Quoi de mieux, pour commencer son règne en fanfare, que de repartir avec une couronne ? Aryna Sabalenka n’a pas encore soulevé le trophée de l’US Open, qualifiée à ce stade pour les demi-finales du dernier tournoi du Grand Chelem de la saison, où elle affronte jeudi 7 septembre, dans la nuit, l’Américaine Madison Keys devant son public.
Mais la Biélorusse est consciente que s’imposer samedi, à l’issue de la quinzaine new-yorkaise, entérinerait son sacre de nouvelle reine du circuit mondial. Grâce à la défaite en huitièmes de finale de la Polonaise Iga Swiatek, tenante du titre, Sabalenka est mathématiquement assurée de devenir lundi (à la publication du prochain classement WTA), le 29e joueuse de l’histoire à occuper le fauteuil de numéro 1 mondiale.
« Pour être honnête (…)je ne voulais pas devenir numéro 1 comme ça, j’aurais préféré une bataille [si elles s’étaient retrouvées en finale, les deux joueuses auraient joué la place de numéro 1 en plus du titre] », a-t-elle réagi après son quart de finale. Sans pour autant faire la fine bouche : « Ça veut dire beaucoup pour moi, j’ai fait tellement [d’efforts] cette année pour y arriver. Il y a quelques années, j’ai commencé à me dire que je pouvais atteindre ce rang, mais je n’étais pas prête mentalement. Pour être numéro 1, il faut être constante en tournois. »
Rattrapée par ses liens avec Loukachenko
Oubliées ses 428 doubles fautes en 55 matchs en 2022, la grande cogneuse (1,82 m) se voit aujourd’hui récompensée pour sa régularité depuis le début de la saison. Dernière membre du Top 5 mondial dans le dernier carré à Flushing Meadows, la joueuse de 25 ans est aussi la seule à avoir déjà connu l’ivresse des cimes tennistiques avec un titre à l’Open d’Australie, fin janvier. Sous bannière neutre, et donc sans drapeau ni hymne biélorusse, dans le contexte de la guerre en Ukraine, elle remporte le WTA 1000 de Madrid, atteint ensuite les demi-finales à Roland-Garros puis à Wimbledon.
Une saison en forme de montagnes (biélo)russes pour la native de Minsk, qui s’est retrouvée rattrapée par la polémique sur le terrain géopolitique, à Roland-Garros. Avec l’accord des organisateurs, Sabalenka avait « séché » deux conférences de presse d’après-match, lasse d’être interrogée sur son positionnement – alors ambigu – sur la guerre en Ukraine ou ses liens avec le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, proche allié de Vladimir Poutine.
Le 31 décembre 2020, après une année marquée par la répression de manifestations prodémocratie en Biélorussie, Sabalenka avait fêté le Nouvel An à Minsk avec l’autocrate, en compagnie d’autres personnalités soutenant le régime. « Evidemment, c’est bien de naître dans un pays où le président soutient le sport comme personne d’autre et est prêt à apporter son aide dans les moments difficiles », disait-elle, en 2019, dans une interview au média indépendant Tut.by – fermé depuis les manifestations de 2020 contre le pouvoir.
A la porte d’Auteuil, Aryna Sabalenka avait fini par clarifier sa position. A la question « Vous avez dit que vous ne soutenez pas la guerre. Mais soutenez-vous toujours Alexandre Loukachenko ? », la numéro 2 mondiale avait répondu : « C’est une question difficile… Je ne soutiens pas la guerre, donc je ne soutiens pas Loukachenko en ce moment. »
Le président biélorusse n’avait pas manqué de féliciter sa compatriote pour son sacre à Melbourne fin janvier. En fera-t-il de même en cas de nouvelle victoire, samedi ?
