Nouvelles Du Monde

Critiques de films – «Le consentement», «Maestro» et «Et la fête continue!»: quelles sorties cinéma cette semaine?

Critiques de films – «Le consentement», «Maestro» et «Et la fête continue!»: quelles sorties cinéma cette semaine?

«Le consentement», «Maestro»: quels films aller voir cette semaine?
Le film basé sur le livre de Vanessa Springora, «Le consentement», est enfin sorti en Suisse après des semaines d’attente. Le nouveau Guédiguian est également à l’affiche.

Publié aujourd’hui à 09h34

«Le consentement»
Adapté du livre de Vanessa Springora, «Le Consentement» raconte la relation entre l’écrivain Gabriel Matzneff (Jean-Paul Rouve) et Vanessa, 13 ans (Kim Higelin).
France 2 Cinéma/Les Films Du Monsieur/Julie Trannoy
La publication en janvier 2020 du “Consentement” de Vanessa Springora avait créé une onde de choc qui se propageait bien au-delà des milieux littéraires. L’écrivaine et éditrice revenait sur la relation toxique et dérangeante qu’elle avait entretenue, encore mineure, avec l’écrivain Gabriel Matzneff. Lequel avait jeté son dévolu sur elle et allait se servir, plus tard, de cette liaison pour l’intégrer à son “Journal intime”. Nullement cachée, sa pédophilie semblait même admise par un milieu germanopratin sur lequel il régnait.
Pour la première fois, sous la plume de Vanessa Springora, une victime donnait sa version. Alors qu’une nouvelle accusation de pédophilie vient d’être formulée à l’encontre de l’écrivain le 23 novembre dernier, une femme accusant Matzneff de l’avoir violée de ses 4 à 13 ans, l’adaptation du livre arrive enfin sur nos écrans, après quelques semaines d’attente par rapport à sa sortie française. Peu allusif, le film reproduit de front les relations sexuelles entre Matzneff et la jeune femme, alors âgée de 14 ans.
Quitte à choquer – mais on peut supposer les faits connus – ou à déranger, “Le consentement” de Vanessa Filho, laquelle avait réalisé “Gueule d’ange” en 2018, donne à voir ce malaise, palpable grâce au travail des deux comédiens, Jean-Paul Rouve glauque à souhait et Kim Higelin (22 ans lors du tournage) comme prise malgré elle dans une spirale qui la dépasse et l’emporte. Sentiments légitimes, l’écœurement et l’effroi face à cette vision d’une sexualité crue et dérangeante, se détachent lors de la vision. Pourtant, le film n’apporte aucune valeur ajoutée au récit de Vanessa Springora. Il en est la lecture, la reconstitution, la narration, l’illustration en somme, dans un premier degré certes nécessaire mais qu’on aurait peut-être aimé plus personnel. En clair, il manque ici un vrai regard, une patte d’auteur qui aurait pu orienter le récit vers une radicalité plus glaçante.
L’accueil réservé au film en France a suivi un double mouvement. Peu de bonnes critiques, et des premières semaines d’exploitation assez tièdes. Puis le film a pris son envol et ses marques grâce à un public d’ado qui a fait le buzz en relayant des vidéos sur TikTok. Des avant et après la séance, par exemple. Les millions de vues enregistrées par ces petits films ont attiré un autre public au film, aboutissant à un carton inattendu. Pour un public prévenu.

Lire aussi  La chanson de maquillage de voiture | Eliot Eidelman

Note: **•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre
Réalisatrice: Vanessa Filho
Avec Jean-Paul Rouve, Kim Higelin
Drame (Fr., 118′)

