Un article de perspective sur le COVID long rédigé par Ziyad Al-Aly et Eric Topol a été publié aujourd’hui dans le magazine Science. Il passe en revue les connaissances actuelles de la communauté scientifique sur cette maladie, ainsi que les lacunes restantes dans les connaissances qu’il est essentiel de combler. Il se termine par des recommandations politiques sur la manière dont la société devrait procéder dans l’étude, la prévention et le traitement du COVID long.
Les auteurs sont d’éminents universitaires et experts en matière de COVID long. Le Dr Al-Aly est médecin-chercheur à l’Université Washington de Saint-Louis. Il a publié de nombreuses publications à fort impact sur le COVID-19 et le COVID long et a récemment témoigné devant le Congrès lors d’une audience consacrée à cette maladie. Entre autres travaux importants, il a dirigé des études sur les dangers des réinfections au COVID-19, les effets du COVID long de plus de deux ans et la comparaison des effets du COVID-19 et de la grippe.
Le Dr Topol est scientifique et vice-président exécutif de la recherche au Scripps Institute. Il était l’auteur principal d’un article de synthèse clé sur le COVID Long publié dans Nature Reviews Microbiology. Il a écrit un article critique dans Science au début de la pandémie qui détaillait les impacts du COVID-19 sur le cœur.
Ces scientifiques commencent leur perspective en résumant ce qui est connu. Le trouble affecte tous les systèmes organiques et est souvent débilitant. Des millions de personnes souffrent du COVID Long. En effet, d’autres scientifiques estiment que 400 millions de personnes dans le monde en sont atteintes. Elle affecte les personnes de tous groupes d’âge, de tout sexe et de toute composition génétique.
Comme le notent les auteurs, «un Covid long aura des effets de grande envergure qui n’ont pas encore été pleinement appréciés».
Les facteurs de risque comprennent une infection grave et une réinfection par le virus. Bien que les cas graves de COVID-19 soient associés à un risque plus élevé de développer un COVID long, des infections légères ou même asymptomatiques par le virus SRAS-CoV-2 peuvent provoquer un COVID long. Chaque réinfection augmente le risque.
Plusieurs hypothèses sur l’étiologie du COVID long ont été avancées et pour lesquelles les preuves se multiplient. Elles comprennent des réservoirs persistants du virus, un dysfonctionnement mitochondrial induit par le virus, une dérégulation immunitaire, notamment des maladies auto-immunes, une inflammation des vaisseaux sanguins et des tissus neuraux et des perturbations du microbiome.
En plus d’éviter l’infection par le SRAS-CoV-2 pour commencer, le COVID long peut être prévenu par des vaccins et des médicaments. Les vaccins réduisent le risque de 15 à 75 pour cent. La combinaison antivirale de ritonavir et de nirmatrelvir (sous la marque Paxlovid) réduit le risque de 26 pour cent. Un essai contrôlé randomisé sur le médicament contre le diabète, la metformine, a révélé qu’il réduisait le risque de 41 pour cent.
L’article détaille ensuite les difficultés liées à la prise en charge des patients atteints de COVID long :
Malgré ces connaissances cumulatives sur les mécanismes, l’épidémiologie et la prévention, plusieurs défis majeurs subsistent. Il est important de noter que les besoins en soins des personnes atteintes de Covid long ne sont pas satisfaits. Les patients sont souvent accueillis avec scepticisme et leurs symptômes sont rejetés comme étant psychosomatiques. L’attribution des symptômes à des causes psychologiques n’est pas étayée scientifiquement…
Les auteurs concluent ensuite par plusieurs recommandations et un avertissement. Premièrement, ils appellent à des recherches supplémentaires – et à une augmentation substantielle des niveaux de financement gouvernemental pour les soutenir – sur plusieurs aspects du COVID long, allant d’une meilleure définition de la maladie à une élucidation plus approfondie des mécanismes biologiques de sa genèse, en passant par la détermination de sa trajectoire à long terme et de ses conséquences, à la création de modèles animaux pour faciliter les recherches futures, et enfin au développement de traitements plus nombreux et meilleurs.
Deuxièmement, ils formulent plusieurs recommandations politiques. L’une des recommandations consiste à renforcer la capacité d’épidémiologie et de surveillance des maladies du système de santé publique, qui avait été dévasté avant la pandémie et qui, malgré une brève résurgence provoquée par la réponse à la pandémie, a été de plus en plus démantelé.
Le principal déclencheur du démantèlement de la surveillance a été la déclaration de l’Organisation mondiale de la santé mettant fin à l’urgence de santé publique liée au COVID-19. Cette action a permis aux gouvernements du monde entier de revenir aux niveaux de soutien à la surveillance des maladies d’avant la pandémie, mettant ainsi fin à presque toutes les collectes de données et rapports sur le COVID-19 et conduisant à la disparition du populaire tableau de bord COVID-19 créé par des scientifiques de l’Université Johns Hopkins.
Une autre recommandation consiste à répondre aux besoins de santé non satisfaits des patients atteints de COVID long. Les auteurs préconisent «de former les prestataires de soins de santé à reconnaître et à gérer le Covid long, d’élargir l’accès aux cliniques spécialisées et de développer des parcours de soins qui pourraient être adaptés dans les contextes à faibles ressources ».
Enfin, les auteurs recommandent de mettre à nouveau l’accent sur les mesures de santé publique pour prévenir l’infection et la réinfection. Ils déclarent : « La réinfection, qui est désormais le type dominant d’infection par le SRAS-CoV-2, n’est pas sans conséquence ; elle peut déclencher de novo un Covid long ou exacerber sa gravité.»
Ils recommandent notamment de mettre davantage l’accent sur l’adoption de mesures non pharmaceutiques, notamment la filtration de l’air et le port du masque, en arguant : « La mise à jour des codes de la construction pour exiger une atténuation des agents pathogènes aéroportés et garantir un air intérieur plus sûr devrait être traitée avec le même sérieux que l’atténuation des risques vis-à-vis des tremblements de terre et d’autres risques naturels ».
Ils mettent également l’accent sur les campagnes visant à accroître le taux de vaccination ainsi que sur le développement et l’application généralisée de vaccins administrés par voie nasale.
Les auteurs terminent en avertissant qu’il existe un « besoin urgent » de relever les défis présentés par COVID long et concluent : « Le monde doit se montrer à la hauteur et relever ces défis ; la santé et le bien-être des générations actuelles et futures en dépendent ».
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2024-02-24 02:01:37