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Acceptation et bien-être : pourquoi vos mauvaises habitudes peuvent être bénéfiques

Acceptation et bien-être : pourquoi vos mauvaises habitudes peuvent être bénéfiques

Vous aimez les charcuteries, un petit verre de blanc ici, un autre de rouge là, vous lever tard et procrastiner, parfois ? Sans doute est-il temps d’arrêter de vous autoflageller. Parce que le bonheur, le vrai, est peut-être là, tout près : dans ces petites et pas forcément bonnes habitudes de vie, humbles failles et autres faiblesses que vous aurez enfin acceptées.




Si vous n’avez pas fait le défi sans alcool, et déjà abandonné toutes les autres résolutions prises pour la nouvelle année, lisez ce qui suit. D’autant plus si votre projet de classer rigoureusement vos papiers pour les impôts est évidemment tombé à l’eau.

Ce n’est pas nous qui le disons, mais plusieurs psychologues interrogés, pour qui la course à la perfection et cette volonté constante de se changer est non seulement utopique, irréaliste, mais surtout nuisible. Cessons de nous comparer : l’acceptation de soi serait finalement une bien plus sage stratégie.

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C’est un savoureux article du Gardien en début d’année qui nous a mise sur cette agréable piste, en titrant, tenez-vous bien : Bière, vape et scrolling : mes mauvaises habitudes me font du bien. Que dois-je faire ? (traduction libre : Boire, vapoter, perdre son temps en ligne : mes mauvaises habitudes me font du bien, est-ce grave, docteur ?)


Lisez l’article du Gardien ici (en anglais)

On a posé la question à plusieurs spécialistes.

« On parle de comportements à problèmes pour nous, ou de comportements à problèmes pour la morale de la société ? », s’interroge d’emblée le psychologue Nicolas Chevrier, président des Services psychologiques Séquoia, au bout du fil. « C’est quoi, un vice ? Ici, la définition est un élément important et il faut revenir à nous-mêmes, ce que nous, on croit qui est bon pour nous et ce qui, sans excès, nous amène un certain plaisir. »

Les termes clés : nous et sans excès. « Si je passe deux heures sur les réseaux sociaux par jour, est-ce que moi, ça me fait du bien ? Est-ce que les autres sphères de ma vie sont affectées ? Est-ce que je néglige ma famille, ma vie intellectuelle, familiale ? Mon sommeil, mes activités sportives ? » Peut-être que ces heures à regarder des vidéos de chat vous font finalement plus de bien que de mal. Encore faut-il se poser la question, et s’accepter.

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« C’est important de s’assumer, dit-il, développer une bienveillance par rapport à nous, ne pas tomber dans la perfection à l’extrême. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Nicolas Chevrier, psychologue et président des Services psychologiques Séquoia

Chacun, on a nos forces et nos faiblesses. Et on a nos plaisirs.

Nicolas Chevrier, psychologue et président des Services psychologiques Séquoia

D’ailleurs, il ne faut pas se comparer, mais comparons tout de même (!) : en moyenne, nous passons tous quelque 2,5 heures par jour sur les Snapchat, Instagram et TikTok de ce monde, révèle une étude relayée par de nombreux médias en début d’année. Cela fait 876 heures par année, soit l’équivalent de 36,5 jours. Bref, nous ne sommes pas seuls dans ce vortex virtuel.


Consultez l’étude (en anglais)

S’accepter et se connaître

La psychologue et conférencière Rose-Marie Charest planche justement sur un livre sur l’acceptation ces jours-ci, à paraître l’automne prochain. Nous avons malgré tout plus de raisons d’être heureux (titre de travail) se veut « une synthèse de ce que [son] travail clinique [lui] a apporté comme connaissance de l’être humain », résume-t-elle. Entre autres : l’importance d’arrêter de « constamment vouloir changer », et enfin « s’accepter ». Fait à noter : « Non seulement ça fait du bien, mais souvent, c’est là qu’on peut faire des changements ! »

