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Clap de fin pour Maflow Chartres : entre amertume et résignation, 91 salariés licenciés

Clap de fin pour Maflow Chartres : entre amertume et résignation, 91 salariés licenciés

« Personnellement, je ne roulerai plus avec une voiture française », jure Franck Rousselet, salarié de Maflow Chartres et élu du comité social et économique (CSE) de l’entreprise.

Après les salariés de cet équipementier automobile, qui ont reçu la lettre fatidique, la semaine dernière, c’était au tour des représentants du personnel d’être reçus par la direction, ce mercredi 20 juillet, pour « l’entretien préalable à un éventuel licenciement économique ».

Finir ainsi, après une trentaine d’années au service de cette maison appartenant, depuis 2010, au groupe polonais Boryszew, laisse un sentiment d’écoeurement à Franck Rousselet.

« C’était attendu ! »

Un ressentiment partagé par Éric Jarry. « Ce n’est pas un choc ! C’était attendu ! », rappelle ce délégué syndical Force ouvrière, et secrétaire du CSE. La décision de fermer cette unité de production eurélienne, cet été, avait été confirmée, en avril dernier, plongeant dans le désarroi les 91 salariés.

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D’après les représentants du personnel, le groupe d’Europe de l’est l’a justifiée par l’activité devenue insuffisante du fait du désengagement de ses deux principaux clients Peugeot et Renault.

« On savait depuis un an qu’on nous baladait. On n’était pas dupe ! », fulmine Éric Jarry. Mais il garde en travers de la gorge la manière dont les choses se sont conclues. « L’accord obtenu est quand même négatif ! On n’est pas satisfaits ! »

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L’accord obtenu…

De celui-ci, en plus des indemnités conventionnelles, il est ressorti une indemnité supra légale de 1.000 euros par salarié et par année d’ancienneté – « on est loin de ce qu’on pourrait avoir, avec un plafond de 30.000 € imposé par la direction », commente Éric Jarry – ainsi que des mesures d’accompagnement des salariés, notamment un congé de reclassement de 9 mois qui passe à 12 mois pour les plus de 50 ans ou avec des problèmes de handicap – « des mesures au rabais ! », s’indigne-t-il, encore.

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Dans la douleur

Pour obtenir ce qu’il juge comme « le minimum », le personnel a dû « batailler » jusqu’à l’écœurement et la lassitude, selon les uns et les autres. « Les négociations ont été compliquées jusqu’au bout. Ils ont fait traîner les choses. Les salariés ont été exemplaires. Pour certains, il était temps que ça se termine ! Certains ne veulent plus entendre parler de Maflow », s’attriste le responsable syndical, au regard de leur investissement. « La moyenne d’ancienneté est de 24 ans », précise Franck Lelièvre.

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Une stratégie…

Le motif économique, invoqué par l’entreprise, est « contesté » par ces salariés. « On aurait pu maintenir une production avec, peut-être pas 100 % du personnel, mais au moins une trentaine d’opérateurs », estime le syndicaliste.

Lui et ses collègues pensent que le site français a été “sacrifié” au profit des sites polonais. « S’ils n’avaient pas augmenté le prix des flexibles Peugeot en 2018, on serait encore là », rumine Franck Rousselet. Selon eux, l’industriel automobile a alors stoppé ce marché, suivi par la marque au losange. « C’était une stratégie du groupe d’augmenter ses prix de 15 % pour que l’un de nos clients se barre et fermer la boutique ! », estime, avec le recul, Franck Lelièvre. « C’était prévu depuis des années ! », jurerait même Fabien Prevost.

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Tous en veulent aussi à l’État qu’ils ont interpellé. « Il a laissé faire ! On a sollicité le ministre Bruno Le Maire, aucune réponse. Et après, ils parlent de relocalisation ! Mais dans les faits, il y a que dalle !  », s’agacent-ils. Quant aux politiques locaux, « hormis les membres du Parti ouvrier indépendant démocratique », ils ne se souviennent pas d’une quelconque marque de soutien ou de préoccupation de leur part. « On a été abandonnés ! »

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Amers…

Sous la résignation, d’autres sentiments pointent. « On a été abandonnés ! On est amers !, s’emporte David Gomes. Qu’on m’excuse de le dire comme ça, mais on nous a pris pour de la m… ! Comment on va faire pour retrouver du travail ? On est beaucoup à avoir plus de 50 ans. » « 54 % des effectifs ! », chiffre Franck Lelièvre. « Et on nous présente tout ça comme un plan de sauvegarde de l’emploi ? Alors que tout le monde est viré ! On se moque de nous ! », peste Soodesh Boodhram, qui fait partie des 91 licenciés.

*Sollicitée, la direction de Maflow ne souhaite pas communiquer pour l’instant.

Une permanence, certains matins, le mardi
Pour les salariés qui ont besoin d’aide, d’être accompagnés dans leur démarche, de parler ou de revoir des collègues, le CSE a mis en place des permanences le mardi matin, à partir de 9h30 (les 26 juillet, 23 août, 30 août, 6 septembre, 13 septembre). « Ensuite, une commission de suivi se réunira à partir de septembre dans le cadre du congé de reclassement. Les gens qui participeront à cette commission ne seront pas défrayés, hormis pour les frais de déplacements. C’est mesquin alors qu’on met tout le monde dehors », fait savoir Éric Jarry.

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