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avec le «Corriere» les vers du poète lauréat du prix Nobel Corriere.it

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De DANIEL PETIT

A partir du 28 mars avec le journal le deuxième volume de la série “La poésie appartient à tout le monde”, consacré à l’auteur polonais, prix Nobel, qui a conquis le public, parce que ses vers ne vivent pas “contre” le monde mais “avec ” le monde

Un grand succès a toujours une raison. Celui de Wisława Szymborska (1923-2012), qui à un certain moment en Italie est devenu aussi populaire que les auteurs de poésie le sont rarement, a une raison simple, que nous pourrions expliquer comme suit. La poésie de cet auteur polonais est inconcevable contre le monde, mais con le monde. La poésie moderne a souvent été antagoniste, oubliant ou peut-être mettant entre parenthèses, presque en suspendant, la question de l’être des choses, leur splendeur irréductible de dons que nous ne comprenons pas. La poésie moderne est souvent, comme le dit Montale, un « suivre un mur / qui a des éclats de bouteilles pointus sur le dessus ». Ou comme dans Terre en friche par Thomas Stearns Eliot est un ensemble de fragments qui sous-tendent des ruines. C’est une forme de résistance contre une réalité sombre, dans laquelle transpire, au moins, comme chez Eugenio Montale, l’hypothèse d’une libération, d’une évasion par le “trou”.


Je retrouve cette propension à explorer et à rendre habitables en fraternité les territoires les plus inhospitaliers, le sens de l’inquiétude m’appartient, la recherche de l’introuvable, bref, ressentir la réalité comme insuffisante (c’est l’expérience de L’infini léopard). Et pourtant parfois certains poètes, issus peut-être d’expériences pénibles, nous rappellent aussi l’autre moitié du dilemme : le caractère surprenant de ce qui existe, de ce qui rayonne et pulse malgré « le mal de vivre ». Ils mettent devant nos yeux l’être comme principe d’émerveillement, le détail et le particulier comme motifs de surprise. Ces poètes nous rappellent, sans forcément oublier l’horreur de l’histoire et les impitoyables lois de la naturel’unicité et la singularité de notre être là : pourquoi exactement ici et maintenant, pourquoi exactement comme ça et pas sous une autre forme ?

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Nous voici, avec cela, déjà dans la poésie mature de Szymborska : « Pourquoi si singulier ?/ Ceci et pas cela ? Et qu’est-ce que je fais ici ? / Un mardi ? Dans une maison et pas dans le nid ?/ Peau et non écailles ? Pas une feuille, mais un visage ?/ Pourquoi en personne une seule fois ? / Et sur terre ? Avec une étoile à côté ?/ Après tant d’époques de non-présence ?/ […]». C’est le poème Étonnementqui fait partie de la collection N’importe quel caspublié en ’72.

Ce n’est pas une question d’idéologie ou peut-être de parti pris. Parfois, les poètes les plus ouverts à la merveille du monde sont ceux qui conquièrent ce point de vue, dépassant souvent les clôtures, les murs, les barrières idéologiques. Pour Szymborska, qui a grandi dans la vraie Pologne socialiste après avoir été menacée par le nazisme, c’était ainsi : il ne s’agit pas pour elle d’opposer une nouvelle idéologie positive à une autre, de promulguer une sorte de bonheur nécessaire à imposer aux autres (c’est ce que font les régimes totalitaires, l’auteur le savait). Non, il s’agit de rester ouvert au secret des choses, à leur souffle. Il s’agit de rire, et c’était le cœur de son discours à l’occasion de la remise du prix Nobel à Stockholm en 1996, que nous nous ne savons pas. Je cite quelques passages de ce discours, intitulés Le poète et le monde: «L’inspiration, quelle qu’elle soit, vient d’un incessant ‘je ne sais pas’». Et encore: «Et toute connaissance dont ne surgissent pas de nouvelles questions, devient bientôt morte, perd la température qui favorise la vie». Et de conclure : « Dans le langage de la poésie, où chaque mot a un poids, il n’y a plus rien d’ordinaire et de normal. Pas de pierre, et pas de nuages ​​dessus. Pas de jour, et pas de nuit pour le suivre. Et surtout pas d’existence d’aucun être en ce monde. C’est pourquoi, selon le poète polonais, “ce monde est incroyable”.

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Quiconque s’émerveille et intrigue devant les êtres, les jours, les choses, non seulement tels qu’on les voudrait, mais tels qu’ils sont, dans leur imperfection, ne peut manquer de mêler une touche de comédie à la tragédie, ne peut manquer d’ajouter au mélange de son propre travail une dose de légèreté. Ce n’est pas pour rien que Szymborska était une poétesse d’amour très originale. La deuxième version de la série La poésie appartient à tout le monde offre aujourd’hui une sorte de discours ininterrompu sur l’amour de la poétesse polonaise : c’est une sélection de ses poèmes sur le sujet, édités par son regretté traducteur italien, Pietro Marchesani, qui forment ensemble un petit traité presque involontaire. Vous ne manquez d’aucune sorte, d’aucune forme d’amour. Le romantique et le quotidien. L’heureuse et celle qui pense que les amours heureuses n’existent pas. En attendant Dino Campana, Montale, Alda Merini, tous les grands auteurs de la série, conçue pour redécouvrir le mot poétique comme quelque chose qui nous concerne et nous interpelle, Szymborska nous révèle l’amour dans tous ses plis et ses visages. Car il y a autant d’amours qu’il y a d’êtres et de mondes intérieurs. Car nous n’arrêterons jamais de nous chercher, dans l’autre : « Nous chercherons une harmonie,/ souriante, dans les bras,/ même si nous sommes différents/ comme deux gouttes d’eau ».

La série : 25 numéros. le tome à 3,90 euros


Est intitulé Le livre des événements
il est toujours à moitié ouvert le deuxième tome de la série La poésie appartient à tout le monde, qui à partir du 21 mars propose chaque mardi à petit prix (3,90 euros plus le prix du journal) 25 volumes édités par Daniele Piccini et dédiés à autant de grands auteurs. Si le premier numéro proposait une sélection de textes du prix Nobel chilien Pablo Neruda (1904-1973), mardi 28 mars, c’est au tour du poète polonais Wisława Szymborska (1923-2012), dont on commémore cette année le centenaire, en son temps lauréat en 2006 d’un prix Nobel. Ils seront suivis par le Grec Costantino Cavafis (4 avril), puis notre Alda Merini (11 avril), Eugenio Montale, ou encore un autre Nobel (18 avril), Charles Baudelaire (25 avril) et bien d’autres. Ce sont des anthologies qui sélectionnent des compositions particulièrement significatives pour chaque auteur (les textes d’amour, dans le cas de Szymborska) et chaque volume est accompagné d’une introduction de Piccini – critique, signature familière au public de “la Lettura” et poète qu’il lui-même — qui illustre la figure et la fortune de l’auteur. Quant à Szymborska, il a étudié la littérature et la sociologie à Cracovie, la ville où il vivra toujours même avec des voyages réguliers aux Pays-Bas. Après la guerre, il collabore avec le magazine “Walka”, adhérant aux canons esthétiques du socialisme réel, de 1953 à 1981, il fait partie de la rédaction du magazine “La vie littéraire”. et a publié son dernier recueil de poésie, Deux points2 novembre 2005. En 1954, il a reçu le prix de littérature de la ville de Cracovie, en 1991 le prix Goethe, en 1995 le prix Herder et le diplôme à l’honneur de l’Université de Poznan et en 1996 le prix Nobel de littérature.

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27 mars 2023 (changement 27 mars 2023 | 17h40)

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