2023-07-13 12:53:34
“Aucune femme ne quitte un homme comme moi!” Et elle l’a fait
| Temps de lecture : 3 minutes
Quiconque rencontrait Pablo Picasso pour une interview en 1953 devait se méfier : l’artiste mondialement connu était de très mauvaise humeur. La raison : sa femme Françoise Gilot venait de le larguer. Elle savait exactement pourquoi – et l’a dit à notre auteur.
Françoise Gilot est décédée le 6 juin 2023. La seule femme à avoir jamais quitté Picasso de son propre gré, bien qu’après dix ans de vie commune. Pour moi, être avec Picasso a duré dix minutes tout au plus, mais c’était suffisant. C’était à Saint-Tropez, avant que ce beau village de pêcheurs ne devienne un lieu de promenade à la mode. Picasso marchant sur la plage, carnet de croquis à la main, seul. Quelle opportunité pour un entretien ! Je me précipite chez le fleuriste le plus proche, fais attacher le bouquet le plus cher et le présente au grand homme.
Lui, furieux : « Qu’est-ce que je suis censé en faire ? » Moi, gêné : « Peut-être le sentir ? » Picasso : « Tu es marié ? » « Non, je suis ici avec ma copine. » Picasso répondit : « Alors envoie ta copine viens à moi, je vais la baiser, et après tu pourras sentir quelque chose qui sent mieux que n’importe quelle fleur.”
Drôle peut-être, mais pas exactement sensible. Ce que je ne sais pas, c’est que le grand peintre est enlisé dans une période de misogynie furieuse. Après lui avoir jeté cette phrase au visage en rompant avec Françoise : “Aucune femme ne quitte un homme comme moi !” Et puis elle l’a quand même quitté. Pourquoi? Curieusement, le fait qu’il ait trois fois son âge ne semble pas avoir joué un rôle décisif, mais quoi d’autre ?
Visite de Françoise dans son atelier à Neuilly près de Paris. Les murs sont couverts de peintures, rappelant souvent Picasso, ce qu’elle nie avec véhémence. Beau visage ouvert et emphatique. Femme au cerveau fier, très française dans sa capacité à exprimer des sentiments sans sentimentalité : “J’étais la septième épouse de Barbe Bleue. Je savais très bien ce qui était arrivé aux autres : deux suicides, deux dépressions nerveuses. Pas avec moi!”
Françoise vient de publier ses mémoires : “La vie avec Picasso”. Un best-seller mondial. Lui-même a tout fait pour empêcher l’apparition. Menaces, cabinets d’avocats, ordonnances judiciaires. Interdiction également à toutes les galeries qui lui sont associées de montrer à nouveau les peintures de Gilot, faute de quoi lui-même n’exposerait plus jamais ses propres peintures avec elles. Le livre lui est dédié : “Pour Pablo”.
Le méprisant des femmes Picasso
Mais forcément sa fameuse phrase : “Pour moi, les femmes sont soit des déesses, soit des paillassons”. Mais d’être aimé comme je l’étais. — Et toi, comment étais-tu ? — Oui, comment ? Je me suis assis dans ma coquille comme une huître, mais il ne pouvait pas ouvrir la coquille parce que je la fermais de l’intérieur. Avec cette puissance dont Stendhal disait : « La puissance dont la fourmi a autant que l’éléphant. J’étais tout aussi invincible que lui.
Puis on me présente les deux enfants, Claude et Paloma, qui n’ont plus jamais été autorisés à revoir leur père.
Des années plus tard, je peux à nouveau rendre visite à Françoise. Elle a depuis épousé le célèbre scientifique américain Jonas Salk, inventeur du vaccin oral contre la poliomyélite. Malgré son âge avancé – née exactement deux semaines avant moi – elle est toujours une belle femme et peut faire face à toute expression d’émotion. Je la complimente en conséquence, et elle rit : « Sais-tu quel a été le dernier mot de Picasso pour moi avant notre rupture : ‘Toi au moins, tu ne m’as jamais ennuyée !’ Y a-t-il quelque chose de plus beau au monde ?”
Georg Stefan Troller est né dans une famille juive à Vienne en 1921 et vit à Paris. Ses ouvrages les plus importants comptent environ 1 500 entretiens, notamment dans le cadre du « Journal de Paris » et de la « Description personnelle ».
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