31 mars 2023 – 23:00 – Monde
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Jalloul “Chico” Bouchikhi, guitariste franco-marocain et co-fondateur des Gipsy Kings, raconte un épisode de sa vie qui l’a profondément marqué : l’assassinat par erreur de son frère aîné par l’agence de renseignement israélienne Mossad, en 1973.
Tout a commencé par une enquête du Mossad en Norvège, pour trouver les auteurs des attentats des Jeux olympiques de Munich, en Allemagne, en 1972. Au total, 11 athlètes israéliens ont été assassinés. L’attaque est connue sous le nom de septembre noir. Les services secrets israéliens ont trouvé une piste, Ali Hassan Salameh, qu’ils croyaient être le cerveau derrière l’attaque. Sans approfondir davantage l’enquête, ils tuent en 1973 Ahmed, le frère de Chico, devant sa femme norvégienne.
“Il a été tué à 30 ans, devant elle, alors qu’elle rentrait du cinéma. Elle était enceinte”, raconte l’ancien guitariste des Gipsy Kings. Le Parisien. Il apprend la triste nouvelle à Saint-Tropez, où il joue avec les frères Reyes. “On n’en parlait jamais dans notre famille”, dit-il. Le roi du Maroc a fait rapatrier le corps d’Ahmed. Nous n’avons jamais reçu d’excuses d’Israël.” La mort de son frère aîné l’a marqué à vie. Ahmed lui a donné “sa première guitare, l’a initié au jazz, à la musique classique et au flamenco”.
Des années plus tard, lors du premier anniversaire des accords d’Oslo en 1994, Chico a finalement pu pardonner. Son ancien groupe Gipsy Kings et son frère Bobby, photographe, avaient quitté Paris pour se produire à Oslo. A cette occasion, Bobby a capturé avec une photo le moment où Chico a serré la main de Yasser Arafat, le président palestinien, et Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien. “A part mon frère et moi, personne ne connaissait notre histoire. J’ai eu des frissons. Ce fut un moment inoubliable. Cette photo est l’image du pardon.”
