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Comme un voyage : l’histoire de Béatrice, opérée d’un cancer, racontée par son père

Comme un voyage : l’histoire de Béatrice, opérée d’un cancer, racontée par son père

Une salle d’hôpital est comme un couloir de navire. La mer semble calme, mais vous titubez debout et attendez la fin de la traversée en silence. C’est ainsi qu’un père de famille a raconté l’un des moments les plus difficiles de sa vie : celui de l’opération d’un cancer de sa fille Béatrice, âgée d’à peine 15 mois. Pendant ce temps, l’esprit vagabondait, à la recherche de similitudes, de métaphores, d’assonances, puis rapportées dans cette histoire, simple et vraie, capable de transporter le lecteur dans ce temps suspendu d’attente et d’espoir. L’année dernière, cet essai – que nous publions – a reçu le premier prix du concours #afiancodelcoraggio, l’initiative conçue par Roche et dédiée aux hommes qui prennent soin de ceux qui sont confrontés au cancer. A l’occasion de la clôture du sixième appel, nous publions l’intégralité du court métrage inspiré de l’histoire de Béatrice et de ses parents. Pour participer à la prochaine édition du prix, vous pouvez envoyer votre écrit avant le 15 mars au lien https://afiancodelcoraggio.it/come-candidarsi/.

Comme sur un bateau

« C’est comme être sur un bateau, Livorno-Olbia, avec ce bourdonnement de fond qui fait qu’il est difficile de dire si ce sont les moteurs ou les climatiseurs. « Chers passagers, nous vous informons que le service de restauration est ouvert sur le pont 7 », puis suit la traduction dans un anglais improbable. On a l’impression d’être dans une cabine, mais ensuite on ouvre les yeux et on se retrouve dans le couloir de l’hôpital, avec ce bruit de bateau Livourne-Olbia. De temps en temps, une porte s’ouvre et quelqu’un passe, au lieu de la salinité, vous ressentez le malaise. Parce que c’est par cette porte que Béatrice est entrée sur une civière avec une tumeur sur elle. Je ne sais pas quand il l’a mis, mais on sait que les enfants ne doivent jamais être laissés seuls un seul instant. Sans parler de ma fille qui a un peu plus d’un an, exactement 15 mois.

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Béatrice est si petite qu’elle ne s’en rend pas encore compte, elle ne sait pas qu’elle est à l’hôpital et peut-être qu’elle ne remarquerait même pas le vaisseau. 15 mois. Que veux-tu comprendre à 15 mois ? Maintenant, les femmes de ménage passent, comme sur un bateau. Je ferme les yeux et me demande combien de temps va durer ce voyage, la mer semble calme, le calme après la tempête qui est arrivée quand le mot tumeur a été entendu. Et ça change d’humeur, on dirait presque que c’est fait exprès. Cancer. Humour. Une lettre de plus, en trop, un peu comme une tumeur, quelque chose de trop, d’excessif, d’intrusif. Moins suffirait, une lettre de moins.

La mer semble calme, cet hôpital ne vacille pas, mais si je me lève je chancelle. La porte s’ouvre à nouveau et cette fois Silvia, ma femme, sort. Il était à l’intérieur pour accompagner Béatrice au bloc opératoire. Nous nous regardons et restons silencieux, car que voulez-vous dire ? Je ne vous raconte pas ce truc d’humeur tumorale, ce n’est pas le cas, ce ne serait même pas pour désamorcer, mais pour passer le temps. Le temps de ce voyage dans ce faux bateau sur cette fausse traversée.

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Béatrice est sous le bistouri et elle fera le vrai voyage, même si elle ne le sait pas, elle commande le navire, Silvia et moi sommes les passagers. J’espère entendre l’annonce que tout va bien, que tout va bien, que tout ira bien, mais cette fois pour de vrai, pas comme avec le Covid, que tout devait bien se passer et à la place tout est parti, où et comment je ne sais pas.

J’attends que Béatrice fasse l’annonce, rythmée par ses fous rires, par sa gaieté de quelqu’un qui à 15 mois oppose la légèreté à la lourdeur de la vie. J’attends Béatrice qui dit à l’interphone “Nous arrivons au port, merci d’avoir choisi Beatrice Lines et bon séjour”. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre. Et nous attendons. Et j’attends que l’ambiance revienne à ce qu’elle était il y a des mois, sans que ça ne soit trop. Béatrice enlève cette tumeur de ton dos, ça ne te va même pas bien, ta mère le dit aussi. Allez Béatrice, allez”.

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