2024-03-01 17:32:17
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Une analyse de Matthias Pfander
L’une des vertus les plus importantes d’un chef de banque centrale est de faire preuve de calme. Parce que s’ils apparaissent, ils peuvent détruire des milliards simplement en ne paraissant pas convaincants. Et convaincre dans ce cas signifie : peu spectaculaire ou ennuyeux.
Thomas Jordan a largement réussi à y parvenir, quelle que soit la crise qui a secoué le secteur financier ou qui a poussé le franc vers une nouvelle force sans précédent. Au début, il semblait parfois un peu boisé, mais il a progressivement trouvé son propre style dans ses performances.
Une puissance énorme
Le pouvoir de cette fonction est immense. L’institution de la Banque Nationale est la gardienne de la monnaie nationale. Elle doit veiller à ce que la stabilité des prix prévale et à ce que l’inflation ne s’emballe pas, mais aussi à ce que l’économie ne sombre pas dans la déflation.
Elle doit maintenir la stabilité du marché financier et examiner les comptes des acteurs de ce marché, à savoir les banques. Outre les tâches de politique financière et monétaire, il en reste bien d’autres, notamment les questions de conception et de sécurité des nouveaux billets.
Les douze années à la tête de la Banque nationale suisse (BNS) ont été difficiles. La grande crise financière a eu un impact, la crise de l’euro a provoqué un renforcement du franc, les taux d’intérêt négatifs ont tout bouleversé d’une manière ou d’une autre et la crise actuelle du Crédit Suisse, qui a finalement été sauvé de l’effondrement total il y a un an, est venue s’ajouter au sommet.
Bruit de fond et critiques
Dans toutes ces situations, Thomas Jordan a agi avec habileté et prévoyance – mais pas toujours sans bruit de fond. Son pouvoir a été critiqué. La façon dont il contrôlait le franc aussi – parfois c’était trop, parfois pas assez.
Des problèmes organisationnels ont également été critiqués, notamment le fait qu’il y ait trop peu de femmes aux postes de direction de la BNS et le climat interne désagréable. Ou que la BNS investit également ses devises dans des entreprises qui ne sont pas sans faute en matière de durabilité, ou que la rémunération de Thomas Jordan – en 2022, elle s’élevait à 1 036 millions de francs – est trop élevée.
La personnalité d’Andréa Maechler a également suscité de vives inquiétudes au sein de la BNS. La première et jusqu’à présent la seule femme au conseil d’administration a été écartée comme possible adjointe de Thomas Jordan et travaille désormais à la Banque des règlements internationaux.
Nous ne savons tout simplement pas exactement ce que ces critiques ont fait à Thomas Jordan. Mais de temps en temps, il était visiblement irrité lorsqu’on lui posait des questions très critiques et surtout non économiques.
Mais il avait aussi une certaine malice. Un exemple : vers la fin du spectacle Dans « Eco Talk », le 31 janvier 2022, lorsqu’on lui a demandé quel était son plus grand passe-temps, Thomas Jordan a répondu : « La BNS ». Et souriait très malicieusement selon ses standards. Alors, quand il vide son bureau fin septembre, il doit aussi se trouver un nouveau passe-temps. Quoi qu’il en soit, il laisse un gros fardeau à remplir. Reste à savoir qui y entrera, ou même sera capable d’y entrer.
Matthias Pfander
Co-responsable de la rédaction business
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Matthias Pfander travaille depuis plus de 20 ans dans le journalisme économique, depuis mi-2017 en tant que reporter et planificateur au sein de la rédaction économique de SRF TV. Il a travaillé auparavant, entre autres, pour le groupe «Tages-Anzeiger» et «Blick».
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