Avoir un salaire élevé, une grande maison, payer peu cher les transports et ses courses… Où vivre, en France, pour avoir un pouvoir d’achat optimal ? C’est à cette question — ô combien difficile — que Le Parisien a tenté de répondre, en analysant les données pour les 96 villes-préfectures de France métropolitaine.
Afin de réaliser ce classement, Le Parisien a compilé, pour chaque ville, le salaire moyen, le prix du panier de courses, celui des transports (les carburants ainsi que les transports collectifs), de l’immobilier, d’une place de cinéma et le taux de taxe foncière.
Le triomphe des villes moyennes
Ni trop petites, ni trop grandes, les villes moyennes se révèlent être l’endroit où il faut vivre pour profiter d’un excellent pouvoir d’achat. Notre top 10 leur fait la part belle, de Niort (Deux-Sèvres, 1er) à Rodez (Aveyron, 10e), en passant par Laval (Mayenne, 3e) et Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor, 8e).
C’est grâce au prix de ses transports en commun, notamment, que Niort arrive à se glisser sur la plus haute marche du podium : ils sont gratuits depuis 2017. « C’était une façon de rendre le transport collectif concurrentiel en proposant un vrai gain de pouvoir d’achat », explique aujourd’hui le maire et président de l’agglo, Jérôme Baloge. Châteauroux (Indre, 2e), Bourg-en-Bresse (Ain, 24e) ou Gap (Hautes-Alpes, 63e) ont également fait le choix de rendre gratuits leurs transports, ce qui s’avère difficilement faisable pour des grandes villes, où les infrastructures sont plus lourdes et coûteuses.
Les grandes villes, effectivement, on les retrouve pour la plupart en bas de notre classement. Montpellier (Hérault) se situe à la 90e place, Marseille (Bouches-du-Rhône) à la 84e, Paris à la 77e place ou Lyon (Rhône) à la 58e place. Ce constat n’est pas un hasard : malgré des salaires un poil plus élevé que la moyenne, on y paye plus cher les courses, les transports en commun (bien qu’à un niveau de service différent de ceux des villes moyennes), la place de cinéma et, évidemment, le logement.
Le succès du Grand Ouest, grâce aux courses
Des courses pas cher ? Cap à l’Ouest ! Les villes en tête de notre classement sont pour beaucoup, Niort en tête, situées dans l’Ouest ou le Grand Ouest, auquel on associe parfois certains départements de la région Centre. Et pour le confirmer, Nantes (Loire-Atlantique), 20e, est la première grande ville française de notre palmarès.
Ce succès s’explique notamment par des supermarchés moins chers qu’ailleurs. « On a une population mobile, des villes pas trop engorgées et donc il suffit de prendre sa voiture pour changer de magasin, observe Grégory Caret, à la tête de l’Observatoire de la consommation chez UFC Que choisir. Il y a une concurrence très forte, avec des enseignes présentes depuis longtemps, et donc des prix plus bas. »
L’ouest ne se démarque d’ailleurs pas qu’ici : le prix de l’immobilier fait que les villes y sont globalement plus accessibles et l’essence y est également un peu moins chère qu’ailleurs. « Dans ces régions, on observe ce phénomène sur plein de choses, comme les assurances, les mutuelles ou les déchets, alors que ce sont a priori les mêmes services qu’ailleurs », continue Grégory Caret.
L’immobilier : atout de l’Est, défaut du Sud
Nevers (Nièvre), Belfort (Territoire de Belfort), Chaumont (Haute-Marne), Épinal (Vosges)… Ce sont autant de villes de l’Est que l’on retrouve dans le top 10 de notre classement, notamment grâce à un prix de l’immobilier bas. « Il offre des perspectives d’achat plus grandes », confirme Guillaume Martinaud, président d’Orpi, citant un m2 à « près de 900 euros » à Nevers par exemple.
L’immobilier est au contraire un des critères qui, combiné à des courses chères, pénalise le sud de la France – et l’Île-de-France –, plus encore quand on se rapproche de la côte. Exception faite pour Rodez (Aveyron), où le cumul courses pas chères et prix de l’immobilier plus bas que la moyenne lui offre la 10e place de notre classement, faisant d’elle la ville du Sud la plus accessible. « Le Sud est historiquement une région plus attractive, et donc moins accessible, avec le mythe du soleil éternel », éclaire Guillaume Martinaud. Nice (Alpes-Maritimes) se situe ainsi dans les dernières places de notre classement.
Comment nous avons réalisé ce classement
Pour élaborer ce classement, nous avons sélectionné plusieurs jeux de données pour chacune des 96 villes-préfectures de France métropolitaine puis nous les avons comparés entre chaque ville puis avons associé un coefficient à chaque critère et en avons tiré une moyenne.
Voici les critères utilisés : le salaire net horaire moyen des habitants (Insee), le prix de l’immobilier dans l’ancien (Notaires), le prix moyen d’un panier de courses, sur la base d’un indice calculé par l’Observatoire de la consommation chez UFC Que choisir à partir des magasins Drive, le taux de la taxe foncière (Cabinet FSL), la recette moyenne par entrée de cinéma (CNC), le prix des transports en commun, selon un relevé réalisé par nos soins début novembre et le prix d’un litre de gazole à la mi-novembre dans chaque ville et alentour.
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