« Depuis le Covid, je récupère plus d’animaux mal en point. Récemment, j’ai trouvé un chat avec un trou dans le nez ! » se désole Patricia Cosme, fondatrice de l’association les Animaux d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, qui sauve depuis dix ans les animaux en état d’urgence absolue en Seine-Saint-Denis. Avec son association installée à Aubervilliers, elle intervient dans toutes les cités de Seine-Saint-Denis.
La Société protectrice des animaux (SPA) fait le même constat. Pendant la crise sanitaire de 2020, elle a reçu 14 000 signalements de maltraitance animale en France. Soit un chiffre « légèrement en hausse par rapport aux années précédentes ». « Il peut s’expliquer par le fait que les gens étaient chez eux et donc plus vigilants (NDLR : pour repérer et signaler les maltraitances) », analyse Jacques-Charles Fombonne, le président de la SPA.
De son côté, le parquet de Bobigny indique que « 45 procédures de violences faites aux animaux ont été recensées en 2019, 63 durant l’année 2020 (NDLR : + 40 %) et déjà 51 depuis le début de l’année 2021 ».
Élevages clandestins, combats de chiens…
Stéphane Lamart, fondateur de l’association éponyme, officie avec ses bénévoles dans toute l’Île-de-France et observe lui aussi une recrudescence de cas de maltraitance animale dans les banlieues. Il considère que les saisies de chiens malinois, rottweiler ou staff « souvent en mauvais état » ont augmenté depuis deux ans dans les banlieues de la région. Or, une grande partie de ses animaux provient de Seine-Saint-Denis selon lui. « On va régulièrement au tribunal de Bobigny, notamment pour des saisies concernant des trafics », affirme-t-il.
Un constat partagé par Jean-François Fonteneau, le directeur de la Sacpa, leader de la prise en charge de l’animal en zone habitée. Selon lui, 57 % de leurs saisies de chiens en petite couronne sont effectuées en Seine-Saint-Denis. « Sur ces 57 %, on estime que 80 % relèvent d’un état de maltraitance, rapporte Jean-François Fonteneau. Soit ils sont en mauvaise santé et mal nourris, soit ils ont subi des coups… Certains se tiennent prostrés. Cette attitude révèle qu’ils ont été malmenés. »
La plupart des saisies concernent des chiens entassés dans des endroits étroits et sombres pour des élevages clandestins. D’autres sont malmenés pour des combats de canidés. Parfois, des chats servent de cobayes pour attiser leur dangerosité.
« Ils appartiennent souvent à des jeunes qui les gardent enfermés sur le balcon, des caves ou dans les cours attachés à une laisse. Parfois, ils les dissimulent car la famille n’en veut pas, précise Stéphane Lamart. Ils n’ont pas l’argent pour des soins vétérinaires. »
Une chatte retrouvée avec une chaîne soudée au cou
Rien que pour le mois de juillet, l’association Les Animaux d’Aubervilliers a procédé à 30 interventions d’urgence absolue, souvent dans des cités. Avec sa trésorière Odette, Patricia recueille des animaux avec un œil crevé, agonisant dehors ou souffrant de pattes fracturées.
Un jour, elle a même secouru un varan en hypothermie posé sur une assiette dans la rue. « Abandonner son rongeur dans la poubelle, c’est devenu la mode, bouillonne-t-elle en désignant « Fifi » et « Pat », deux hamsters découverts dans un conteneur. J’ai même sauvé un staff jeté comme ça début juillet ! »
Patricia vient en aide à des animaux en si mauvais état qu’ils « seraient sûrement piqués par d’autres ». Alors, elle est souvent « leur dernière chance ». Comme cette chatte trouvée suffocant à cause d’une chaîne soudée à son cou et titubant dans la cité du Pont-de-Pierre à Aubervilliers. « Elle a perdu ses petits à la suite de coups au ventre ou du manque d’air », s’émeut la quinqua.
Aujourd’hui baptisée Christie, la chatte gambade dans un jardin. Car chaque rescapé finit ses jours dans une famille d’accueil. « On prend en charge les soins grâce à des vétérinaires comme le Dr Lombardi à Villemomble, la clinique de la Tour à Villemomble ou celle de Mon Véto à Drancy, qui nous proposent des tarifs au rabais, se félicite Patricia. Je travaille aussi avec le Dr Bardet, le vétérinaire des chiens d’Alain Delon, à Neuilly (Hauts-de-Seine). Sans eux, je ne pourrais rien faire car mon association ne survit qu’avec des subventions et grâce au site de dons Clic Animaux. »
Sous les photos de ces animaux estropiés, certains internautes commentent et s’apitoient : « Comment est-ce possible de nos jours ? », « Des gestes pareils ça fait vomir et ça fait pleurer ». Mais malgré les sensibilisations, les maltraitances ne diminuent pas selon Patricia Cosme.
« Pendant la crise, on a évoqué une hausse des violences dans les foyers, abonde Jean-François Fonteneau. Or, l’animal est souvent la première victime. »
2021-08-03 10:00:00
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