«Et la fête continue!»
La bande à Guédiguian.
Maintenant
Ils sont toute une bande, sorte de famille de cœur élargie qui se retrouve au sein de Marseille. Comme dans le feuilleton «Plus belle la vie», qui va bientôt renaître de ses cendres, comparaison qui fait du reste horreur à Robert Guédiguianle microcosme d’«Et la fête continue!» semble faire un bloc unique. Soudé, humain, solidaire. C’est un film qui résume entièrement le cinéma de l’auteur marseillais.
L’amour, la politique, la fête, les idées et le partage, tout est ici réuni autour d’un pivot central qui serait celui de la transmission générationnelle. Film de bande même s’il reflète un point de vue unique, cette comédie dramatique passe du mode allègre à une gravité teintée de noirceur en un seul raccord. Plus millimétré qu’improvisé, le résultat assume par ailleurs une légèreté qui contraste avec les différents messages amicaux que veut nous transmettre le cinéaste.
Le tourbillon admet pourtant des limites. L’ensemble peut revêtir un côté brouillon qu’on pardonne volontiers, d’autant plus que la colonie formée par tous ces comédiens et actrices nous est devenue au fil des années parfaitement familière. Au point que le film semble parfois briser le quatrième mur en nous faisant comprendre que nous aussi faisons partie de la bande à Guédiguian. Ce qui n’est pas tout à fait faux. La manière dont le cinéaste brasse ainsi les contrastes et les sentiments demeure unique. On aime le retrouver, tous les vingt-quatre mois environ, comme pour une réunion avec un groupe dont on connaît les qualités et les défauts. Et cela même lorsque les rôles au sein du groupe s’inversent et se diversifient.

Lire aussi  "La femme de Virgoun dévoile sa liaison lors de l'Aïd"

Note: ***•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre
Réalisateur: Robert Guédiguian
Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin
Comédie dramatique (Fra., 106′)

«Bâtiment 5»
Blaz (Aristote Luyindula) et Haby (Anta Diaw), dans «Bâtiment 5».
LE PACTE
Révélé en 2019 par «Les Misérables», fiction sur les violences policières renvoyant tous les camps dos à dos, Ladj Ly fait son retour avec un film se déroulant sur un terrain parallèle. Dans «Bâtiment 5», tensions raciales, crise du logement, bavures policières, offrent un terreau idéal pour une histoire explosive dans la lignée du premier film du cinéaste. L’affaire est extrêmement bien emballée, les effondrements de cités vieillissantes particulièrement réalistes sur grand écran, et pourtant, on a l’impression de redites et peut-être de manichéisme.
Le schématisme prédomine. Du côté de la Municipalité, des forces de l’ordre, du pouvoir et des policiers se nichent la plupart des méchants pendant qu’une certaine complaisance règne lorsque sont évoqués les laissés-pour-compte. Cette binarité n’est pas aussi évidente, mais le film y tend. Ladj Ly devrait songer à ne pas trop s’autoplagier.

Lire aussi  Les chansons de Taylor Swift donnent leurs titres à ces 17 livres

Note: **•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre
Réalisateur: Ladj Ly
Avec Anta Diaw, Alexis Manenti
Drame (Fr., 106′)

«Maestro»
Bradley Cooper dans le rôle de Leonard Bernstein.
Jason McDonald/NetflixC’est un biopic propre et assez lisse que le comédien Bradley Cooper consacre à Leonard Bernstein. Après «A Star Is Born», l’acteur retourne donc derrière la caméra, se met en scène et tente de reproduire les schémas du grand cinéma américain. Pour être gentil, il faut reconnaître qu’il n’en a pas tout à fait la carrure. Martin Scorsese devait originellement réaliser le film, puis celui-ci est passé de main en main. Il a même été question que Spielberg le tourne. Au moment où Netflix s’en est mêlé, toutes les cartes ont été redistribuées. En résulte un film un peu nunuche dans lequel Cooper enfonce le clou sur toutes les conventions narratives et joue une fois de plus assez mal. Heureusement, il bénéficie de bons techniciens. Très quelconque.

Note: *•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre
Réalisateur: Bradley Cooper
Avec Carey Mulligan, Bradley Cooper
Biopic (États-Unis, 129′)

Pascal Gavillet est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1992. Il s’occupe principalement de cinéma, mais il lui arrive aussi d’écrire sur d’autres domaines. En particulier les sciences. A ce titre, il est également mathématicien.

Plus d’infos
@PascalGavillet
Vous avez trouvé une erreur?
Merci de nous la signaler.
0 commentaires
#Sorties #cinéma #consentement #Maestro #quels #films #aller #voir #cette #semaine
publish_date]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT