Des témoignages rapportés par le Courrier quotidien indiquent que les viols font partie des méthodes employées par l’armée russe depuis le début de l’invasion de l’Ukraine il y a 21 mois.
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Plusieurs femmes, qui ont souhaité conserver l’anonymat, ont raconté leurs histoires horribles d’agression, de violence, de peur et d’humiliation.
C’est le cas de «Nataliya» : une nuit, des soldats russes ont fait irruption chez elle, l’ont clouée au lit et l’ont violée à tour de rôle à la pointe de leurs fusils. Le tout s’est déroulé devant sa fille de six ans, terrifiée.
«Nataliya» se souvient avoir ensuite crié après les soldats pour les empêcher de faire subir le même sort à sa fille. Ils ont toutefois frappé la femme avec leurs fusils au point où elle est tombée au sol. La mère a ensuite assisté impuissante au viol de sa fille.
Dans une autre maison située non loin de la résidence de «Nataliya», «Maria» se souvient d’avoir entendu les soldats russes forcer sa porte, l’insulter et lui crier de se déshabiller. Par la suite, trois hommes l’ont tour à tour violée.
Après avoir été laissée traumatisée et seule, «Maria» a entendu les cris de ses voisines : cette nuit-là, les soldats russes ont violé chaque fille et femme qui vivait sur sa rue.
Une autre femme a raconté avoir été agressée par des soldats russes qui ont forcé le fils de celle-ci à regarder l’horrible scène.
Une pratique courante
Selon des experts, ce type de récit est loin d’être rare depuis le début de la guerre en Ukraine.
Ce type de comportement fait partie d’un système de violences sexuelles implanté dans l’armée russe. Les victimes sont souvent laissées dans un état suicidaire ou encore de peur extrême.
De plus, de nombreuses victimes refusent de dénoncer les gestes commis, soit par peur de réplique des agresseurs, soit par crainte d’être stigmatisées par leur propre communauté.
«Ils utilisent la violence sexuelle comme une arme. Ils veulent détruire les gens physiquement et psychologiquement», soutient Anna Orel, coordonnatrice de projet à la Fondation de la Famille Andreiev, qui vient en aide aux victimes de viol en Ukraine.
«Leur but est la destruction, l’humiliation et l’intimidation des femmes ainsi que de leurs familles», clame-t-elle. «Ils violent leurs victimes parce que ça les marque dans chaque facette de leur vie. Certaines femmes que nous avons aidées ont dit qu’elles se sentaient comme si elles étaient tranquillement en train de mourir».
Violer une femme devant son mari et ses enfants est également une tactique répandue dans l’armée russe.
«Des femmes m’ont dit que les soldats russes disaient à son enfant : “Tu devrais te souvenir de nous, les Russes, et tu devras te souvenir de ça toute ta vie’’ pendant qu’ils agressaient leur mère», raconte Mme Orel.
«Ils veulent que les femmes les craignent. Ils veulent que les enfants les craignent. Ils veulent que ce traumatisme perdure pendant plusieurs générations», ajoute-t-elle.
En raison de la stigmatisation du viol, plusieurs femmes russes refusent de porter plainte. Actuellement, 230 plaintes d’agressions sexuelles commises par des soldats russes ont été rapportées.
«C’est un nombre relativement petit. Les vrais chiffres seront beaucoup plus grands. Je suis sure que ce n’est que la pointe de l’iceberg», affirme l’avocate et chercheuse Yulia Gorbunova.
Selon le conseiller juridique Julian Elderfield, «les preuves de violences sexuelles qui seront révélées dans les deux, cinq ou 20 prochaines années vont faire dépasser de façon significative les chiffres que nous voyons présentement».