“Dans ce camp de déplacés situé à la périphérie de Gao, dans le nord du Mali, Faiti, cheffe de famille, exprime avec tristesse : “Vous ne trouverez rien ici. Regardez vous-même, aucune graine, on n’a pas d’huile ni de sel, rien. On va mourir avec nos enfants. Il faut que les bonnes volontés nous viennent en aide”.” Son mari est décédé lors d’une attaque par un groupe armé il y a deux ans. Elle est donc seule responsable de ses trois enfants, qui souffrent de malnutrition en raison de l’accès limité à l’aide humanitaire, en raison notamment de l’insécurité.
En effet, les enfants continuent de payer un lourd tribut à la crise sécuritaire qui s’aggrave au Mali. Rien qu’en ce mois de septembre, des dizaines de personnes ont été tuées dans le nord et le centre du pays. Pierre Ngom, représentant de l’UNICEF au Mali, confirme : “Le 7 septembre 2023, une attaque contre un bateau sur l’axe Gao-Tombouctou a entraîné la mort d’au moins 24 enfants”. De plus, des maladies telles que la poliomyélite s’ajoutent à ces difficultés. Pierre Ngom s’inquiète : “Les restrictions à l’accès à l’aide humanitaire et l’augmentation des déplacements internes des populations alimentent une crise de malnutrition infantile et mettent un million d’enfants de moins de cinq ans en danger, dans un contexte de résurgence de la polio et d’épidémie de rougeole”.
Dans le centre du Mali, la peur d’être attaqué empêche certains de quitter leur domicile pour trouver de la nourriture ou faire soigner leurs enfants. Malgré les dangers, une mère a pris tous les risques pour faire soigner son enfant atteint de rougeole. Elle témoigne : “Je suis partie à pied en portant mon fils, la peur au ventre. Il fallait prendre ce risque pour que mon enfant ait une chance de survivre. J’ai déjà perdu un enfant l’année dernière à cause de la faim et j’ai décidé que la rougeole ne va pas m’enlever celui-ci”.
Les attaques djihadistes qui persistent mettent également en péril l’éducation des enfants. Plus de 1 500 écoles sont encore fermées dans tout le Mali, et un demi-million d’enfants ne seront pas scolarisés lorsque les cours reprendront dans quelques semaines.
