Bron. Le cerveau s’opère désormais en 3D

La présence d’écrans est désormais habituelle au bloc opératoire mais ils sont particulièrement nombreux dans cette salle de l’hôpital Femme-Mère-Enfant (HFME) à Bron où ce matin, le P^r Federico Di Rocco, neurochirurgien, s’apprête à réaliser avec un collègue une chirurgie crânienne sur un adolescent à l’aide d’un exoscope, un outil de microchirurgie augmentant la qualité de la vision.

Cet exoscope Aesculap AEOS, fabriqué par la société allemande B.Braun et dont l’HFME est équipé depuis mars, est un microscope numérique doté des avantages de la robotique puisqu’il est couplé à un bras articulé. Au bout de ce bras, une caméra digitale permet de contrôler les mouvements, la position et l’angle de vision, tout en diffusant de la lumière. Les images sont projetées sur écran… et en 3D. Et la différence avec l’image en 2D saute aux yeux dès que l’on regarde avec les lunettes pour ça. La vision en réalité augmentée des instruments et des tissus du patient est saisissante.

L’intervention du jour consiste à repositionner un volet crânien. Le chirurgien a dû l’enlever il y a quelques semaines pour soulager la pression générée par une infection au niveau du cerveau. Utilisé pour ce type de chirurgie non-profonde, l’exoscope permet d’élargir le champ de vision et de mieux appréhender la profondeur. Dans le cas d’une intervention sur une tumeur cérébrale, « mieux voir permet de mieux identifier la lésion et les zones saines afin d’enlever au maximum les tissus cancéreux et au minimum les tissus sains. C’est un gain pour la survie et pour la qualité de vie du patient puisqu’il aura moins de séquelles », explique le P^r Federico Di Rocco.

Anticiper les besoins du chirurgien

L’autre avantage de l’exoscope par rapport au microscope, c’est que toute l’équipe – assistants, anesthésistes, infirmiers, internes et étudiants – voit exactement ce que voit le chirurgien sur les multiples écrans de la salle opératoire. Les intervenants peuvent donc anticiper les besoins du chirurgien. Et c’est aussi une plus-value sur le plan pédagogique pour l’enseignement des futurs chirurgiens. Depuis mars, Federico Di Rocco a réalisé une trentaine de chirurgies de surface du cerveau, du rachis et de la moelle épinière sous exoscope. À court terme, le service de neurochirurgie pédiatrique de l’HFME devrait réaliser une centaine d’interventions annuelles avec l’exoscope et le P^r Di Rocco se projette sur l’étape suivante : l’intégration d’autres images comme les IRM pré-opératoires.

« La technologie standard actuelle est le microscope profond et le nôtre a été renouvelé il y a deux ans. L’exoscope est un outil innovant qui n’est pas encore un standard », précise le P^r Federico Di Rocco. C’est pourquoi le neurochirurgien a dû faire appel au mécénat pour acquérir cet appareil.

D’un montant de plus de 300 000 €, il a été en grande partie financé par la Fondation HCL, qui a collecté les trois-quarts de la somme auprès d’entreprises, de fondations et d’associations.