Nouvelles Du Monde

Claudie Haigneré, première astronaute française, en conférence à Bastia le 24 juin prochain

Claudie Haigneré, première astronaute française, en conférence à Bastia le 24 juin prochain

Claudie Haigneré – première astronaute française, docteur en médecine, ancienne ministre, ex-directrice d’Universcience, sera présente à Bastia le 24 juin au centre culturel l’Alb’Oru* pour clore le cycle de conférences sur la conquête spatiale organisé par la Case di e Scenze

Le mois dernier l’Arabie saoudite a envoyé la première femme saoudienne, Rayyanah Barnawi, dans la station spatiale internationale (ISS), qu’est-ce que cela vous inspire ?

Cette astronaute a un joli profil de chercheuse. Elle est un formidable exemple pour les jeunes femmes car dans ces pays on a moins l’habitude de les voir participer à des métiers d’ingénierie ou de recherche. Preuve aussi de l’ouverture de la coopération internationale à bord de l’ISS, avec la présence de pays émergents dans le domaine du spatial. Je rajouterai qu’à bord de la station, il y avait deux astronautes d’Arabie saoudite et un astronaute émirati, c’est une belle façon de montrer que l’exploration est un sujet qui passionne tous les pays.

LIRE AUSSI. VIDÉOS. Bastia : l’astronaute français Thomas Pesquet inaugure une nouvelle exposition à la Casa di e scenze

Il y a 27 ans, le 17 août 1996, vous étiez la première française à vous rendre dans l’espace. Pouvez-vous nous décrire votre préparation et vos premières sensations ?

J’avais 12 ans en juillet 1969 lors du premier pas de l’Homme sur la Lune. Ce fut un grand moment que j’ai vécu devant l’écran de télévision. Ça a rempli mon imaginaire d’enfant. J’avais alors un rêve. Grâce à l’appel à candidature du CNES (Centre national d’études spatiales), j’ai eu l’opportunité d’en pousser la porte. En 1985, l’agence française a souhaité s’ouvrir aux chercheurs et aux ingénieurs en plus des pilotes militaires. J’ai passé dix ans de ma vie à m’entraîner. J’ai vécu à la cité des étoiles près de Moscou auprès de tous les cosmonautes qui m’ont raconté leurs expériences. Mais, quand on se retrouve en microgravité et qu’on voit la planète à distance : la réalité de ce que j’ai vécu était encore plus belle que le rêve. C’était fascinant. Observer la planète, sa beauté, sa fragilité avec les catastrophes naturelles qui s’abattent sur elle, des cyclones aux feux de forêts. Quant aux sensations, il y a ce corps libéré de son poids en apesanteur et qui peut s’orienter dans les trois dimensions de l’espace. En tant que médecin, spécialiste du fonctionnement du corps, c’était fort ! Ces sensations, je ne les ai plus jamais retrouvées au sol.

Le fait d’avoir été la seule femme, est-ce que cela a pu, à un moment, induire des difficultés ?

Je n’ai pas été bloquée par des clichés internes qui me diraient « ce n’est pas pour moi ». J’y suis allée parce que j’en avais envie. Je ne me suis même pas posé la question homme ou femme. Je n’ai pas eu non plus de blocage extérieur de ma famille. La différence que j’apportais en tant que médecin, car il y en avait très peu, était essentielle à la conduite des programmes d’entraînement. Ma différence a été un atout face à des ingénieurs et des pilotes. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui je promeus la diversité du genre et des compétences, des générations et des cultures.

Cette diversité, on la retrouve dans la dernière sélection de l’Agence spatiale européenne (ESA). Avec notamment l’astronaute française Sophie Adenot.

Effectivement. Et pour vous donner quelques chiffres, en 1985 il y avait 10 % de candidatures féminines. Dans la sélection de Thomas Pesquet en 2009, il y en avait 14 % et pour celle de 2022, il y en avait 24 %. Sur la sélection de la quinzaine d’astronaute retenue l’année dernière, il y a huit femmes. On est pratiquement à 50 %. La diversité, elle se situe aussi au niveau des profils de cette sélection : astrophysiciens, chirurgiens, médecins de médecine extrême, ingénieurs en intelligence artificielle ou encore des pilotes comme notre Sophie Adenot. Rajoutons aussi qu’il y a une personne porteuse d’un handicap des membres inférieurs, handicap moins contraignant en micro gravité. John McFall a sûrement des atouts psychologiques de résilience pour avoir surmonté l’accident qui a provoqué son amputation de la jambe droite.

Depuis quelques années on voit aussi arriver dans le domaine spatial, des acteurs privés comme Elon Musk. Comment se positionnent la France et l’Europe face à cette tendance ?

Tout le monde n’a pas le même rôle. Il y a des partenariats avec des acteurs privés, comme Elon Musk et Jeff Bezos. Je crois qu’on peut leur reconnaître cette capacité d’innovation. C’est à la fois de la compétition et de l’émulation et en France et en Europe, on observe de nombreuses start-up dans ces différents domaines. Il y a aussi les agences institutionnelles. Elles doivent veiller à la régulation, aux réflexions éthiques, aux comportements responsables et à la sécurité, notamment concernant les débris potentiels en orbite. Quand il s’agit de missions sans retour sur Mars, les agences ne vont pas les promouvoir. Ça fait plus partie de la vision d’Elon Musk. Ce qui n’empêche pas l’entrepreneur de travailler sur des contrats de la NASA.

Récemment, l’Agence spatiale européenne a fait réunir un groupe d’experts indépendants (High Level Advisory Group, HLAG). Ce dernier a présenté un rapport sur l’état de l’exploration spatiale européenne. Il permettra de déterminer le niveau d’ambition de l’Europe afin de ne pas être qu’un partenaire mais un acteur à part entière. Selon moi, l’Europe doit être présente, les corps célestes sont un bien commun. On se doit d’avoir une exploration responsable et, sur ces sujets, on a besoin de l’Europe.

Vous venez à Bastia dans le cadre d’une conférence organisée par la Casa di e Scenze. Peut-on dire que votre venue s’inscrit dans une démarche de démocratisation de la science ?

Tout à fait. Je suis la marraine de la Cité de l’espace à Toulouse qui avait développé l’exposition Explore Mars, installée depuis un an à la Casa di e Scenze. Je suis une fervente ambassadrice de la diffusion, du partage et de l’échange avec un public très large, des jeunes enfants à leurs grands-parents. L’espace est une matière en or pour faire rêver, pour inspirer, pour se projeter dans l’avenir et pour faire comprendre des enjeux géopolitiques ou économiques. On ne peut pas laisser penser aux gens que c’est une boîte noire et que ce n’est pas pour eux. On peut rentrer dedans, comprendre et avoir envie de s’en saisir. Nous, génération « silver » on peut transmettre et donner des outils pour que la jeune génération développe son esprit critique et devienne ainsi actrice du monde qui l’entoure.

J’espère qu’il y aura beaucoup de questions lors de la conférence car c’est dans l’échange qu’on peut avancer. Je suis ravie de pouvoir conclure ce grand cycle sur le sujet de l’espace. Je termine par : « Ad Astra », la maxime des astronautes.

*Conférence tout public à 15 heures au centre culturel de l’Alb’Oru. Tarif unique de 2 euros. Réservation au 04 95 55 96 71 ou par mail [email protected]

Lire aussi  Our Shopping Mall strengthens its offer with a new store.

2023-06-17 18:05:00
1687041479


#Claudie #Haigneré #première #astronaute #française #conférence #Bastia #juin #prochain

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT