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cet amour fou pour Isis

cet amour fou pour Isis

2023-06-26 07:20:27

par Aristide Malnati

“Parce que je suis la première et la dernière je suis la vénérée et la méprisée je suis la prostituée et la sainte je suis la mariée et la vierge je suis la mère et la fille… je suis la stérile, pourtant il y a beaucoup de mes enfants, je suis la femme mariée et la célibataire… Respectez-moi toujours, car je suis la Scandaleuse et la Magnifique”. Jamais versets n’ont mieux saisi l’essence d’Isis, divinité englobante, comme ceux rapportés par un texte en copte (la langue de l’Égypte chrétienne) daté de 350 après JC. C. trouvé à Nag Hammadi en Egypte. Un poème cosmologique gnostique, qui divisait le monde en Bien et en Mal et qui rendait hommage à Isis, exemple réussi de la dichotomie qui gouverne la création. Le pouvoir d’une déesse englobante était pleinement reconnu par les Grecs et les Romains, qui la vénéraient en l’associant dans un processus réussi de syncrésis à nombre de leurs divinités : ils renforçaient son rôle de protecteur de la fertilité féminine et donc de l’accouchement (beaucoup statuettes d'”Isis lactans” qui allaite les nouveau-nés) et de la vie et, par extension, du souverain dans l’acte d’exercer le pouvoir (l’étymologie d’Isis en égyptien ancien est liée au terme “trône”).

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L’exposition L’Amato di Iside s’en inspire. Néron, la Domus Aurea et l’Egypte qui raconte la passion pour le pays du Nil et pour l’Orient du plus controversé et extravagant des “principes” ; et comment pendant le principat de Néron (54-68 après JC) la pénétration des cultes isiaques dans les parties les plus sacrées de la ville était constante et généralisée. L’exposition, organisée par Alfonsina Russo, directrice du parc archéologique du Colisée et spécialiste du début de l’Empire romain (celle de la dynastie julio-claudienne, racontée rétrospectivement par les plumes irrévérencieuses de Tacite et Suétone), a la “Domus Aurea” comme protagoniste, le Palais du pouvoir entre le Palatin, l’Esquilin et le Celio, agrandi par Néron qui s’identifia au Soleil d’or selon une vision orientale. “L’Egypte a toujours eu une fascination pour les Romains car c’est

une terre de science et de philosophie, une terre exotique d’où provenaient des biens précieux comme l’encens, puisque c’était un lieu de tri pour les biens qui venaient d’Arabie : ils remontaient du Nil jusqu’au port d’Alexandrie et de là ces biens de valeur ont été amenés dans tous les endroits de la Méditerranée, y compris à Rome. L’Egypte était un lieu par excellence de fascination mais aussi d’inconnu. Et fasciné et inspiré par la soif de connaissance de Néron – explique le professeur Russo – il envoya des expéditions à la recherche des sources du Nil”.

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La suggestion de l’exposition est offerte par la réémergence, dans un passé récent, de la “coenatio rotunda”, la table circulaire qui tournait grâce à un système d’engrenages, où l’Empereur mangeait comme un souverain égyptien en compagnie de filles légèrement vêtues “dîners élégants”; et surtout à la suite de la dernière découverte dans le cryptoportique, qui reliait les deux cours extérieures, de fresques montrant, dans la splendeur des couleurs issues de l’usage judicieux du bleu égyptien, des décors égyptianisants (comme les peintures d’Anubis et d’Harpocrate) et des sujets liés au culte isiaque.

Un parcours d’exposition a été créé dans la villa dorée qui, grâce à des jeux de lumière qui reconstituent des évocations égyptiennes, met en valeur des dizaines de trouvailles précieuses provenant des grands musées italiens, certaines trouvées dans l’Égypte romaine (le pays du Nil fut immédiatement une province impériale, contrôlée directement par les “princeps”), mais surtout dans l’Urbe et dans les principales “municipia” italiennes. Parmi eux, dans une section spéciale, des statues et statuettes d’Horus, d’Osiris et évidemment d’Isis, mais aussi des sphinx ou symboles pharaoniques, récupérés dans le Tibre : objets sacrés déposés par Cléopâtre dans l’Iseo Campense (temple dédié à Isis) puis jetés dans la rivière par Tibère (19 après JC), qui s’opposait aux cultes qui s’y pratiquaient en raison d’une histoire trouble du viol d’une jeune vierge de haut rang, qui aurait été consumée à l’intérieur de l’enceinte sacrée.

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Et enfin des parchemins et des pièces de monnaie au nom et à l’effigie de Néron trouvés en Égypte, se terminant par la statue colossale de l’Empereur sous les traits d’un dieu, qui montre clairement comment il était grâce aux éléments égyptiens (où le pouvoir était déifié) voulu présenter lui-même à ses sujets adorateurs comme un pharaon nouveau et accompli.



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