Angoulême : la salle de sport Palladium vendue en pièces détachées

Les particuliers, en quête d’outils haut de gamme à portée de bourse, tentent leur chance. Maé Pham, angoumoisine de 41 ans, s’est donnée 300 € pour acquérir du matériel de musculation « pour l’avoir chez moi. Neuf, c’est hors de prix, et c’est du matériel professionnel. » En retrait, Olivier Lablanche zieute les rameurs et vélos fixes. Le président du club de foot de La Rochefoucauld est en mission, environ 800 € en poche : « On transforme notre boutique en salle de muscu. Neuf on n’aurait pas pu se le permettre, c’est de l’associatif, hein. » Silvia Barusseau consent jusqu’à 200 € pour un vélo d’appartement. « Mais j’ai l’impression que je ne ferai pas le poids face aux professionnels », hésite la retraitée.

Neuf, c’est hors de prix, et c’est du matériel professionnel.

Les premières enchères lui donnent raison. « 750 à gauche, 780 devant, 800, 820 € »débite sans respirer Vincent Gérard-Tasset, le commissaire-priseur. L’acquéreur de l’énorme tapis de course vient de loin. « On va ouvrir une salle à Lyon »présente Rudy Calatayud. Lui et son associée ont ciblé plusieurs lots sur internet. Une manière de garnir leur futur gymnase à moindre coût. C’est également « une démarche pour limiter notre empreinte écologique », vend Johane Benoite. Banc et portique de muscu, presses, machine de traction… Le duo saute sur une bonne partie des pièces.

Dans leur sillon, la poignée de gérants de salles de sport rafle tous les gros lots de la matinée. Damien Bru, patron d’Access Forme, à Luxé, repart avec des tapis, trampolines et un vestiaire complet. « J’ai une petite salle de remise en forme et je veux m’agrandir »explique l’entraîneur. Les téléphones des assistants du commissaire-priseur crépitent devant un présentoir rempli de poids. Les mises s’envolent, de 300 à 850 €. Une fois, deux fois, trois fois. Adjugé à une salle de Saintes. Thomas Peninon succombe à un lot d’aquabike pour 300 €. Coach sportif à Saintes, il a flairé le bon coup. « Il y a de bonnes affaires, un lot de quatre racks d’haltères s’est vendu 500 €, c’est même pas le prix d’un seul neuf. »

Des poids de mécano

Un profil dénote au milieu de l’assemblée de connaisseurs. Richard Gire, combinaison rouge sur le dos, observe les tractations. Le garagiste de Gond-Pontouvre a laissé son atelier une paire d’heures pour un objectif bien précis : « Je cherche des poids pour lester les voitures lors des réglages des trains avant et arrière, c’est plus facile qu’avec des bidons d’eau. »

Pas de pot pour le mécano, les haltères s’arrachent à prix d’or. « Je continuerai à chercher »rigole le professionnel. Silvia Barusseau a plus de chance. Elle repart avec un vélo à 160 €. Face à l’envolée des offres pour les appareils de musculation, Maé Pham baisse les bras. L’Angoumoisine quitte les lieux avant la fin de la vente. Les gros poissons nagent entre eux.

Un bâtiment à 1,4 M€

Laurent Sazerac évolue dans d’autres sphères financières. L’agent immobilier chargé de la vente de l’immeuble de Palladium ne se bagarre pas pour quelques centaines d’euros. « Les propriétaires en veulent au moins 1,4 M€ »indique-t-il. Le professionnel a déjà des touches. Les projets vont de l’immeuble d’habitation, divisé en lofts, au bâtiment de bureaux. Le bien comprend 1 500 m² intérieurs, un parking de 70 places et un terrain à bâtir. Les pièces désormais débarrassées du matériel, l’agent compte avancer sur le dossier. Il espère une vente effective d’ici mi-2024.