Contrôle positif à la cocaïne d’un joueur de rugby : réactions et appel à la prévention

Mathieu Giudicelli, le directeur général de Provale, a accepté de commenter le cas du jeune joueur de la Rochelle, Oscar Jegou, contrôlé positif à la cocaïne, après un match de Top 14. C’était le 20 août. Deux jours, avant, lors d’une soirée entre amis, il a consommé cette drogue, très présente dans le milieu du rugby.

“L’erreur est humaine, encore plus quand on est jeune. C’est tombé sur lui. C’est un mal profond de notre société qui touche également le rugby, et le rugby à tous les niveaux. Il ne faut pas l’accabler mais l’aider, l’accompagner. J’ai vu que le club de la Rochelle avait décidé de le mettre à pied. Je ne sais pas si c’est la bonne décision, la sanction idéale. Est-ce nécessaire de lui mettre un coup de bâton ? Il faut que les institutions se saisissent du sujet, que la Fédération, la Ligue, les syndicats prennent très au sérieux ce problème.

J’ai demandé à plusieurs reprises la mise en place d’un programme sur la prévention sur les addictions, il faut que tout le monde se responsabilise. Il y a un programme d’accompagnement psychologique, c’est bien mais ce n’est pas suffisant. C’est une substance dangereuse et quand vous la prenez quand vous êtes joueur, jeune, et que tout va bien, ça va. Mais quand vous vous retrouvez à la retraite, qu’il faut gérer cette petite mort, cette fin de carrière et qu’en plus, il y a une addiction à la cocaïne, la situation peut devenir dramatique avec des divorces, des faillites… Il y a quelques jours, un ancien international français m’a appelé pour me demander d’être interné en hôpital psychiatrique à cause de cette addiction. Et ce n’est pas le seul. C’est une réalité.”

Mathieu Giudicelli, le directeur général de Provale

“Ce n’est pas anodin, et cela va avoir des conséquences sur l’image du rugby français.”

Sébastien Calvet, sélectionneur des moins de 20 ans

« Pour l’instant, je n’ai pas la confirmation officielle mais si c’est avéré… La cocaïne est un fléau qui touche le rugby français, le sport en général et la société aussi. Le problème, c’est que la jeunesse a un accès trop facile à cette drogue. Il peut exister un danger pour un jeune qui intègre un groupe professionnel si des “papas” ont certaines pratiques. Sans aucune ambiguïté, je condamne cet acte, et j’espère, comme je l’ai lu dans votre article, que c’est une erreur de jeunesse. Ce n’est pas anodin, et cela va avoir des conséquences sur l’image du rugby français, du sport français en général, car notre sport n’est pas le seul à être touché.

Encore une fois, je condamne fortement l’acte, mais pas l’homme. Oscar est un bon garçon, doit assumer son acte, et comprendre que ce n’est pas excusable. Il existe un corps de professeurs de sport dans les Fédérations, j’en fais partie, et on est garant d’une certaine éthique. Et il y a une volonté de la Fédération de proposer dans ses programmes ces sujets. Quand un joueur rentre dans un pôle, il est au courant de ces sujets, on lui en parle chaque saison, tout le temps, le discours est continu. Oscar en a fait partie, et je ne pense qu’il n’a pas dû mesurer la gravité de son acte, et que c’est plus bête que méchant.

J’espère que c’est un acte isolé, une première fois, un acte qui n’est que festif. Car on est aussi dans de fausses représentations sur cette substance qui faciliterait la récupération, c’est ce qu’on entend. Un jeune, s’il a une bonne hygiène, s’il ne se couche pas trop tard, s’il ne boit pas, il n’a pas besoin de ça. Franchement, je suis surpris, je le connais bien, c’est un bon garçon, il a été leader de notre équipe, il a été notre capitaine. Je condamne, la Fédération aussi, ce qu’il a fait mais il faut accompagner l’homme qui doit être dans la détresse. On va droit dans le mur car on a l’impression aujourd’hui que c’est la norme. C’est illégal et très dangereux pour la santé, et la jeunesse ne semble pas s’en rendre compte…”
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