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Coup d’œil sur les ouvrages notables de la rentrée littéraire

Coup d’œil sur les ouvrages notables de la rentrée littéraire

Cinq romans, trois biographies, deux essais… Voici les brèves critiques de dix ouvrages notables de la rentrée littéraire en cette trente-huitième semaine de l’année.

Biographie. « Richelieu », de Laurent Avezou

Le cardinal de Richelieu (1585-1642) a bien des manières de ­continuer à fasciner. L’ambivalence n’est pas la moindre, comme le démontre la courte et brillante synthèse biographique que Laurent Avezou lui consacre dans la collection « Destins » des jeunes éditions Calype. L’historien, auteur d’une thèse (inédite) sur « Les légendes de Richelieu » n’ignore rien des multiples avatars mémoriels de celui qui fut le premier ministre de Louis XIII de 1624 à sa mort, et sait jouer de toutes ces figures, du tyran cynique peint par les romantiques au précurseur de la Révolution imaginé par certains républicains, adeptes de la dialectique hégélienne.

Il montre, du reste, que le débat sur son héritage a agité la France dès le lendemain de sa mort, sa longue domination ayant laissé le royaume à la fois exsangue à force de guerres extérieures et intérieures – en particulier contre les protestants –, unifié autour de l’Etat et dubitatif sur les motivations du grand homme. « Pourquoi a-t-il fallu en passer par là ? »résume le biographe. Ce qu’il y eut de « traumatisant » dans son action avait-il une nécessité ? S’il s’agissait, écrit joliment Avezou, de sacrifier « la probité des moyens à la grandeur de la fin »est-on réellement au clair sur la nature de cette fin ? Brève incursion dans le mystère d’un homme, et dans celui d’un pays qu’il a contribué à construire, qu’on s’en réjouisse ou non. Fl. Aller

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« Richelieu. Au service de sa majesté », de Laurent Avezou, Calype, « Destins », 112 p., 11,90 €.

Romain. «Adieu Tanger», de Salma El Moumni

La vie d’Alia se fracasse le jour où Quentin, un ami français de lycée, diffuse à son insu des autoportraits nus qu’elle avait faits sur son smartphone – elle voulait comprendre pourquoi son corps rend les hommes fous au point de la suivre, de la ­toucher, de l’insulter sans relâche. Afin d’éviter le scandale ou la geôle (le code pénal marocain punit de prison la nudité volontaire), l’adolescente fuit Tanger pour Lyon. L’originalité du premier roman de Salma El Moumni, normalienne née au Maroc, en 1999, est de décrire la « fabrication » d’une femme à partir de ce fait révoltant. Comment ses proches et la société ont enfermé Alia dans un carcan de mises en garde. Comment, dès l’enfance, elle a été réduite à ce corps ­toujours coupable. Elle se raconte à la deuxième personne, une énonciation qui n’a rien d’artificiel : Alia ne s’adresse pas à elle-même, mais au fantasme fabriqué par le regard dévastateur des hommes. Depuis son rude exil à Lyon, la jeune femme se confronte à ses fantômes. Elle revisite sa relation avec son père, qui l’accable très tôt des interdits liés à son sexe. Elle a tant désiré être un garçon, libre et insouciant… Elle se souvient des agressions dans la médina ; de son grand amour, Ilias ; du viol, aussi, commis sur elle par Quentin, qui la tient sous son emprise. « Ecrire, c’est le ­dernier recours quand on a trahi »note Alia, citant Annie Ernaux reprenant une phrase de Jean Genet. Avec Salma El Moumni, une voix est née. Gl. Il a.

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