18 août 2022
JAKARTA – La peine de six ans de prison prononcée lundi contre Aung San Suu Kyi n’est qu’une autre preuve de la brutalité du chef de la junte birmane, le général Min Aung Hlaing, et de sa moquerie délibérée des dirigeants de l’ASEAN qui l’ont interdit, ainsi qu’à ses représentants, de toute ASEAN officielle. Rencontre. Le général semble confiant que certains dirigeants de l’ASEAN et du monde continueront de se lier d’amitié avec lui malgré son acte meurtrier et sa contestation ouverte contre les Nations Unies.
Toute expression de regret de la part de l’ASEAN sera une réponse inacceptable au spectacle musclé de la junte du Myanmar qui compromet le consensus en cinq points sur lequel Hlaing et les dirigeants de l’ASEAN se sont mis d’accord à Jakarta l’année dernière. Sachant que la junte a bafoué l’accord à plusieurs reprises, l’ASEAN devrait prendre des mesures plus sévères à son encontre.
Agissant en tant que procureur et juge de facto, Hlaing a rendu un nouveau verdict qui prive Suu Kyi, la dirigeante la plus populaire et la plus respectée du pays, de son droit de se présenter aux élections générales prévues. La punition est une répétition du destin tragique de son père, Aung San, le père fondateur du Myanmar.
Hlaing, par l’intermédiaire de son tribunal entièrement contrôlé, a déclaré Suu Kyi coupable d’avoir détourné des fonds d’une organisation caritative pour construire une maison et louer un terrain appartenant au gouvernement, selon l’agence de presse du Myanmar (MNA).
Le général de l’armée est tellement impatient d’emprisonner le lauréat du prix Nobel de la paix, âgé de 77 ans, aussi longtemps qu’il le voudra. Techniquement, Suu Kyi restera condamnée même après sa mort en prison à cause de diverses accusations portées contre elle.
Le général assoiffé de sang vient tout juste de pendre quatre militants pro-démocratie alors qu’il soulignait son régime de terreur. L’exécution a eu lieu avant la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN, comme pour envoyer un message aux dirigeants de l’ASEAN qu’il ne se souciait pas du bloc régional.
La condamnation de Suu Kyi est intervenue un jour seulement avant que l’envoyée spéciale de l’ONU pour le Myanmar, Noeleen Heyzer, n’arrive au Myanmar pour la première fois depuis qu’elle a pris ses fonctions il y a 10 mois. Heyzer a mis les pieds au Myanmar mardi, et selon l’AFP, elle adresserait à la junte militaire “la détérioration de la situation et les préoccupations immédiates” de l’ONU.
Hlaing a arrêté Suu Kyi peu de temps après avoir renversé son gouvernement le 1er février de l’année dernière. Elle a été empêchée de recevoir des invités et le général n’a même pas accordé sa demande d’être accompagnée de son chien, qu’il a reçu en cadeau de son deuxième fils.
Nous appelons la ministre des Affaires étrangères Retno Marsudi à consulter ses homologues de l’ASEAN, en particulier de Malaisie, de Singapour, des Philippines et du Cambodge en tant que présidente de l’ASEAN. Le groupe doit émettre une autre position ferme contre l’acte de terreur non civilisé de Hlaing.
Comme Retno l’a dit elle-même, l’ASEAN ne peut pas laisser la question du Myanmar dicter le groupement.