Nouvelles Du Monde

accusée de semer la terreur, la dame âgée bannie de la rue

accusée de semer la terreur, la dame âgée bannie de la rue

La petite dame s’avance masquée, discrète à la barre du tribunal correctionnel de Thionville. Cheveux gris relevés, robe bleue, gilet rose en crochet, elle paraît presque impressionnée. Elle ne quitte pas son avocat des yeux. Mais rapidement, la prévenue âgée de 72 ans va présenter un autre visage.

Elle est poursuivie devant la justice pour des injures non publiques à caractère raciste et des dégradations. Le tout sur une longue période, de 2013 à 2020. A priori, cette dame passe beaucoup de temps chez son fils, rue Jules-Verne à Fameck. Plusieurs riverains l’accusent de leur pourrir la vie, de semer la terreur dans le quartier. Ils ont multiplié les plaintes. Ils racontent qu’elle vole le linge, fait ses besoins dans leurs jardins, insulte les enfants, espionne leur courrier. Deux femmes assurent, notamment, qu’elle les a traitées de « bougnoule ». Un voisin dénonce un acharnement sur son grillage. Il l’a même filmée.

Lire aussi  Adoption du projet de loi sur la protection des travailleurs : 19 ans et plus

« Cette vidéo, c’est un coup monté ! », s’emporte la petite dame face au juge devant lequel elle était présentée mardi 5 juillet. « Ce groupe de personnes m’en veut. Ils ne veulent pas que j’aille chez mon fils. » À partir de ce moment, il sera difficile de la raisonner. La prévenue hurle. Elle crie qu’elle veut défendre son fils, empêcher les voisins de s’en prendre à son jardin. Les propos deviennent incohérents. « Je me permets de synthétiser : Madame se présente comme le chevalier blanc qui agit pour le terrain de son fils », pose son avocat, Me Schauber. Sa cliente finira par quitter la salle d’audience.

Expertise psy

« Je vais enchaîner sur l’expertise psychiatrique », poursuit le président. Le médecin évoque une personnalité paranoïaque qui, toutefois, n’altère pas le discernement de la prévenue, inconnue de la justice jusqu’ici.

Les victimes, elles, réclament toutes son éloignement. « La difficulté dans ce type de conflit, c’est la preuve », relève le ministère public. « Mais en juin 2020, le voisin a filmé et on reconnaît parfaitement Madame sur la vidéo faite au petit matin. » En revanche, les injures non publiques sont prescrites. « Elles ne sont pas assez précises, ni suffisamment datées », ajoute le parquet.

Lire aussi  Célébrités : David Garrett a une recette difficile pour réussir - Panorama

Ses réquisitions sont suivies par le tribunal. Le président ne retient que les dégradations commises sur le grillage en juin 2020. Il condamne la prévenue à une interdiction de paraître rue Jules-Verne à Fameck, pendant deux ans. Cette décision prend effet immédiatement. Si elle ne respecte pas cette peine, elle encourt deux ans de prison et 30 000 euros d’amende, comme le prévoit la loi.

« C’est odieux de condamner une femme âgée à l’interdiction de paraître dans la commune de son fils, odieux », s’était emporté l’avocat de la défense dans sa plaidoirie. À l’annonce du jugement, il manifestait déjà son intention d’interjeter appel.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT