2023-06-20 06:42:52
Le premier épisode de la sixième saison nous fait réfléchir sur les algorithmes comme moteurs de vie et sur le risque de perdre le contrôle de son image
Le premier épisode de la sixième saison de Miroir noir“Joan is terrible”, écrit par le créateur et producteur de la série elle-même, Charlie Brooker, donne envie de se plonger dans la théorie, pensée pour “réfléchir” sur les contenus créés par l’intelligence artificielle, sur les algorithmes comme moteurs de la vie, sur l’utilisation de deepfakes d’acteurs célèbres, sur le risque de perdre le contrôle de son image à cause de technicités contractuelles difficilement compréhensibles.
Une dirigeante de start-up (Annie Murphy) pas particulièrement sympa, elle rentre chez elle et découvre que sur la plateforme Streamberry (très proche de Netflix), celle qui diffuse Miroir noir) une série est diffusée avec Salma Hayek en protagoniste qui reproduit sa vie, les moments personnels et professionnels qu’elle a vécus récemment (“ils se sont passés il y a une dizaine de minutes” commente Joan étonnée).
À ce stade, le miroir entre en jeu, la métaphore parfaite à la fois de la connaissance humaine (on ne connaît que par spéculum dans une énigme) et de la façon dont on s’exprime en apparence (“Le miroir, dans le monde des signes, devient le fantôme de lui-même, caricature, dérision, mémoire”, U . Eco, «Sur les miroirs»). Le miroir est métanarratif : Streamberry est le reflet de Netflix, la Salma Hayek d’Annie Murphy, la fiction de la réalité qui est déjà fiction elle-même, dans une construction tourbillonnante dans les abysses. Inévitablement, la duplication mise en place par l’intelligence artificielle a un impact important sur la vie privée, rompant des liens affectifs qui, pourtant, étaient peut-être déjà rompus. Il y a même la tentative presque parodique d’expliquer les changements avec une séance d’analyse où le fil conducteur est la recherche d’un “récit de vie”, qui, fatalement dupliqué dans la série, crée une redondance des interprétations.
L’intelligence artificielle ramène un ancien problème, déjà abordé par le passé : le mythe de Narcisse a toujours été lu comme un sermon sur la vanité. Narcisse n’est pas tué par la langueur d’un amour impossible, mais par son propre double déguisé en Narcisse. C’est à partir de ce moment que le miroir génère des fantômes, “réfléchissant” sur la réalité.
20 juin 2023 (changement 20 juin 2023 | 05:42)
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