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Le temps des chimères : Réflexions sur l’avenir de l’humanité et la science-fiction

Le temps des chimères : Réflexions sur l’avenir de l’humanité et la science-fiction

Finalement, malgré les mutations qui existent, on se rend compte que les humains répètent quand même les mêmes erreurs. Et c’est paradoxalement complètement d’actualité aussi.
On a le choix entre la peur et l’amour. C’est ce que répète mon héroïne. Et là, on vit dans la peur. De toute façon, j’ai écouté les actualités avant de venir. C’est un peu anxiogène. Donc il y a un moment où on se dit ‘oulala, c’est affreux’.
Et c’est ce qui se passe
Oui, mais il faut quand même réagir. Il ne faut pas rester comme des lapins face à un camion qui va les écraser. Il y a un moment, on doit se dire : OK, on pourrait aller à gauche, on peut aller à droite, on pourrait se baisser pour éviter le camion. Et c’est à nous, auteurs de science-fiction ou auteurs d’anticipation, de proposer des manières pour que les choses s’arrangent.
Moi, j’espère que les prochaines générations ont envie d’un monde meilleur que le nôtre, mais c’est à nous de trouver des idées et c’est un problème d’imagination. Donc c’est à nous, auteurs de science-fiction, de proposer des idées.
En lisant le bouquin, on se dit : mais finalement, c’est un livre qui est sur le temps long car il commence et se termine 60 ans plus tard. Mais ça pose la question de l’histoire de l’humanité en fait, et même de l’histoire du monde. Mais dans 100, 500 ans ou dans 10 000 ans, qu’est ce qu’on va retenir de ce que nous on aura fait ici sur terre et de notre passage ?
Justement, c’est une vraie question, et c’est une question que je m’autorise à poser. Et en même temps, je propose au lecteur de se poser. C’est au-delà de l’effet émotionnel de l’actualité immédiate. Regardons avec perspective d’où nous venons, qu’est ce qui s’est passé, comment notre civilisation est apparue et comment elle a été fragilisée et pourrait disparaître.
Déjà, le seul fait de remettre en perspective dans le temps, comme l’évoquait notre situation, ça fait qu’on est moins focus, on est moins focalisé. l’Empire romain a disparu, attaqué par les barbares, et on a mis 1000 ans avant de retomber sur la Renaissance. On fonctionne par effondrement et renaissance. Et là, ce que propose mon héroïne, c’est comment on va renaître après l’effondrement qui à l’air d’arriver.
Ce qu’il se passe, c’est la troisième guerre mondiale dans mon roman, mais je la gère en 20 pages. Mais là, c’est une péripétie, d’un coup, on rentre en expansion et tout d’un coup truc s’effondre. Et après, il faut trouver le moyen de retrouver de l’air, de renaître. Et j’essaie déjà de penser à l’épisode suivant. Mais en écoutant les actualités, je pense qu’on va avoir des petits soucis dans les mois à venir.
Vous posez aussi la question des avancées scientifiques. Parce que dans le livre, quand vous expliquez les mutations des hybridations humaines, on n’y est pas encore, en tout cas, légalement ou officiellement. Mais des hybridations entre plusieurs espèces, ça, vous l’avez expliqué, ça existe vraiment. On est pas loin de la vérité. On pourrait y arriver, à un moment donné, de créer un hybride humain, une chimère humaine.
Il y a deux ans, au Japon, ils ont autorisé la prolongation des fœtus qui mélangent de l’ADN humain avec de l’ADN animal. Jusque-là, c’était limité à quatorze jours, on pouvait fabriquer des êtres qui étaient un mélange d’êtres humains et d’animaux, mais il fallait les éliminer au bout de quatorze jours. Maintenant il n’y a plus de limite.
Et la raison pour laquelle on autorise ce genre de fabrication d’hybrides, donc de chimère, c’est pour avoir des organes pour les greffes, parce qu’on manque énormément d’organes pour les greffes. Et donc avec des mélanges homme-porc ou homme-singe ou homme-mouton, on espère fabriquer des organes, des cœurs, des poumons qui pourront nous être greffés et nous sauver.
Et c’est la raison pour laquelle ce que je raconte dans Le temps des chimères va réellement arriver. Même aussi dingue que cela paraisse, ça va arriver parce qu’en plus, il y a les Chinois et les Russes qui font des recherches clandestines et qui veulent fabriquer des mélanges entre hommes et animaux.
C’est saisissant ça. Je ne sais pas si on doit avoir peur ou se réjouir de l’avancée de la science.
J’ai essayé d’avertir les gens.
Mais est ce dangereux ou message d’espoir ?
Dans le bouquin, je montre les espoirs et les dangers. Mais surtout, je montre que ça va donner d’autres humains avec d’autres mentalités. C’est-à-dire qu’ils vont se retrouver à penser différemment, parce qu’ils volent, parce qu’ils nagent, parce qu’ils vont sous terre, et que ces êtres humains là, quelque part, vont enrichir notre culture et notre intelligence.
Mais notre humanité survit quand même. Et dans mes livres, je mets toujours un ‘Happy End’, parce que je veux que mon lecteur, quand il a fini de lire le livre, se dise : OK, ça va être compliqué, mais on va s’en tirer.
On sourit, mais on se pose comme beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions. Et vous, entre les chimères de votre personnage, vous choisissez quoi ? L’air, l’eau ou la terre ?
L’air, parce que c’est le vol. Nous avons tous le fantasme de voler. (…) Quand on marche, on est collé au sol. Il y a cette idée de pouvoir s’élancer, voler, voir les choses de haut. Tout à l’heure, je disais que l’auteur de science-fiction devait essayer de remettre en perspective, mais quand on vole, on a automatiquement cette perspective.
Donc, c’est vrai, entre l’eau, l’air et la terre, je choisis l’air. Mais je crois que, s’il y a un réchauffement climatique, ça va être la terre. On va devoir vivre sous terre comme des taupes et ça fait partie aussi des possibilités. Ou dans l’eau, comme des dauphins ou comme des animaux aquatiques. Mais en tout cas, c’est bien de remettre cette possibilité en perspective et de se dire : ‘OK, ce monde a de nouvelles possibilités, complètement dingue, et ça se peut qu’on puisse les voir’.
Vous sortez un roman tous les ans et ici, ça s’appelle Le temps des chimères. Le suivant, ce sera en octobre prochain. Il en est où ?
Alors justement, c’est en étant dans le TGV Paris-Bruxelles que j’ai trouvé mon début, mon décollage. Vous savez, c’est comme une fusée, il faut un lancement. J’avais déjà la structure, mais je n’avais pas le début. Et là, d’un coup, j’ai trouvé. Je n’ai fait qu’écrire sur tout le temps du train, donc je suis content pour ça. Rien que pour ça, ça valait le coup de venir.
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