2023-04-19 08:20:41
A Paris, dans le monde de la photographie de mode, Guy Bourdin était défini comme un “maudit”, terme réducteur si l’on songe à son génie, au talent perturbateur, à l’ironie qui transparaissent dans chacune de ses photos. L’exposition “Guy Bourdin: Storyteller” est à l’Armani/Silos à Milan, 100 photographies que Giorgio Armani a sélectionnées avec The Guy Bourdin Estate; visible jusqu’au 31 août des clichés et images emblématiques à découvrir ou redécouvrir.
L’idée de l’exposition dépasse le cliché qui entoure l’artiste connu pour ses photos « provocatrices » et construit une histoire, une séquence de l’œuvre immense de Bourdin qui, comme Armani, est tombé amoureux du cinéma, de la peinture avant même de pouvoir pour les incarner : la première dans des photos intemporelles, la seconde de façon absolue et unique. À la fois disruptifs et non conventionnels, c’est ce qui les unit le plus.
Bourdin, né à Paris en 1928, débute sa carrière de peintre, lors de son service militaire à Dakar en 1948-1949 il découvre la photographie, en 1951 il rencontre Man Ray, qui sera son grand ami, mentor : la veine surréaliste du photographe ne s’éteindra jamais. Couleur et noir et blanc, deux traits distinctifs.
VogueParis
En 1955, Vogue Paris lui commande son premier shooting de mode, lui laissant carte blanche ; la relation avec le prestigieux magazine se poursuivra jusqu’en 1987. Avec le même esprit non conventionnel, il réalisera d’importantes campagnes publicitaires. La photographie n’est qu’un des nombreux outils de l’artiste, sa première exposition est constituée de dessins et de peintures ; comme un tableau, chaque photo révèle une recherche précise de la composition et de la lumière. 21 photographies en noir et blanc montrent à quel point l’expressivité de Bourdin est puissante et immédiate même avec les contrastes les plus simples.
Guy Bourdin avait été abandonné enfant par sa mère, il se souvenait d’elle comme d’une femme svelte, fortement maquillée et aux cheveux roux. L’obsession féminine, la recherche d’un visage, un geste perdu apparaît dans chacune de ses photos ; il place ses modèles dans des lieux sans fioritures et sinistres, il les met à l’envers, sur certaines photos seules les jambes des mannequins apparaissent, la solitude règne, pourtant l’humour de chaque composition déplace le visiteur et suscite un demi-sourire.
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