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Conflit en Ukraine : Rivalités politiques et tensions militaires

Conflit en Ukraine : Rivalités politiques et tensions militaires

Le service militaire illimité est remis en cause en Ukraine : “Ils sont tous fatigués psychologiquement et physiquement”.

Une vieille rivalité
La rivalité entre l’ancien champion du monde de boxe, élu maire de la capitale ukrainienne en 2014, et l’actuel président est ancienne, et ces déclarations n’en sont que la dernière expression en date : au cours de l’interview, Klitschko s’est ainsi plaint de ne pas avoir eu de réunion ou de conversation téléphonique avec Volodymyr Zelensky depuis le début de l’invasion russe, le 24 février 2022. Pour sa part, le président ukrainien a semblé faire allusion aux récentes critiques lors de son allocution du dimanche 3 décembre, déclarant que le combat pour le destin de l’Ukraine se poursuivait, et que celui-ci prenait place “non pas sur les réseaux sociaux, dans les disputes entre les uns et les autres sur des questions politiques.” À l’occasion d’une visite officielle aux États-Unis, le nouveau ministre de la Défense ukrainien Roustem Oumerov a également répondu aux critiques émises par Klitschko : “Je pense que les commentaires du maire annoncent le début de la saison électorale”, a-t-il ainsi déclaré lors d’une intervention sur la chaîne télévisée Fox News.

L’invasion avait jusqu’à présent relégué les querelles politiciennes à l’arrière-plan, dans le contexte d’une “union sacrée” des différentes forces politiques face à la menace existentielle russe. Mais le récent enlisement des efforts militaires ukrainiens dans l’Est et le Sud du pays, et la lassitude croissante des alliés occidentaux de l’Ukraine ont favorisé l’émergence de dissensions au sommet de l’État. Dans une tribune publiée le 1er novembre dans l’hebdomadaire britannique “The Economist”, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, avait ainsi estimé que la guerre était désormais dans une “impasse”. Des propos peu goûtés par le président ukrainien, qui avait publiquement contredit le général trois jours après la publication de l’article : “Le temps a passé, les gens sont fatigués… Mais nous ne sommes pas dans une impasse”, a ainsi déclaré Volodymyr Zelensky, à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

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Coup pour coup
À la fin du mois de novembre, le président ukrainien a adressé une critique à peine voilée à l’égard de Zaloujny, lors d’une interview accordée au tabloïd britannique “The Sun” : “Si un militaire décide de faire de la politique, c’est son droit, alors il doit entrer en politique et il ne pourra pas s’occuper de la guerre […] alors dans vos paroles et sur la ligne de front, vous vous comportez comme un politicien et non comme un militaire.”

Vitali Klitschko a quant à lui offert son soutien au général Zaloujny, estimant que son analyse de la situation militaire était juste, et les critiques à son égard, infondées : “Il a dit la vérité. Parfois, les gens ne veulent pas entendre la vérité”, estimait ainsi le maire de Kiev dans une interview accordée au média allemand “20 Minutes”. “Il a expliqué et justifié la situation d’aujourd’hui. […] Certains de nos hommes politiques ont critiqué Zaloujny pour ces paroles claires. Je suis de son côté.”

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L’ancien président Petro Poroshenko, devenu l’un des chefs de file de l’opposition parlementaire, a également fait les frais de ce climat politique volatil : alors qu’il était censé se rendre en voyage diplomatique en Pologne et aux États-Unis, l’ex-président a déclaré le 1er décembre sur le réseau social “X” avoir été retenu à la frontière, en dépit d’une autorisation de quitter le territoire “signée par le président de la Rada”. “Je suis loin de penser que les gardes-frontières ont agi de leur propre initiative”, écrit-il. “Tout le monde peut deviner qui a annulé le document signé par le président du Parlement.” Le lendemain, les services de sécurité ukrainiens ont justifié l’annulation de cette visite par le risque de “provocations des services spéciaux russes” et du risque d’instrumentalisation par la Russie de la rencontre prévue entre Petro Poroshenko et le Premier ministre hongrois Viktor Orban, aux positions pro-russes assumées. Dans un message publié sur l’application de messagerie instantanée Telegram, le SBU a ainsi rappelé qu’Orban “exprimait systématiquement une position anti-ukrainienne” et qu’il était un “ami de Vladimir Poutine”. Pour sa part, l’ex-président explique avoir voulu convaincre le Premier ministre hongrois de soutenir l’accession de l’Ukraine à l’Union européenne, et a qualifié la décision lui interdisant de sortir du territoire “d’insensée”, estimant que celle-ci discréditait “non seulement l’opposition, mais aussi la démocratie en Ukraine”.

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Les divergences croissantes au sein du gouvernement, et entre les différentes forces politiques du pays constituent une menace supplémentaire pour l’effort de guerre ukrainien, alors que les alliés de l’Ukraine sont eux-mêmes divisés sur la nature et le volume de l’aide devant être fournie à Kiev : lundi dernier, la directrice du budget de la Maison-Blanche a ainsi averti que les États-Unis seraient bientôt “à court d’argent et de temps” pour aider le pays assiégé, en raison d’une impasse au sein de la Chambre des représentants.

Dans son allocution du 3 décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réitéré sa foi en la victoire de l’Ukraine, et sa gratitude à l’égard de tous ceux qui y contribuent : “Je remercie tous ceux qui ne sont pas déçus, qui ne gaspillent pas leur précieuse énergie dans des disputes, qui travaillent pour les intérêts de l’État.”

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