générales, tous les sondages pronostiquent un retour au pouvoir des travaillistes. En effet, pour siéger au gouvernement, les ministres britanniques doivent pouvoir répondre de leurs décisions à Westminster.
En général, ils sont députés et participent aux sessions de questions-réponses de la Chambre des communes. A défaut et à de rares exceptions (dont celle de David Cameron, qui a démissionné de son mandat d’élu en 2016), ils siègent à la Chambre des lords. Mais cette entrée accélérée de l’ex-dirigeant dans la chambre rouge et or (où il a été nommé par le roi sur le conseil du premier ministre) provoque pas mal d’agacement.
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