Le président français Emmanuel Macron et sa première ministre Elisabeth Borne ont réagi aux manifestations anti-policières qui se sont emparées du pays depuis le meurtre par la police de Nahel M, 17 ans, à Nanterre la semaine dernière en renforçant délibérément les forces d’extrême droite et fascistes au sein du État et dans la politique française.
Ni le président ni le Premier ministre ne se sont distancés des affirmations incendiaires du syndicat de la police selon lesquelles ils sont en « guerre » avec « ces hordes sauvages ». Au lieu de cela, Macron et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ont rendu visite aux chefs de police lundi soir pour exprimer leur soutien total.
Ils ont mobilisé jusqu’à 45 000 policiers par nuit, qui, en tenue anti-émeute et lourdement armés, ont pris des mesures contre les jeunes rebelles, dont beaucoup étaient des mineurs. Plus de 4 000 ont été arrêtés en une semaine.
Vendredi dernier, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a envoyé une circulaire aux procureurs exigeant une “réponse rapide, ferme et systématique” contre les personnes arrêtées et, s’ils sont mineurs, contre leurs parents. « Ce n’est pas l’État qui éduque les enfants, mais leurs parents », a déclaré le ministre aux journalistes. Les mères ou les pères jugés pour avoir “compromis la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de leur enfant mineur” pourraient encourir jusqu’à deux ans de prison et des dizaines de milliers d’euros d’amende. Avant, le président Macron avait appelé « tous les parents à prendre leurs responsabilités ».
La circulaire Dupond-Moretti indiquait aux procureurs que, « outre les qualifications habituelles des atteintes aux personnes et aux biens », l’infraction pouvait comprendre « la rébellion, la participation à un groupement en vue de préparer des violences ou des dégradations, et la participation à une manifestation en portant une arme ». Il a mis un accent particulier sur la violence contre les forces de l’ordre.
Depuis lors, les tribunaux ont commencé à juger les accusés en référé. Jusqu’à 30 personnes par jour sont jugées par un tribunal unique. Ceux qui clament leur innocence restent en détention provisoire jusqu’à ce qu’un procès régulier ait lieu.
Dans un discours à l’Assemblée nationale mardi, la Première ministre Elisabeth Borne a pleinement soutenu ce cours, précisant que “de lourdes peines ont été prononcées” et que le gouvernement enquête également pour savoir si “des sanctions pénales peuvent être prises à l’encontre des parents qui laissent leurs enfants… traîner”. le soir et incendié nos mairies et commissariats.
Les événements de la semaine dernière en France ont révélé la profonde haine populaire ressentie envers la classe dirigeante et ses représentants politiques. Plus de 300 banques et 220 bâtiments du gouvernement local ont été endommagés par les manifestants. Les premières estimations des dommages causés par les affrontements s’élèvent à plus d’un milliard d’euros.
Les protestations se sont concentrées sur les banlieues, les banlieues pauvres. Au total, il y a 1300 zones résidentielles en France classées par le gouvernement comme quartiers prioritaires. Ils abritent 5,4 millions de personnes, dont 40 % ont moins de 25 ans. La moitié des moins de 18 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Il y avait déjà eu des protestations contre les conditions épouvantables dans les banlieues en 2005. Le ministre de l’Intérieur de l’époque et futur président Nicolas Sarkozy avait menacé de nettoyer les banlieues avec un “kärcher” (un nettoyeur à haute pression). Depuis lors, chaque gouvernement – qu’il soit conservateur ou « socialiste » – a aggravé la situation. Au lieu d’améliorations sociales, il y avait plus de policiers qui terrorisaient systématiquement les jeunes. En 2017, le gouvernement du président François Hollande, membre du Parti socialiste, a adopté une loi qui permettait à la police d’utiliser des armes non seulement pour se défendre, mais aussi lorsque quelqu’un refusait de suivre les instructions de la police.
Il est bien connu que les partisans du Rassemblement national d’extrême droite de Marine Le Pen et des organisations fascistes sont nombreux dans la police. Le ministre de l’Intérieur Darmanin est lui-même un ancien membre du groupe politique d’extrême droite Action française.
Depuis l’assassinat policier de Nahel M, les forces d’extrême droite se mobilisent ouvertement en soutien au policier qui lui a tiré dessus de sang-froid. Un site de financement participatif en soutien au policier a levé plus de 1,3 million d’euros avant d’être fermé. Plus de 70 000 personnes ont contribué. Le fonds a été lancé par le journaliste d’extrême droite Jean Messiha, partisan du candidat islamophobe à la présidentielle Eric Zemmour.
Ce sont ces forces fascisantes qui sont mobilisées et encouragées par le gouvernement Macron. Dans son discours à l’Assemblée nationale mardi, la Première ministre Borne a dénoncé la pseudo-gauche La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon dans des termes proches de ceux des fascistes.
Elle a accusé Mélenchon d’avoir « rejeté tous les appels au calme », « jeté de l’huile sur le feu » et « instrumentalisé » le meurtre de Nahel. “Quand votre chef parle d’un permis de tuer pour la police, de la peine de mort pour les jeunes des quartiers et nous traite de chien de garde, vous sortez du champ républicain”, a-t-elle accusé les députés LFI.
