Christophe… définitivement : Un documentaire sur la vie et la carrière de Christophe

CINÉ+ ÉMOTION – MARDI 26 SEPTEMBRE À 23 H 13 – DOCUMENTAIRE

En mars 2002, il faisait son retour sur scène, à l’Olympia, après vingt-huit ans d’absence. Répétitions, coulisses, pauses dans l’intimité de son home studio, réplique de son appartement du boulevard du Montparnasse, à Paris, encombré de curiosités, de photographies, de peintures, d’affiches, de figurines, de juke-box, de vinyles, de pin-up…

C’est une rencontre impressionniste que proposent Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia. Ils ont œuvré comme des chats pour capter ces instants fragiles, dans le halo des projecteurs, lumières rouges et bleues ; ou totalement éteintes, dessinant une silhouette blanche, surexposée, irradiante sur fond noir, à la façon d’un négatif qui, aujourd’hui, revêt un caractère spectral – Christophe ayant été emporté le 16 avril 2020 par une maladie pulmonaire, à l’âge de 74 ans.

Ni commentaires ni questions. Seuls la musique, les mots des chansons – ou ceux que Christophe consent à livrer – viennent entretenir ce sentiment de proximité que le film installe par la discrétion, le mouvement lent, les frôlements et le flou de la caméra.

Liste de films et enfance

Essai voix, essai guitare, silence, petits agacements. Dans les lumières saturées de la scène, visage marmoréen, geste rare, regard affûté d’oiseau de proie dissimulé derrière des lunettes rondes fumées, Christophe fascine autant qu’il nous échappe. Suspendu à la contemplation de chacune de ses poses, on accueille la moindre confidence comme un don. Il y en a peu.

Son histoire ? Il la raconte en égrainant, avec solennité, la longue liste de films qui l’ont accompagné : A bout de souffle, La Belle Américaine, 2001 : l’odyssée de l’espace, Accident, La Belle et la Bête, Le Temps des Gitans, Velours bleu, Parfum de femme, La Vérité, L’Eau à la bouche, Les Valseuses, Guerres des étoiles, Psychose…

Son enfance ? Il l’évoque assis par terre, dans sa loge, alors qu’il découpe aux ciseaux l’encolure d’un tee-shirt. « Ma mère était couturière, tu le savais, ça ? »dit-il, fuyant toute phrase inutile, mais attentif aux petits riens qui font les belles choses. Maniaque, esthète, dandy un peu vieilli qui met du khôl à ses yeux, remet dix fois une mèche en arrière, s’offre une coupe de champagne. Avant d’entrer sur scène, entièrement vêtu de noir.

Les morceaux entendus en répétition, alors, se prolongent dans le scintillement d’une nuit grandiose. « Cette façon que tu avais de te serrer/ Contre le revers de mon smoking blanc cassé/ Je ne l’ai jamais retrouvée/ Et le soleil décline/ Sur ma mémoire en ruine » (La vie douce1977, paroles de Jean-Michel Jarre). La voix déchire l’obscurité au son des instruments – guitares, basse, batterie, piano, percussions, saxophone, accordéon, violoncelle… –, et Christophe… définitivement, nous hypnotise.