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Comment conquérir le ciel en se perdant dans les montagnes

Comment conquérir le ciel en se perdant dans les montagnes

À l’ouverture de ce mémoire littéraire et alpiniste d’Alberto Rollo, il y a un père avec une Guzzi rouge ardente et un bébé qui a toujours pensé que les montagnes l’attendaient. Pourquoi n’est-il pas dit, et la recherche de ce sommet promis et souvent manqué est le fil qui maintient le récit ensemble Le grand ciel (dans la série Passi, éditée par Ponte alle Grazie en collaboration avec Cai, le Club Alpin Italien). Le sous-titre nous avertit qu’il s’agit de l’éducation sentimentale d’un randonneur et est une référence idéale claire à Une éducation milanaise (Manni) avec qui Rollo, homme d’édition et de livres, a été finaliste au Premo Strega 2017.

Là, le père métallurgiste avec les Guzzi a filé sur le pont Ghisolfa et a ouvert des aperçus sur le paysage métropolitain d’un Milan industriel et prolétarien, où l’épopée du travail a fusionné avec la conscience de classe et est devenue un Bildungsroman pour toute une génération, de l’après-guerre à la fin des années 1970. . Ici la question devient plus intime et concerne aussi une paire de bottes, car pour aller à la montagne il faut être bien chaussé. Mais le petit garçon puis le petit garçon n’ont jamais les bonnes chaussures et les Alpes restent un rêve à caresser et à gué de loin, des lieux où le paternel Guzzi s’arrête lors des sorties dominicales : à l’entrée des chemins, à la limite des grands bois, où les sommets se laissent entrevoir et s’imaginer mais pas piétiner. “Maintenant, nous ne pouvons pas”, dit le père. Les ouvriers ne montent pas à la montagne, c’est des trucs bourgeois. Le fils ne peut que regarder passivement le grand ciel bleu qui l’appelle. Il sait que tôt ou tard il y arrivera ; il ne le fera jamais avec son père. L’attente devient désir et crée des imaginaires. Le fils porte ses yeux sur des cartes, des fables d’excursions, trace du doigt les courbes des pistes, attendant les bonnes chaussures. Ces bottes, métaphore de l’inadéquation que l’on ressent toujours à l’approche de la vie, arriveront à un moment donné. Mais d’abord viennent les vacances dans les Préalpes, avec sa mère et sa sœur, dans des villages d’agriculteurs et d’éleveurs. Un avant-goût de ce que sera la découverte de la vraie montagne.

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Marcher en montagne, en montée, est une forme de découverte et l’important est le rythme. Le Rollo, lent et cadencé, n’est pas une pratique sportive mais une révélation continue. Qu’il s’agisse des amis avec qui il partage le chemin ou des cairns de pierres que le randonneur rencontre le long du chemin, présences en tout cas nécessaires mais jamais intrusives. Il n’y a pas d’appel de la forêt ni d’aspiration au sauvage, car le “sauvage” – selon Rollo – s’est terminé avec les semelles de vent d’Arthur Rimbaud et il n’en reste plus d’autres de rebelles. Les références littéraires sont nombreuses dans le livre – de Dino Buzzati à Antonia Pozzi, de Goethe à Testori et bien d’autres – des passages ardus, des douleurs et des éclairs de bonheur. Peu, en vérité, et tous liés aux affections familiales. Il y a Rosaria, la Ro, une femme bien-aimée dont le cœur et la jambe sont éprouvés dans les montagnes. Il y a l’effronterie du chien Billy, indomptable et courageux jusqu’au dernier jour. Il y a Elena, la fille venue des plaines qui sait aussi grimper au sommet et Isaac, le fils cherché avec espoir et sacrifice au sommet de la montagne et n’y est jamais arrivé. Dans les mémoires de la vie artistique et de randonnée, dans ces petits épisodes et camées qui parsèment le livre, lus aussi au filtre de la peinture, de la musique, des récits oraux, on entend toujours en arrière-plan l’angoisse du temps qui passe, les déceptions et les désillusions, la lourdeur des corps, la fatigue de l’ascension qui consume, combien de vivre. Même dans le grésillement des quarante ans, alors qu’une grande partie de la vie est encore devant nous, les sorties en montagne sont une preuve d’existence et de résistance et jamais un baume.

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Bien que maintenant équipé de bottes en cuir, Rollo tend toujours vers le grand ciel où l’on n’atteint jamais, on ne peut pas atteindre. Cependant, apprenez à vous perdre, dans la conscience que vous découvrez ce qu’est un chemin quand vous en perdez la trace. “La montagne ne guérit pas la bonne humeur”, écrit-il. “Le véritable nœud de nos vies est la distance qui nous sépare de la jeunesse.” Des chaussures inadaptées, des destinations manquées et un chamois fatigué, qui était le roi des chamois – comme dans l’histoire d’Erri De Luca, Le poids du papillon – mais maintenant solitaire et fier, il cherche l’étreinte d’un autre roi chamois, jusqu’à la pitié d’une étreinte mortelle. Le vieil homme qui regarde le garçon qui était, assis à une table en train de boire un café, se retrouve avec le sentiment de ne pas avoir les bonnes chaussures aux pieds. Malgré tout le chemin parcouru.

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