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“Cette pression ne peut être qu’accidentogène”

“Cette pression ne peut être qu’accidentogène”

Alors qu’un transporteur est décédé après avoir été gravement blessé mardi sur le chantier de la gare du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) sur la future ligne 16 du métro, la CGT 93 alerte sur “les cadences imposées pour respecter les délais” des ouvrages.

Un nouvel ouvrier est mort sur le chantier du Grand Paris Express. L’homme, qui travaillait en tant que transporteur sur le chantier de la gare du Blanc-Mesnil sur la ligne 16, a été gravement blessé mardi matin “lors d’une opération de manutention” d’après un communiqué de la Société du Grand Paris (SGP). “La victime a été heurtée par une charge lourde, elle a été immédiatement prise en charge par les services de secours avant de décéder à l’hôpital dans l’après-midi des suites de ses blessures“, explique l’établissement.

L’ouvrier était “employé par une société de transport, mandatée par un fournisseur du groupement d’entreprises, mené par Eiffage Génie Civil, en charge des travaux“, ajoute la SGP, qui “adresse ses condoléances à la famille, aux proches et collègues du transporteur décédé“. L’établissement annonce la mise en place d’”une cellule d’aide psychologique”, et indique que “les investigations sont en cours pour déterminer les circonstances exactes de ce dramatique accident“.

Deux autres ouvriers sont morts sur le chantier de la ligne 16 : un homme de 41 ans décédé après avoir chuté dans une cuve à broyer en décembre 2020 à La Courneuve, et un autre travailleur tué par une chute accidentelle de matériel sur le chantier de la future gare de Saint-Denis-Pleyel en janvier 2022. Alors que la mise en service des nouvelles lignes de métro du Grand Paris Express est prévue entre 2025 et 2030, après des retards, Kamel Brahmi, secrétaire général de la CGT 93, alerte sur “les cadences imposées pour respecter les délais” des ouvrages.

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Cette pression ne peut être qu’accidentogène, déplore Kamel Brahmi. Le décès de cet ouvrier pose aussi la question de l’organisation du travail : on fait beaucoup trop appel à des intérimaires, avec de la sous-traitance en cascade. Ce sont des chantiers complexes qui nécessitent des ouvriers expérimentés. Pour assurer le respect des normes de sécurité et limiter les accidents, il faut créer les conditions d’un collectif de travail.

Il ne s’agit pas que du Grand Paris Express mais de l’ensemble de l’industrie du BTP. Il faut aussi donner des moyens à l’inspection du travail pour qu’elle puisse accomplir ses missions. Il y a énormément de sites en Île-de-France. Il y a la responsabilité des grands groupes, mais il y a aussi la responsabilité de l’Etat“, ajoute Kamel Brahmi.

Le secrétaire général de la CGT 93 dénonce aussi “un manque de transparence” : “Peu d’informations filtrent vis-à-vis des circonstances du décès de cet ouvrier. On sait qu’il s’agissait d’une opération de déchargement, et que la victime aurait été gravement blessée par ce matériel. On demande la tenue d’un CSE (Comité social et économique). C’est une instance qui permet de façon relativement transparente d’aborder les sujets qui fâchent. On a besoin de savoir ce qu’il s’est passé et si les règles de sécurité ont été respectées, pour éviter que ça se reproduise. On compte désormais quatre morts sur le chantier du Grand Paris Express en Seine-Saint-Denis, c’est quatre de trop.

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Matthieu Lépineun professeur d’histoire-géographie à Montreuil qui recense quotidiennement les accidents du travail sur un compte Twitter dédiéalerte sur le bilan total de cinq décès en Île-de-France sur le chantier du Grand Paris Express. “Au-delà des trois décès sur la ligne 16, il y a la mort de Jérémy Wasson, un stagiaire ingénieur de 21 ans victime d’une chute mortelle sur le chantier du RER E à Pantin en mai 2020, mais aussi le décès de Maxime Wagner, un ouvrier intérimaire de 37 ans percuté à la tête par une conduite dans le tunnelier du prolongement sud de la ligne 14, début 2020“, indique-t-il.

Des proches de ces deux victimes étaient présents à la marche blanche organisée samedi à Paris par le collectif “Familles : stop à la mort au travail”. “Les représentants de 15 familles de victimes ont été reçus par le cabinet du ministère du Travail, explique Matthieu Lépine. Il n’y pas eu d’engagements, mais on leur a dit que leurs demandes allaient être prises en compte. Les familles demandent un renforcement des contrôles de l’inspection du travail, le retour des CHSCT mais aussi une véritable comptabilité des morts au travail.

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En 2019, j’ai décompté 896 morts en France en associant différents chiffres, indique-t-il. C’est complexe, tout dépend des différents régimes d’assurance. Et encore, il manque une partie de la fonction public, sans compter les indépendants, les travailleurs détachés, et il y a un flou autour des travailleurs sans papiers. Parmi les accidents que je recense, on retrouve les mêmes profils : des travailleurs précaires, des intérimaires, de la sous-traitance, et une surreprésentation des jeunes et des plus de 50 ans. Il y a beaucoup de chutes dans le BTP, des accidents de maintenance de machines dans le monde agricole et l’industrie, des malaises cardiaques dans les transports routiers…

On a besoin de clarté, poursuit Matthieu Lépine. Mardi, j’ai compté quatre morts en France, en une seule journée c’est assez effarant. Et en Île-de-France, le phénomène dépasse largement le Grand Paris Express. Il faut prendre au sérieux les accidents du travail, ce ne sont pas des faits divers. Ils ne surviennent jamais par fatalité ou par manque de chance, il y a des défaillances de formation et d’organisation du travail, mais aussi des politiques à revoir. Les familles demandent également une justice beaucoup plus dissuasive pour les entreprises responsables. Quelle valeur donne-t-on à la vie de ces travailleurs ?

2023-03-08 11:00:00
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