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Carla et Guido emprisonnés pour avoir sauvé les Juifs, désormais dans le Jardin des Justes – Corriere.it

Carla et Guido emprisonnés pour avoir sauvé les Juifs, désormais dans le Jardin des Justes – Corriere.it

2023-11-10 14:00:29

De CARLO BARONI

«Du côté droit» (Neri Pozza) d’Ugo Savoia raconte l’histoire des époux Ucelli de Nemi. La rencontre avec l’auteur à BookCity Milan le samedi 18 novembre

La guerre a des idées claires. Il nous regarde droit dans les yeux et nous appelle par notre nom. Et les héros ne sont pas ceux qui combattent mais ceux qui nous sauvent. Il en fut de même à Milan en 1944. Quand prendre parti n’était pas (seulement) un choix politique. Mais pour mettre un barrage sur l’inhumain. Au prix d’être submergé par les forces obscures. Au risque de tout perdre, même de réputation et de respectabilité.


Carla et Guido sont venus avant leur nom de famille de la haute société. Ils étaient avant tout une femme et un homme qui ne pouvaient s’empêcher d’être ensemble pour la vie. Ils étaient plus qu’une épouse et un mari. Ils se sont rencontrés à Gressoney en 1912. Une vie à deux. Et peut-être est-ce précisément cet amour débordant qui leur a donné la force de briser le mur de la haine et de la trahison.


Carla Tosi et Guido Ucelli di Nemi sont les protagonistes du nouveau livre d’Ugo Savoia Sur le côté droit, publié par Neri Pozza. Elle est la fille d’une dynastie d’industriels, propriétaires de Franco Tosi à Legnano, l’une des usines historiques du nord-ouest de Milan. Il est ingénieur. Profession prestigieuse, mais pas au point de lui ouvrir la voie à l’autel avec Carla. Un engagement non opposé, mais entravé d’une manière ou d’une autre. Una Tosi méritait mieux. Ils ne savaient pas encore qu’elle avait choisi le meilleur.

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C’étaient ces couples dont on comprend immédiatement qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Les enfants arrivent, clones parfaits de leurs parents, et une belle maison. Qui accueille des amis amoureux de culture. Musique et arts. La Casa Ucelli devient l’épicentre des salons milanais où être invité ne signifie pas appartenir à un club restreint et légèrement snob. Vous rencontrez des esprits brillants, ouverts et généreux. On débat, on discute d’une Italie qui a pris une tournure dangereuse. L’ingénieur Ucelli est également un innovateur dans le monde des affaires. L’entreprise Riva est également à l’avant-garde, et peut-être surtout, pour la relation créée entre les propriétaires et les salariés. Quelque chose qui anticipe les expériences et l’approche d’une nouvelle façon de faire des affaires qui caractériseront Adriano Olivetti.

Carla et Guido sont également sans préjugés quant aux impositions du régime. Dans l’entreprise que dirige Guido, Riva, l’un de ses plus proches collaborateurs, est juif. Et lorsque furent promulguées les lois raciales de 1938, Guido Ucelli écrivit également au Duce pour plaider la cause de son bras droit. Sans craindre d’être qualifié d’ennemi du fascisme et d’anti-italien, comme cela arrivera inévitablement dans quelques années. Il contestera le risque pour un actif plus précieux. Un choix toujours partagé, voire même soutenu par son épouse Carla. Un soutien qui s’avérera décisif lorsque le pays sombrera dans la noirceur d’une nuit qui paraîtra interminable.

Lorsque la guerre entre dans sa phase la plus dure, Carla et Guido savent immédiatement de quel côté ils se trouvent. Milan a changé, rien ne suffit pour finir sur liste noire. Les informateurs pullulent, prêts à vous vendre un fedora à la mode. Nous nous méfions également des amis et nos paroles sont mesurées. Le courage est un luxe pour ceux qui accordent peu d’importance à leur propre vie. Les Oiseaux ne sont ni des héros ni de dangereux renverseurs de l’ordre. Seulement, ils ne peuvent pas détourner leur visage de l’oppression et de l’injustice. Ils utilisent leur position de famille importante pour aider ceux qui se sont retrouvés dans la tempête. Ils les hébergent également dans leur maison en Ligurie, à Paraggi, sous un faux nom. Ils parviennent ainsi à garder caché un couple juif jusqu’à la fin du conflit. Les enfants de Carla et Guido sont déjà actifs dans la Résistance avec les Flammes Vertes. Et ils collaborent avec le légendaire Don Barbareschi.

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Une générosité qui mènera à un faux pas tragique. La tentative d’expatriation des époux Minerbes, juifs, en Suisse se termine mal. Le passeur à l’abri, un certain Binda, quelqu’un qui gardait toujours le regard bas (ne faites jamais confiance à celui qui ne vous regarde pas droit dans les yeux) plutôt que sur le sol suisse, les remet aux SS. Mais pas avant d’avoir reçu une lettre remerciant leurs sauveurs à Milan. Une plainte en noir et blanc qui amène la police fasciste à la maison Ucelli. La prochaine étape dramatique est la prison de San Vittore. Carla et Guido sont séparés et enregistrés comme prisonniers politiques. Pire que les criminels ordinaires. A la merci des bourreaux qui n’épargnent pas les deux coups et tortures. C’est la phase la plus douloureuse de toute l’affaire. Le livre n’épargne pas les atrocités auxquelles sont soumis les deux époux. Qui résistent à toutes les tentatives des nazis d’extorquer des aveux qui conduiraient d’autres personnes en prison. Toute la dignité de Carla et Guido ressort. Un courage qui va au-delà d’une fierté qui ne veut pas être courbée. Une attitude qui frappe et rend les bêtes devant eux encore plus féroces. La plus grande douleur est la séparation physique. Pour eux deux qui se sentent vraiment comme un seul. Puis la libération de Guido intervient grâce à un échange d’otages. Mais sortir de prison avec Carla toujours prisonnière ne sert à rien. Des rumeurs courent selon lesquelles la femme serait transférée dans un camp de concentration en Allemagne. Un épilogue déjoué presque par miracle.

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Pour leur courage, les Oiseaux auront l’honneur d’être inclus dans le Jardin des Justes. Ugo Savoia raconte leur histoire avec la sobriété d’un chroniqueur pur-sang. Une écriture essentielle qui ne sèche jamais. Un livre qui est aussi un document précis de ces années-là. Un outil pour toujours garder la mémoire vivante et nous garder en garde contre les abus et la violence.

La rencontre avec l’auteur à BookCity Milan

Ugo Savoia présentera son livre “Sur le côté droit» à Milan dans le cadre de BookCity le samedi 18 novembre (18h) dans la salle Biancamano du Musée National des Sciences et de la Technologie. Sergio Harari, Fiorenzo Marco Galli, Pia Ucelli di Nemi et Giovanna Majno y participent.

10 novembre 2023 (modifié le 10 novembre 2023 | 12h00)



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