L’homme, 24 ans aujourd’hui, s’exprime avec un langage soutenu, pèse chacun de ses mots, devant le tribunal correctionnel de Montluçon, mardi 8 novembre 2022. Ce qui interroge le parquet, renvoyant à une expertise psychiatrique qui relève chez lui une tendance au mensonge et au calcul.
Cinq jours sur Snapchat avec deux enfants de 10 et 11 ans
On lui reproche d’avoir fait des propositions sexuelles, entre les 11 et 15 avril 2019, à deux petites filles, alors âgées de 10 et 11 ans, sur le réseau social Snapchat. « C’est un sujet important. Je ne veux pas répondre du tac au tac. J’essaie de réfléchir à ce que je fais. Pas tout le temps en l’occurrence », répond le prévenu, faisant référence aux événements qui l’amènent devant des juges.
L’adulte de 24 ans aujourd’hui reconnaît tout
Car il reconnaît tout. Trois ans après les faits, il fait l’objet d’une information judiciaire, il explique avoir réalisé une longue introspection. Il est d’ailleurs toujours suivi psychologiquement.
En avril 2019, il est sans occupation, ayant redoublé son année d’étude. Son père, directeur d’une école dans le secteur de Montluçon, lui propose d’effectuer un stage dans son établissement. Pendant deux jours, il est auprès des maternelles. L’expérience lui plaît : il demande à poursuivre quelques jours de plus, près des plus grands. Il se rapproche alors beaucoup trop des deux petites filles, à qui il donne son identifiant Snapchat.
Des « je t’aime » et des propositions sexuelles
Dans les cours de récré, des bisous sur les joues sont échangés. Dans le monde virtuel, on passe à des « je t’aime » et à des propositions sexuelles très explicites. Le prévenu avance :
Je sais que je n’avais pas envie d’entretenir une relation amoureuse avec elles, ni sexuelle. J’ai attisé “ça” pour me sentir gratifié, aimé, être au centre de l’attention de ces petites filles. Comme je ne les avais pas en face de moi, ça a participé au fait que ça m’échappe.
Pédophile ? Les psychiatres ne sont pas d’accord
Celui-ci assure n’avoir aucune attirance pour les enfants. La première expertise psychiatrique évoque pourtant la pédophilie et la prédation. La contre-expertise psychiatrique et l’expertise psychologique parlent plus d’une « immaturité », d’une « confusion des places entre les adultes et les enfants ». L’homme acquiesce et il met ses difficultés avec les relations sociales sur le compte de son hyperactivité doublée d’un diagnostic HPI (haut potentiel intellectuel). Il a été suivi psycholog
iquement jusqu’à ses 18 ans.
Les mères des victimes expriment leurs inquiétudes
Les mères des deux victimes ont parlé du traumatisme, encore d’actualité, pour leurs deux filles, et ont exprimé leur inquiétude « pour la suite », pas du tout rassurées malgré les tentatives du prévenu. Ce dernier affirme : « Maintenant que je sais pourquoi j’ai fait ça, comment j’ai fait ça, je suis convaincu que je ne reproduirai pas ce schéma. »
Le délibéré sera rendu le 6 décembre prochain. Le parquet a requis une peine de prison d’un an avec sursis probatoire, avec une injonction de soins et l’inscription du prévenu au Fijais (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes).
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Seher turkmène
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