Contre-intuitif, vous dites ? Pas forcément. « Il faut arrêter d’être son adversaire, dit-elle, parce qu’à force de se dire : il faudrait que (insérez ici : je boive moins, je bouge plus, etc.), vous perdez vos signaux internes ! »

Un exemple ? « La perte de poids, poursuit Rose-Marie Charest. À force de mettre l’accent là-dessus, on perd de vue ce qu’on a envie de manger. » L’estime de soi en prend pour son rhume. Or, si, à l’inverse, on s’accepte tel qu’on est, avec sa gourmandise, on a une meilleure estime de soi, « on se sent mieux et probablement qu’on aura de meilleures habitudes alimentaires ! » Le secret : s’accepter.

Attention : s’accepter ne veut pas dire se complaire dans ce qu’on est, mais plutôt se connaître, comprend-on, pour ensuite, éventuellement et progressivement, prendre des décisions réalistes.

Pour reprendre l’exemple des vidéos de chat, si vous savez que vous y passez vos soirées, et vous prenez conscience par vous-même de la quantité de jours ainsi perdus par année, peut-être entreprendrez-vous naturellement de réduire votre temps d’écran. Un changement en douceur, plus efficace que de se marteler à répétition : « il faut que je désinstalle Instagram ».

Autre exemple éloquent : l’exercice. « On veut tous faire plus d’exercice », poursuit la psychologue.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Rose-Marie Charest, psychologue et conférencière

Moi, l’année où on m’a fait un programme d’exercice, ça a été l’année où j’en ai finalement le moins fait !

Rose-Marie Charest, psychologue et conférencière

Pourquoi ? Parce que ledit programme ne partait pas de qui « elle », Rose-Marie Charest, est. « Il ne tenait pas compte de mon horaire, qui je suis, les activités qui me plaisent, et j’ai perdu de vue ce que j’aimais faire ! »

Vous ne faites pas votre lit tous les matins, et vous vous en portez très bien, merci ? « Si ça vous fait du bien, pourquoi on changerait ? » répond la psychologue. Généralement, c’est pour tenter de correspondre à un modèle. « Il faut tenir compte de sa propre histoire, ce qui nous convient ! » Parce que le fameux modèle est rarement une motivation « intrinsèque », mais bien « extrinsèque », poursuit-elle.

D’ailleurs, avec les années, Rose-Marie Charest en est venue à ce constat : « en vieillissant, je pense que les gens les plus heureux sont ceux qui ont accepté d’être imparfaits. Toute notre vie, il y a des choses qui ne font pas notre affaire », ajoute-t-elle. On a l’impression de ne pas manger assez de légumes, de regarder trop la télé, de ne pas lire assez, ou au contraire d’y passer des nuits entières. « Mais ceux qui s’acceptent, en général, ont de meilleures relations avec les autres et une image d’eux-mêmes plus positive ! »


Lisez « De l’autoflagellation à l’autocompassion »

Le point sur les défis

Un mois sans sucre, sans écran ou sans alcool : les défis lancés sur les réseaux sociaux ne manquent pas. « Mais si on n’a pas de problème particulier, je ne vois pas l’intérêt », affirme ici le psychologue Nicolas Chevrier. « Quel est l’intérêt de me priver d’un aliment précis que je consomme de façon non problématique ? » Si problème il y a, un sevrage ou une privation d’un mois n’est sans doute pas la meilleure idée qui soit. « La meilleure façon de faire un changement est de prendre conscience du problème, poursuit-il, mettre en place un plan réaliste, avec des petits objectifs réalisables, viser un comportement à la fois, et chercher de l’aide si on n’y arrive pas. Pas de faire un happening social ! », dit-il. Pardon : un happening social virtuel, plutôt. Le défi devient alors une affaire de gestion de l’image, et sur les réseaux sociaux, on le sait, « quand on se compare, on est à peu près toujours perdants » ! D’ailleurs, « se comparer aux autres est néfaste ». Il est où, alors, le bonheur ? « Dans l’équilibre, conclut Nicolas Chevrier. Selon mes plaisirs et mes intérêts. »

#Éloge #vice #Presse
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