2023-09-03 08:24:10
EC’est une des curiosités de l’histoire mondiale que les Byzantins, connus pour leur foi chrétienne, aient dû leur survie historique, entre autres, à l’invention d’un alchimiste syrien. Cet homme nommé Kallinikos avait inventé une arme sinistre appelée feu grégeois, un liquide inflammable à base de pétrole qui, lancé à partir de seringues, brûlait même en mer et jouait un rôle crucial dans la repousse des sièges arabes de Constantinople en 674-678 et 717/18.
Sous le feu grégeois, les flottes byzantines luttèrent pour affirmer leur suprématie navale du VIIe au IXe siècle et sécurisèrent les terres côtières de l’Empire romain d’Orient, tandis que l’arrière-pays des Balkans et de l’Italie fut envahi par les Sarrasins, les Slaves et les peuples de cavalerie venus d’Asie.
Ce n’est qu’en Asie Mineure que les conditions étaient quelque peu différentes. Ici aussi, les villes portuaires constituaient l’épine dorsale de la puissance byzantine. Mais avec la constitution dite thématique, une organisation provinciale était née là-bas, qui maintenait également les pays de l’intérieur sous la domination des empereurs. Les sujets individuels étaient les districts de commandement des stratèges, des commandants militaires dont les armées étaient recrutées parmi les soldats auxquels étaient assignés des emplois de paysans pour subvenir à leurs besoins.
L’efficacité de ces unités fut démontrée le 3 septembre 863. Petronas, stratège du thème Thrakesion en Asie Mineure occidentale, avec les troupes des autres thèmes, remporta une victoire décisive sur la rivière Lalakaon sur Omar, émir de Melitene (Malatya en Anatolie orientale). Dès lors, les dirigeants musulmans devaient s’abstenir de toute invasion à grande échelle pendant 200 ans.
Le succès est tombé sous le règne d’un empereur pour le moins controversé parmi les historiens. Michel III (839-867) avait déjà succédé à son père Théophile à l’âge de deux ans. Sa mère énergique Théodora et son eunuque Théoktistos réussirent à assurer la couronne à leur fils grâce à leur règne. Cependant, lorsque Michel eut 15 ans, il voulut rompre avec cette forte étreinte, bannit sa mère dans un monastère en 856 et fit assassiner Théoktistos par sa garde.
Avec Bardas, le frère de Théodoras accède à la tête de l’État. Il avait déjà tiré les ficelles lorsque Michael « a pris le pouvoir ». L’empereur « s’étant montré faible et irresponsable, ce fut Bardas qui s’empara bientôt du pouvoir », écrit l’historien britannique. John J. Norwich: “Homme d’État clairvoyant et doté d’une énergie apparemment illimitée, il a façonné une époque qui est entrée dans l’histoire comme l’âge d’or.”
La clé de ce succès fut la victoire byzantine à Lalakaon. Malgré les grands succès défensifs de l’empereur Léon III. par mer et par terre contre les armées du califat abbasside de Bagdad, l’existence de Byzance fut dans une certaine mesure assurée. Mais depuis lors, les armées arabes envahissent régulièrement l’Asie Mineure, la privant de ses récoltes et de sa population. En 837/38, le calife Mutasim avait même avancé jusqu’en Asie Mineure occidentale ; il pilla la ville d’Amorion et massacra ses habitants.
En l’an 860 Michel III. lui-même à la tête d’une campagne contre l’émir de Mélitene, qui dut être interrompue. Une flotte de Varègues de Kiev était apparue devant Constantinople et n’aurait été persuadée de battre en retraite que grâce à l’œuvre d’une icône miraculeuse de la Mère de Dieu.
Trois ans plus tard, Omar, qui ne reconnaissait que formellement le calife de Bagdad comme suprême, envahit à nouveau l’Asie Mineure avec son armée. Il a d’abord pillé l’Arménie. En Cappadoce, il fut rejoint par une force de Pauliciens, une secte chrétienne dualiste persécutée à Byzance. Après que les alliés eurent pillé la ville portuaire d’Amisos (Samsun) sur la mer Noire, les Byzantins connurent leur premier succès défensif.
L’oncle de Michael, Petronas, fut alors chargé d’agir contre les envahisseurs. Selon des sources arabes, Michael aurait également rejoint l’armée. L’armée des contingents thématiques combinés comptait prétendument 50 000 soldats, ce qui est certainement une exagération. Les Byzantins avancèrent vers Amisos en trois colonnes. À Porson, sur la rivière Halys (Kizihrmak), à près de 150 kilomètres au sud d’Amisos, ils rencontrèrent Omar au début de septembre 863, qui aurait eu avec lui environ 20 000 hommes.
Les deux généraux reconnurent l’importance d’une colline située à proximité immédiate et tentèrent de l’occuper la nuit. Les Byzantins étaient plus rapides. Cela leur a permis de bloquer le chemin de retraite de l’ennemi. Pour éviter l’encerclement imminent, le 3 septembre, Omar attaque les positions byzantines à l’ouest. Alors que les combats y faisaient rage, d’autres unités se rallièrent à l’armée musulmane-paulicienne. Omar est mort avec la plupart des siens. Seul son fils a pu se mettre en sécurité avec une partie de la garde du corps. Peu de temps après, il fut fait prisonnier par les Byzantins.
Avec la victoire de Lalakaon, l’année 863 devient « l’Annus mirabilis » (John J. Norwich) ou « le tournant dans les luttes byzantines-arabes », comme l’écrivait le grand byzantin. Georg Ostrogorski a interprété. “À partir de ce moment, ce sont les troupes byzantines qui recherchèrent à plusieurs reprises l’offensive et commencèrent à repousser lentement mais obstinément les frontières du califat et des États périphériques islamiques”, écrit l’historien. Ralph-Johannes Lilie. “Byzance acquit progressivement la suprématie militaire et devint pendant longtemps la puissance suprême de la région.”
La même chose s’applique aux Balkans. L’Empire bulgare, qui avait jusqu’alors flirté avec l’adoption du christianisme sous la direction papale, reconnut la puissance accrue de Constantinople en s’ouvrant à ses missionnaires orthodoxes. En 864, le tsar Boris fut baptisé et prit le nom de l’empereur Michel, qui lui servit de parrain. Ce n’est que dans le sud de l’Italie et en Sicile que Byzance subit des revers contre les Sarrasins musulmans.
Le bilan en matière de politique étrangère de Michel III, longtemps décrit comme un « ivrogne amateur d’orgie », est donc impressionnant. Sur le plan intérieur, il a eu moins de chance. Afin de se libérer du tout-puissant Bardas, il favorise la carrière de l’ancien garçon d’écurie Basileios. Il a aidé l’empereur à se débarrasser du ministre, mais en 867, il s’est emparé lui-même de la pourpre, à laquelle Michel n’a pas survécu. Basileios devint le fondateur de la dynastie macédonienne, sous laquelle Byzance connut une renaissance politique, économique et culturelle.
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