Il n’a pas 40 ans, et vient d’être nommé au grade de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres pour avoir contribué au rayonnement artistique de la France à l’étranger. Victorien Vanoosten, le nouveau directeur musical de l’Opéra de Toulon n’est pas un chef d’orchestre comme les autres.
“Mon premier métier est concertiste pianiste “, explique-t-il. Inscrit dans sa jeunesse à un cours de piano par ses parents, “un peu par hasard “, ce natif de Lille s’est d’abord consacré à cet instrument. “Je suis venu à la direction progressivement, assez naturellement et instinctivement”confie-t-il. Un deuxième métier. C’était il y a un peu plus de 10 ans.
Il dirige des opéras d’abord, puis des œuvres symphoniques. Seconde surprise, car il le reconnaît lui-même, souvent les chefs ne se consacrent qu’à une seule spécialité. “ Je suis anti-spécialités. Je ne veux pas du tout être spécialisé, jamais de ma vie!finit-il par lâcher. On peut faire de l’opéra, du symphonique, du ballet (…). Je continue à faire les trois, je continue à jouer avec l’orchestre. J’aime beaucoup faire ça”. Comprenez qu’il lui arrive en effet de diriger l’orchestre… depuis son piano. Avec l’exigence supplémentaire d’être “ au meilleur de (lui)-même dans les deux”. “ J’ai mêlé l’utile à l’agréable”dit-il en souriant. Il a enregistré ainsi un concerto de Ravel.
Un “Sacre du printemps” devenu viral
Quand on lui demande quels sont ses projets, il ne peut en dire plus, mais juste, “j’ai des projets un peu fous”. On n’en doute pas. Pendant la pandémie, sa vidéo d’un Sacre du Printemps hors norme est devenue virale.
Ah oui, on a oublié un second instrument: “j’ai joué dans l’orchestre, j’ai joué du cor. Cela a été mon deuxième instrument, cela a été génial. Le piano, c’est très monacal. On est toujours tout seul, on travaille énormément. Le cor, c’est vraiment un jeu collectif.”
Quand on ose enfin lui faire remarquer qu’il a peut-être brûlé les étapes pour son âge, il nous répond: “ je ne pense pas, j’ai plutôt essayé de construire vraiment les choses, et puis, ce n’est pas fini”.
Il y a cette volonté de ne s’enfermer dans aucun carcan, à commencer par le pire, celui de l’âge. Il répugne d’ailleurs à donner le sien, “je n’ai pas envie que mes compétences ou mon activité soient liées à l’âge”. Pari gagné.
Il semble goûter autant les métiers différents que les rencontres. Chef d’un orchestre symphonique à Neufchâtel, en Suisse, il compte le rester – “j’y fais assez peu de concerts” –, tout comme continuer à diriger dans le monde entier, sans oublier son orchestre Demos (1) à Marseille, composé d’enfants, où il a travaillé avec des rappeurs et des slameurs.
“J’articule ma carrière entre l’opéra de Toulon, qui a une place importante, mon orchestre en Suisse, puis mon activité de free lance, qui est très importante. Le fait de rencontrer d’autres musiciens, d’autres solistes, d’autres institutions, d’autres orchestres, c’est toujours très inspirant quand on revient à la maison, qui est ici maintenant, pour justement amener un vent nouveau…”
De Toulon à Berlin
C’est pour cette raison que Jérôme Brunetière, directeur de l’opéra a pensé à lui, comme pour “sa très grande qualité artistique”ou “ la qualité aussi de la rencontre qu’il a eue avec l’orchestre “.
Toulon sera son premier opéra en tant que directeur musical attitré. Après avoir été l’assistant de Lawrence Foster à la direction de l’Opéra de Marseille, Victorien Vanoosten est remarqué par le grand chef Daniel Barenboim à Berlin, dont il a été l’assistant.
“J’ai l’impression d’avoir appris autant que lors de toutes mes années précédentes, tellement c’est une légende”confie-t-il. Très demandé dans le monde entier pour des opéras français, Victorien Vanoosten se réjouit de commencer chez nous par “Thaïs” de Jules Massenet, mardi. Il devrait également diriger à “trois ou quatre” reprises l’orchestre de Toulon la saison prochaine, nous apprend Jérôme Brunetière. Entre-temps, il prend déjà le prochain vol pour l’Opéra de Berlin, où il dirige une œuvre mise en scène par Wim Wenders.
1. Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale.
>> L’opéra sera donné en version concert, avec des extraits du ballet. Mardi et jeudi à 20 h, au Palais Neptune à Toulon. Tarifs de 5 à 50 euros, selon conditions.
Rés. Billetterie 22, rue Pierre-Semard, tél. 04.94.92.70.78. www.operadetoulon.fr
Victorien Vanoosten, le nouveau directeur musical de l’Opéra de Toulon, n’a même pas 40 ans et il vient d’être nommé au grade de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres pour avoir contribué au rayonnement artistique de la France à l’étranger.
2024-01-22 17:00:00
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