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Crise politique à l’approche des élections : les enjeux de la formation des gouvernements décortiqués par Rik Torfs

Crise politique à l’approche des élections : les enjeux de la formation des gouvernements décortiqués par Rik Torfs

A moins de deux mois des élections, les discussions en vue de la formation des gouvernements se compliquent. La crise politiquese profile-t-elle à l’horizon? Dans le cadre de l’émission “Regard de Flandre” de La Libre, l’ancien recteur de la KULeuven, Rik Torfs, a été interrogé. L’ex-sénateur CD&V analyse la situation explosive au sein de la majorité de la Fédération Wallonie-Bruxelles et revient sur le “retour fracassant” de Conner Rousseau.


Le MR a considéré que le passage en force du PS et d’Ecolo sur le décret Paysage était un véritable “coup de poignard”. Est-ce que la collaboration future entre les libéraux et ces deux partis est compromise? Est-ce un mauvais présage pour après le 9 juin?

Il y a toujours une différence entre les discours pré-électoraux et les actions post-élections. Il faut se méfier des promesses faites avant le vote. Il y a beaucoup d’incertitudes et d’hypocrisie. Ce que je déplore dans cette affaire, c’est le triomphe du populisme facile au détriment de la volonté d’améliorer la qualité de l’enseignement. Il faut du courage pour élever les standards de l’enseignement, mais c’est nécessaire et cela bénéficie particulièrement aux classes défavorisées. Il est consternant de constater qu’une coalition se prétendant sociale nuit en fin de compte à la qualité de l’enseignement et désavantage principalement les plus démunis.


La ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Bertieaux, a qualifié ce revirement du PS et d’Ecolo de purement électoraliste. Etes-vous d’accord?

Je suis tout à fait d’accord. Le manque de courage est parfois la voie la plus facile, mais à long terme, c’est au détriment de la population. La déloyauté des socialistes et des écologistes ne laisse pas une bonne impression. Les électeurs considéreront les politiciens comme des opportunistes cherchant à obtenir un bon score de façon démagogique. La crédibilité du système politique est ainsi mise à mal aux yeux des citoyens.

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Ce que je regrette dans ce dossier, c’est que le populisme facile gagne sur le désir d’augmenter la qualité de l’enseignement


Cette décision du PS et d’Ecolo pourrait finalement se retourner contre eux dans les urnes?

Pas nécessairement. En Belgique francophone, le clientélisme est très présent. Les partis rivalisent pour répondre aux attentes de leurs “clients”. Cela peut parfois nuire à leur crédibilité à long terme, mais peut être fructueux à court terme. La position du MR n’est pas forcément désavantagée. Bien qu’isolé, il conserve une image de fermeté et de cohérence dans ses décisions.

Malgré tout, cette séquence illustre que les décisions justes mais difficiles sont peu présentes dans le monde politique actuel.


Pour faire passer leur texte, le PS et Ecolo ont dû s’appuyer sur le PTB. Que révèle cette collaboration sur leur position vis-à-vis de l’extrême gauche?

La tolérance envers les extrêmes est en déclin. Bien qu’il n’y ait jamais eu de gouvernement avec le PTB en Belgique francophone, le principe du cordon sanitaire n’a jamais été formellement appliqué. Le PTB est plus accepté que l’extrême droite. Cette évolution pourrait conduire à un accord gouvernemental avec le PTB, rendant possible la participation du Vlaams Belang en Flandre. L’entrée de l’un facilite l’entrée de l’autre. C’est incontestable.


Est-ce un dangereux précédent de la part d’Ecolo et du PS, pourtant farouchement opposés à une montée de l’extrême droite au pouvoir?

Tout à fait. Cette approche semble étrange en Flandre. Les positions à l’égard de l’extrême gauche diffèrent considérablement. En Wallonie, on distingue plus volontiers l’extrême gauche, jugée plus tolérable, de l’extrême droite qui est totalement exclue. Si cela se traduit par une participation gouvernementale concrète, les conséquences pourraient être énormes, y compris pour l’avenir de la Belgique.

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En Belgique francophone, le MR souhaite traiter le PTB comme le Vlaams Belang et exclure tout parti s’alliant à l’extrême gauche ou droite…

Le MR se trouve assez isolé en Wallonie. Cela peut être bénéfique pour le parti de Georges-Louis Bouchez au niveau fédéral, mais cela pourrait aussi le reléguer dans l’opposition. C’est un risque à prendre. Il est louable que les libéraux adoptent une position ferme envers le PTB et le Vlaams Belang, contrairement aux autres partis. Comprendre cette attitude est plus aisé que celle des formations politiques de gauche. Pour le PS et Ecolo, l’ascension du PTB ne représente pas le même danger que celle du Vlaams Belang. Leur argument contre le racisme est valable, mais d’autres aspects doivent être pris en compte. Il convient de considérer le PTB dans un contexte plus large des droits de l’homme. Les idées d’extrême gauche sont tout autant condamnables à mes yeux.


La N-VA a dévoilé ses têtes de liste en Wallonie. On y retrouve beaucoup de Flamands et peu de personnalités connues au sud du pays. Les nationalistes vont-ils réussir?

Ce ne sera probablement pas un succès. Les profils des candidats seront analysés en détail, plus encore que pour d’autres partis. Il aurait fallu des personnalités charismatiques de haut niveau pour survivre à une telle évaluation, ce qui semble problématique. De plus, il y a un dilemme stratégique. La présence de la N-VA en Wallonie suscite des mécontentements parmi les autres partis du sud du pays. Il est crucial pour la N-VA de trouver des alliés francophones si elle souhaite accéder au pouvoir fédéral. Cependant, cette approche n’a pas toujours été couronnée de succès. Bart De Wever est un politique talentueux, plus intelligent que la plupart de ses collègues, mais ses relations tumultueuses peuvent constituer un obstacle. Il doit maintenant adopter une position plus flexible pour faciliter les négociations à venir, ce qui n’est pas favorisé par la présentation des listes en Wallonie. C’est un choix stratégique discutable.

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Les libéraux se rapprochent de la N-VA et s’éloignent de la coalition Vivaldi. Mais Georges-Louis Bouchez estime que Bart De Wever ne souhaite que Magnette. Il évoque une “love story” authentique. Qu’en est-il vraiment?

De Wever cherche à entamer des négociations entre les deux grands partis des deux côtés de la frontière linguistique. Bien que l’idée soit compréhensible, la perte de popularité de la N-VA et du PS complique la situation. Leur poids n’est plus suffisant pour moderniser le pays. Il est crucial d’inclure d’autres partis sans exclure le PS. La démarche du MR envers la N-VA est logique. Autrefois, les libéraux francophones entretenaient de bons rapports avec le CD&V de Wouter Beke. Désormais, Les Engagés et le CD&V sont plus en phase. Il s’agit d’une opportunité manquée pour le MR, dont l’allié traditionnel, l’Open Vld, est en déclin. Il est donc logique que les libéraux francophones envisagent une alliance avec les nationalistes flamands. Malgré des visions divergentes sur l’avenir de la Belgique, ils partagent certains points communs, notamment sur le plan socio-économique. Il serait donc imprudent de voir la N-VA s’éloigner trop du MR.


On a l’impression que Bart De Wever cherche à provoquer Georges-Louis Bouchez, notamment avec ses listes en Wallonie. Pourquoi leur relation s’est-elle détériorée?

Ce sont deux personnalités ambitieuses avec des tempéraments forts. Leur collaboration pourrait toutefois être fructueuse. Cela ne signifie pas pour autant que la N-VA doive abandonner le PS.

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