Dominant lors du camp de développement des Canadiens de Montréal cet été, Adam Engstrom brille par son absence au tournoi des recrues de l’équipe ; vous ne le verrez pas non plus au grand camp qui prendra bientôt son envol. Cependant, ce serait une grave erreur de penser qu’il se repose dans le confort de son pays natal en Suède.
On dit même qu’il a changé. On raconte que désormais, il bloque des tirs, ce qui surprend ses coéquipiers et lui attire de légères moqueries.
Engstrom a travaillé dur ces dernières semaines. Avec l’équipe de Rögle, il a participé à un camp d’entraînement très exigeant de deux mois, dont une journée complète d’exercices militaires dans la forêt.
Thomas Grégoire ne l’oubliera pas de sitôt. Le défenseur québécois de 25 ans, qui entame sa première saison dans la SHL avec Rögle, peut en rire aujourd’hui. Mais il a eu peur.
“Lors d’une des étapes, nous étions dans une piscine pendant deux heures. J’ai pensé que j’allais me noyer, je ne plaisante pas. Les gars, on paniquait”, dit-il au téléphone. Il admettra plus tard qu’il exagérait un peu, mais c’était quand même “angoissant”.
Grégoire a beaucoup de temps libre. Il a plusieurs heures de bus devant lui. Après une victoire de 3-2 contre Malmö lors du match d’ouverture, l’équipe de Rögle est partie pour Örebro.
Évidemment, au cours des deux derniers mois, il a eu largement le temps de faire connaissance avec Engstrom, son coéquipier prometteur qui jouera un rôle très important avec Rögle cette saison.
“Il est assis à côté de moi, si tu veux lui parler !”, dit Grégoire simplement.
Ce dernier essaie de passer le téléphone à son voisin dans le bus. En vain. Engstrom est occupé, semble-t-il. Il faudra attendre un peu.
“C’est un bon gars, honnêtement”, confie Grégoire à propos de l’espoir du Tricolore. “Il est encore jeune, alors il vient à l’aréna avec beaucoup d’énergie. Il s’amuse bien. Il travaille dur. Il est vraiment sur la glace tout le temps.”
Parfois même… un peu trop !
“Pendant le camp d’entraînement, avant les matchs, il sautait sur la glace et il était le dernier à la quitter. Il s’entraînait pratiquement tout seul. Je lui disais : “Tu vas être complètement épuisé pour le match !”
Les compétences sont indéniables dans son cas. Les équipes européennes sont réputées pour donner peu de temps de jeu à leurs jeunes joueurs. Mais Rögle donne cette saison les clés de la ligne bleue à Engstrom. Avec 21 minutes de jeu contre Malmö, il a été le joueur le plus utilisé de l’équipe, en plus d’être utilisé dans la première vague de l’avantage numérique.
“Il a beaucoup de talent”, constate Grégoire. “Il est très confiant avec la rondelle, c’est ce qui m’impressionne le plus chez lui. Il a une bonne patience. Il va garder la rondelle une seconde de plus que ce à quoi tu aurais pensé, mais lui, c’est parce qu’il a précisément le talent pour se sortir de ces situations et créer des opportunités pour lui-même. Il vient de la ligne bleue et bat son adversaire pour prendre un tir. Il est vraiment rapide et intelligent avec la rondelle.”
Le nouveau Engstrom
Engstrom se voit confier des responsabilités trop importantes cette saison pour se contenter de briller sur le plan offensif.
Utilisé également en infériorité numérique, le défenseur de 6 pieds à la silhouette élancée aurait pris plaisir à bloquer des tirs.
Ses coéquipiers l’ont certainement remarqué.
“Il commence à le faire”, note Grégoire. “Les gars se moquaient au début parce que ce n’était peut-être pas son rôle. Maintenant, il en fait un peu plus. Il bloque des tirs et je pense qu’il aime ça être polyvalent.
“Quand tu es jeune et porté vers l’offensive… tu bloques un tir et tes coéquipiers se moquent de toi en disant : “Enfin !” C’est la guerre. Maintenant, il bloque un tir à chaque match, donc je pense qu’il se fait moins taquiner.”
Le bus s’est arrêté à une aire de repos et Engstrom répond à son téléphone une heure plus tard. Le principal intéressé rigole franchement lorsque les tirs bloqués lui sont mentionnés.
“Oui, maintenant je me jette devant les tirs”, confirme-t-il, bon joueur. “Je fais de mon mieux. Je dois prendre mes responsabilités au sérieux.”
On sent qu’Engstrom prend de plus en plus conscience de l’importance de peaufiner tous les aspects de son jeu avant de faire le saut en Amérique du Nord.
“Mon objectif cet été était de devenir un peu plus physique”, explique-t-il. “J’ai pris quelques livres. Je me sens un peu plus fort.”
Après le camp de développement, les Canadiens lui ont insisté sur l’importance de jouer un jeu physique dans sa propre zone et de maintenir un niveau constant tout au long d’un match.
Cette saison sera déterminante pour Engstrom. Si tout se passe bien, les Canadiens pourraient lui offrir un contrat de trois ans à la fin de l’année et l’amener dans leur équipe en 2024-2025.
Engstrom ne vise pas un certain nombre de points ou un objectif précis à Rögle, sinon celui de continuer à se développer.
“Je n’y pense pas trop”, dit-il. “J’essaie d’être moi-même sur la glace, de jouer mon jeu. Je veux créer des occasions offensives, mais avant tout, être fier de mon travail dans ma propre zone.”
Et ce fameux camp militaire… qu’en a-t-il pensé ?
“C’était une journée difficile (rires). Mais cela nous permet de créer des liens entre coéquipiers.”
On devine que ses coéquipiers le respectent encore plus maintenant qu’il se jette devant les rondelles.
#Canadiens #Adam #Engstrom #changé
publish_date]
