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Infectiologue Charles Cazanave dirige le nouveau centre régional en antibiothérapie de Nouvelle-Aquitaine pour lutter contre l’antibiorésistance

Infectiologue Charles Cazanave dirige le nouveau centre régional en antibiothérapie de Nouvelle-Aquitaine pour lutter contre l’antibiorésistance

Le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux, dirige le tout nouveau centre régional en antibiothérapie, qui couvre les trois CHU de Nouvelle-Aquitaine : Bordeaux, Poitiers et Limoges. Cette toute nouvelle instance placée sous l’autorité de l’agence régionale de santé, a une mission : promouvoir le bon usage des antibiotiques à l’échelle régionale, contribuer à la lutte contre l’antibiorésistance et favoriser les liens entre médecine hospitalière et médecine de ville. « Aujourd’hui, la résistance aux antibiotiques n’est plus seulement une menace, mais un fait concret, commence le professeur Cazanave…

Le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux, dirige le tout nouveau centre régional en antibiothérapie, qui couvre les trois CHU de Nouvelle-Aquitaine : Bordeaux, Poitiers et Limoges. Cette toute nouvelle instance placée sous l’autorité de l’agence régionale de santé, a une mission : promouvoir le bon usage des antibiotiques à l’échelle régionale, contribuer à la lutte contre l’antibiorésistance et favoriser les liens entre médecine hospitalière et médecine de ville. « Aujourd’hui, la résistance aux antibiotiques n’est plus seulement une menace, mais un fait concret, commence le professeur Cazanave. Ce phénomène est à l’origine de 5 500 décès en France chaque année. »

L’antibiorésistance est le revers de la médaille : les bactéries ont construit une capacité à résister à nos antibiotiques. Elles se sont adaptées pour survivre.

Le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux, dirige le centre régional en antibiorésistance de Nouvelle-Aquitaine. Thierry David/« SUD OUEST »

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« Les antibiotiques sont partout : on les retrouve dans les eaux usées, les fleuves, les animaux que l’on consomme »

« Il faut observer le phénomène globalement, à l’échelle du principe du One Health (une seule santé), reprend le médecin bordelais. Ce n’est pas seulement parce que nous surconsommons des antibiotiques que s’est installée la résistance, mais aussi parce que les antibiotiques sont partout : on les retrouve dans les eaux usées, les fleuves, les animaux que l’on consomme. La régulation par les vétérinaires a certes commencé, les eaux usées sont de plus en plus contrôlées, mais quoi qu’il en soit, nous consommons encore beaucoup trop d’antibiotiques. Et là, nous pouvons agir. »

Aujourd’hui, la France affiche une moyenne de consommation d’antibios 25 % au-dessus du taux des données de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Bien plus que les pays nordiques par exemple, lesquels manifestent moins de problèmes face à l’antibiorésistance.

Une campagne de communication efficace

La grande majorité des antibiotiques sont prescrits en ville, par les médecins généralistes et les dentistes notamment. « Notre centre régional en antibiothérapie travaille sur l’information et la formation aux soignants, reprend Charles Cazanave, nous allons au-devant des médecins de ville, des pharmaciens, des infirmiers pour rappeler les règles essentielles. Toutes les infections ne justifient pas une prescription d’antibiotiques. Les médecins doivent redevenir raisonnables dans leurs prescriptions et les patients dans leurs demandes. Un rhume met plusieurs jours à guérir, sans antibio par exemple. Nous incitons les médecins et les pharmaciens à utiliser les tests rapides, pour l’angine, cela permet de faire baisser significativement les prescriptions. Avant, pour toutes les angines, on donnait un antibio. Grâce à cette pratique, on remarque déjà une diminution de la résistance de certaines bactéries, telles que les pneumocoques, à l’origine de la pneumonie. »

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Pour « éduquer » le grand public, les médecins comptent sur l’efficacité des campagnes de communication à grande échelle. En 2002, un slogan a fait mouche : « Les antibiotiques, c’est pas automatique ! » Ce spot de l’assurance-maladie fait un carton lors de sa sortie et a permis de réellement faire chuter la consommation d’antibios, avant que celle-ci ne reparte à la hausse quelques années plus tard.

« Puis, nous avons subi la pandémie de Covid en 2020, rappelle le professeur Cazanave. La chute de consommation d’antibios a été incroyable, à cause des confinements, les gens étaient à l’abri, avec des gestes barrières très ancrés. Depuis, la consommation ne cesse de progresser, d’année en année, et de façon inquiétante. »

Quelques bons gestes à connaître

Le ministère de la santé propose cet hiver, depuis le 1er décembre, une nouvelle campagne pour lutter contre « cette pandémie silencieuse ». Le slogan est moins percutant que celui de 2002, mais très clair : « Antibiotiques : bien se soigner, c’est d’abord bien les utiliser ». Tout est dit. Parce que la surconsommation d’antibiotiques favorise l’émergence des bactéries résistances dans tous les écosystèmes, humains, animaux, sols, eaux, compromettant l’efficacité des traitements.

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« C’est un médicament qui n’a rien d’anodin, il expose aux allergies, à des effets indésirables, avec un impact sur le microbiote notamment », insiste le professeur Cazanave

Chacun de nous peut déjà mettre en place quelques principes de base. Respecter les doses prescrites, les horaires de prise et la durée des traitements, même et surtout si ça va mieux. S’il reste des médicaments dans la boîte, les ramener au pharmacien. « Éviter l’automédication, ajoute le professeur Cazanave. Rien de plus délétère. Ne jamais prendre un antibiotique sans avis médical. Je rappelle que c’est un médicament qui n’a rien d’anodin, il expose aux allergies, à des effets indésirables, avec un impact sur le microbiote notamment. » L’objectif de la mobilisation des autorités sanitaires vis-à-vis de l’antibiorésistance est de diminuer de 25 % la consommation d’ici à 2025. Au travail !
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2023-12-03 14:30:57

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