Utilisation des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI pour soutenir le développement en Afrique

Utilisation des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI pour soutenir le développement en Afrique

(Agence Ecofin) – Les pays africains sont confrontés à des défis économiques croissants et ont du mal à mobiliser les ressources nécessaires. Selon le président de la BAD, il est temps d’utiliser les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI pour stimuler le développement.

Intervenant lors du Doha Forum qui se tient actuellement au Qatar, Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine de Développement (BAD), a souligné l’idée selon laquelle les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI pourraient servir d’outil de financement international pour soutenir la revitalisation du développement.

Cette idée a été soulevée après une intervention du ministre qatari des finances, qui a mentionné que son pays continue de contribuer aux ressources supplémentaires du FMI. A ce sujet, Monsieur Adesina a déclaré : « J’ai envie d’échanger avec mon collègue, le ministre des finances, pour savoir s’il ne dispose pas de quelques DTS disponibles pour nous, et peut-être aussi dire que l’on devrait rebaptiser ces ressources en outils de « soutien à la revitalisation du développement ».

Selon une idée constante au sein du top management de la BAD, les droits de tirage spéciaux supplémentaires émis par le FMI pourraient être utilisés pour soutenir les objectifs de développement liés à la transition, au climat ou aux infrastructures. Akinwumi Adesina a précisé : « Si ces ressources du FMI sont mises à la disposition des banques multilatérales de développement (BMD), elles peuvent bénéficier d’un effet de levier de 1 pour 4. Pour 500 milliards de DTS mis à disposition par le FMI, les BMD pourraient les transformer en 2000 milliards de dollars. »

Avec un tel principe, l’Afrique pourrait rembourser la totalité de sa dette extérieure, estimée à 1130 milliards de dollars par la BAD pour fin 2023, tout en disposant de ressources suffisantes pour financer la transition énergétique, climatique et d’autres défis de développement clés du continent. Cette idée, soutenue conjointement avec la Banque Inter-Américaine de Développement, a reçu un accueil favorable de plusieurs personnalités, y compris du Secrétaire Général des Nations Unies.

Dans le sillage de la pandémie de Covid-19, le FMI avait convenu d’émettre des DTS supplémentaires d’une valeur approximative de 650 milliards de dollars et que les pays riches renonceraient volontairement à 100 milliards de ces droits, au profit des pays économiquement vulnérables. Ces engagements n’ont pas encore été concrétisés.

Ces discussions se poursuivent alors que le monde est confronté à de nouveaux défis et que les mécanismes existants ne suffisent plus à apporter des solutions durables. La répartition des quotas de DTS, conçus après la Seconde Guerre mondiale avec peu de pays africains à la table et une quarantaine sous administrations coloniales, dessert aujourd’hui le continent.

En ce qui concerne les ressources supplémentaires créées par le FMI, des pays comme les États-Unis, qui ont pu mobiliser jusqu’à 3000 milliards de dollars sur le marché des capitaux à des taux proches de zéro, ont reçu 113 milliards de dollars de DTS supplémentaires, en raison de leur quote-part importante au sein du FMI. En revanche, l’ensemble de l’Afrique n’a obtenu que 33 milliards de dollars pour ses 1,2 milliard d’habitants, et parfois sous condition de respecter une orthodoxie économique qui ne fonctionne pour aucun pays en développement.

Idriss Linge, depuis Doha.

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