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Black Mirror : une réflexion sur notre dépendance aux nouvelles technologies selon le sociologue Vincenzo Susca

Black Mirror : une réflexion sur notre dépendance aux nouvelles technologies selon le sociologue Vincenzo Susca

En juin, la très attendue 6e saison de “Black Mirror” est sortie. En 2011, cette série anglaise avait bouleversé les téléspectateurs en proposant une réflexion sur le monde actuel et notre relation aux nouvelles technologies. Le sociologue Vincenzo Susca en fait une analyse dans un livre.

“Black Mirror”, une série multiprimée, dévoile notre société à un moment crucial de sa relation avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. “‘Black Mirror’ parle de notre réalité dans le contexte d’une dépendance généralisée à la technologie”, souligne le sociologue Vincenzo Susca, enseignant-chercheur à l’Université Paul-Valéry de Montpellier, spécialiste de l’imaginaire et de la culture numérique. Il est co-auteur, avec Claudia Attimonelli, du livre “Black Mirror et l’aurore numérique” publié par les éditions Liber.

“Black Mirror” est une série d’anticipation. Pourtant, le futur qu’elle propose semble très proche de nous, et c’est là toute la génie de son réalisateur, Charlie Brooker. “Il construit chaque épisode à partir de quelque chose qui a déjà eu lieu, donc il ne s’agit plus de viser le futur comme c’était le cas de la ‘vieille science-fiction’, mais de mettre en évidence la manière dont notre quotidien est imbriqué, enchaîné, par les technologies, toutes les technologies”, précise le sociologue.

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“Black Mirror”, comme d’autres récits dystopiques, fascine et révèle nos peurs les plus profondes liées à la technologie ou à notre avenir avec elle. Marc Atallah, directeur de la Maison d’Ailleurs à Yverdon, définit la dystopie comme “un récit de nos aliénations dans un monde transformé par des règles qui – apparemment – ont été posées pour que l’existence humaine soit meilleure”.

“Ce genre de récit a toujours permis aux gens de sublimer, de voir ou même d’exorciser le mal-être et les angoisses. Avec ‘Black Mirror’, nous avons une sorte de jouissance vis-à-vis de notre propre catastrophe transformée en spectacle. […] Le plaisir que nous avons à regarder ce genre de série réside aussi dans le fait de voir notre propre décadence”, explique Vincenzo Susca.

Les séries comme “Black Mirror” esthétisent et subliment donc notre propre déchéance. Ces dernières années, notre rapport à la dystopie et aux nouvelles technologies a beaucoup évolué. “Nous avons intégré les technologies dans nos vies, et même dans nos corps. […] Nous ne sommes plus les mêmes, si bien qu’on parle de post-humanisme, c’est-à-dire que l’être humain n’est plus le centre du monde”, précise le sociologue.

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“Black Mirror” montre la dépendance croissante des êtres humains aux technologies et ses conséquences sur notre vie quotidienne. Charlie Brooker introduit également dans sa série beaucoup de nostalgie en dévoilant un humain qui souhaiterait se déconnecter. Pour Vincenzo Susca, cet être humain capable de vivre sans technologie est une sorte d’utopie, car il semble peu probable que l’humanité puisse se défaire de cette dépendance, acquise au fil des siècles.

La série révèle un aspect très sombre de notre relation avec le numérique, mais elle invite également à réfléchir sur la manière dont il impacte nos vies. “Sans doute, c’est l’un des objectifs de l’auteur de la série: provoquer le public, le réveiller face à la condition dont il est prisonnier. […] L’aspect le plus intéressant de la série est: comment peut-on en sortir? Comment briser le Black Mirror?”, conclut le sociologue.

Propos recueillis par Aleksandra Planinic
Adaptation web: Lara Donnet
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