Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a récemment tiré la sonnette d’alarme quant à la situation préoccupante du choléra en République démocratique du Congo (RDC). Cette épidémie a été qualifiée de “pire en six ans” et affecte particulièrement les enfants.
Depuis le début de l’année, plus de 8 000 enfants de moins de 5 ans ont été infectés par cette maladie, soit six fois plus que l’ensemble de l’année 2022. L’UNICEF a attribué cette augmentation au développement des conflits et des déplacements dans l’est du pays.
Au total, on a comptabilisé au moins 31 342 cas suspects ou confirmés de choléra et 230 décès dans tout le pays depuis le début de l’année, dont beaucoup concernent des enfants. La province la plus touchée est le Nord-Kivu, avec plus de 21 400 cas confirmés ou suspects, dont plus de 8 000 enfants de moins de 5 ans. Comparé aux 5 120 cas enregistrés en 2022, dont 1 200 concernaient des enfants de moins de 5 ans, ce chiffre est particulièrement inquiétant.
La coordinatrice principale des urgences de l’UNICEF en RDC, Shameza Abdulla, souligne l’urgence de prendre des mesures pour empêcher la propagation de la maladie. Si rien n’est fait rapidement, il y a un risque que le choléra se propage dans des régions du pays qui n’ont pas été touchées depuis de nombreuses années, notamment les camps et les sites de déplacés où la population, en particulier les enfants, est déjà vulnérable.
En 2017, une épidémie de choléra similaire avait touché l’ensemble du pays, y compris la capitale Kinshasa, entraînant près de 55 000 cas et plus de 1 100 décès.
La RDC connaît actuellement la pire crise de déplacements en Afrique et l’une des plus importantes au monde, avec plus de 6,3 millions de personnes déplacées à travers le pays. Rien qu’en 2023, plus de 1,5 million de personnes, dont plus de 800 000 enfants, ont été déplacées dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri.
Les camps de déplacés sont souvent surpeuplés et manquent d’infrastructures sanitaires adéquates, ce qui facilite la transmission du choléra. Par exemple, dans les camps de déplacés autour de la capitale Goma, près de 300 000 personnes, dont 183 000 enfants, n’ont pas accès à suffisamment d’eau. Moins d’un tiers des personnes ont accès à des latrines, et en moyenne, 159 personnes doivent partager une latrine.
Des enquêtes ont révélé que les familles touchées par le choléra étaient principalement des familles déplacées, qui sont également confrontées à d’autres risques sanitaires tels que la malnutrition et le manque d’accès aux soins prénatals et à la vaccination.
Pour faire face à cette crise du choléra, l’UNICEF a lancé un appel de 62,5 millions de dollars pour renforcer ses activités de prévention et de réponse, notamment en fournissant de l’eau potable, des kits d’hygiène, des latrines, des fournitures médicales et des traitements adaptés aux enfants. Cependant, jusqu’à présent, cet appel n’a été financé qu’à hauteur de 9%.