Quelques jours plus tôt, la cheffe de file de l’extrême droite, Marine Le-Pen, avait tweeté que LFI était un parti politique “qui appelle clairement au désordre et à la violence”. Eric Zemmour, s’exprimant samedi sur CNews, a déclaré “Nous sommes entre les émeutes et la guerre, ce sont des émeutes ethniques qui pourraient se transformer en guerre civile”. Il a poursuivi : “Jean-Luc Mélenchon est un danger pour la France… il est l’incarnation de cet électorat qui veut abattre et islamiser la France”.
Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français de plus en plus ultra-nationaliste et pro-flic, s’est joint aux attaques d’extrême droite contre Mélenchon, déclarant : « Je me dissocie totalement des propos de Jean-Luc Mélenchon et des députés qui refusent de appeler au calme et légitimer cette violence urbaine.
Ces remarques fascisantes ont incité des foules d’extrême droite à se joindre à l’assaut de la police contre les manifestants. Des miliciens d’extrême droite connus attaquaient des manifestants à Lorient, Angers, Chambéry et Lyon. Deux manifestants à Angers ont été hospitalisés après avoir été agressés par un groupe d’hommes masqués brandissant des battes de baseball et des barres de fer.
Dans la ville de Lorient, dans l’ouest de la France, des hommes masqués en civil, qui battaient des jeunes manifestants, ont été identifiés comme membres d’une unité navale de la marine française. La police les a laissés partir. Selon le journal local Le Telegramme, un policier a expliqué que les policiers ont laissé intervenir les “contre-émeutiers” “parce qu’ils nous aidaient”. Ils avaient agi “un peu trop durement”, a-t-il admis.
La véritable cible du gouvernement Macron et des politiciens d’extrême droite n’est pas Mélenchon, mais la classe ouvrière. Mélenchon est connu pour être un fidèle serviteur de l’État capitaliste. Il a été membre du gouvernement de Lionel Jospin, qui n’a quitté ses fonctions que trois ans avant que les manifestations de 2005 dans les banlieues n’éclatent.
Les critiques sourdes de Mélenchon sur les violences policières visent à renforcer la confiance dans la police. Il ne propose pas de mobiliser la classe ouvrière contre les violences policières et pour la défense de la jeunesse opprimée, mais de « réformer » une police infestée de fascistes en lui donnant une meilleure formation et plus d’équipement.
Les protestations des jeunes dans les banlieues ont suivi les protestations des gilets jaunes et les protestations contre les coupes dans les retraites, qui ont été opposées par 80 % de la population et ont vu une violente répression contre des millions de manifestants. Le gouvernement Macron sait que la lutte des retraites n’était qu’un prologue pour les luttes futures contre l’État capitaliste
Le renforcement délibéré des forces d’extrême droite et fascistes par le gouvernement Macron n’est pas seulement dirigé contre la jeunesse des banlieues, mais contre la classe ouvrière dans son ensemble. Comme l’a expliqué le WSWS dans une déclaration sur les manifestations : « Les travailleurs ne peuvent pas laisser les jeunes se battre seuls. Toutes les actions du gouvernement, qui acquièrent un caractère de plus en plus imprudent et autoritaire, seront dirigées contre toute manifestation d’opposition aux diktats des entreprises et de l’élite financière.
Confronté à une opposition sociale croissante, le « président des riches » tend vers le fascisme et attise une frénésie contre toute opposition de gauche à son programme d’austérité et de guerre.
La forme explosive – et destructrice – des protestations des jeunes contre les violences policières et la présidence de Macron s’explique par l’intersection d’une colère sociale massive qui existe parmi la jeunesse et les travailleurs français d’une part, et l’absence d’une perspective politique révolutionnaire d’autre part.
Après des mois de lutte acharnée contre la réduction des retraites de Macron et le soutien majoritaire à une grève générale pour vaincre le président, la lutte a été stoppée par les bureaucraties syndicales et leurs partisans dans les partis de la pseudo-gauche. Sentant que les partis politiques traditionnels ne feront que trahir leur lutte, les émeutes actuelles sont le seul moyen pour la jeunesse d’exprimer sa colère.
Le soutien sans relâche du gouvernement Macron à ses forces de police fascistes après le meurtre d’un garçon innocent de 17 ans expose à nouveau la réalité à laquelle est confrontée la classe ouvrière en France et en Europe. Dans des conditions de grave crise économique et de recherche de fonds pour soutenir sa guerre impérialiste contre la Russie en Ukraine, la classe dirigeante française construit un État policier alors qu’elle passe rapidement à l’autoritarisme et à la dictature.
La seule façon de s’opposer à la violence policière et à l’austérité est de mobiliser la classe ouvrière sur un programme socialiste international et de construire le Parti de l’égalité socialiste comme sa nouvelle direction. Le PSE propose la construction de comités de travailleurs de base indépendants des bureaucraties syndicales traîtres et de leurs appendices de pseudo-gauche. Ces comités doivent être mobilisés pour faire tomber le gouvernement Macron par une grève générale et se préparer à former la base d’un transfert du pouvoir de l’État à la classe ouvrière.
2023-07-07 02:04:19
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