À gaza, la quête quotidienne désespérée de nourriture.

GAZA – Vendredi 17 Mai 2024 – Dans la bande de Gaza assiégée, la recherche de nourriture est devenue une lutte quotidienne pour les habitants, exacerbée par le blocus israélien et les combats incessants.Mahmoud al-Haw et d’autres Gazaouis se rendent chaque jour aux soupes populaires, espérant nourrir leurs familles affamées. Ce témoignage poignant met en lumière la crise humanitaire sans précédent vécue par les Palestiniens, et soulève des questions cruciales sur l’accès à l’aide et le respect des droits humains. Pour approfondir la situation, lisez la suite de l’article.

À GAZA – Mahmoud al-Haw, père de quatre enfants, et d’autres Palestiniens se pressent autour d’une soupe populaire dans la bande de Gaza ravagée par la guerre, avançant et agitant frénétiquement des casseroles.

De jeunes enfants, écrasés au premier rang, sont en larmes. L’un d’eux brandit un bassin en plastique dans l’espoir de recevoir quelques louches de soupe. Haw se fraye un chemin dans la mêlée jusqu’à ce qu’il reçoive sa part.

Haw fait cela tous les jours parce qu’il craint que ses enfants ne meurent de faim. Il part à travers les ruines de Jabalia,dans le nord de Gaza,à la recherche de nourriture,attendant dans des foules paniquées jusqu’à six heures pour obtenir à peine de quoi nourrir sa famille.

Certains jours, il a de la chance et peut trouver de la soupe aux lentilles. D’autres jours, il revient les mains vides.

« J’ai une fille malade. Je ne peux rien lui fournir. Il n’y a pas de pain, il n’y a rien », a déclaré Haw, 39 ans.

« Je suis ici depuis huit heures du matin, juste pour avoir une assiette pour six personnes alors que ce n’est pas suffisant pour une seule personne. »

israël bloque l’entrée de fournitures médicales, alimentaires et de carburant à Gaza depuis le début du mois de mars, ce qui a incité des experts internationaux à mettre en garde contre une famine imminente dans l’enclave assiégée qui abrite 2,3 millions de Palestiniens.

Certains camions ont été autorisés à entrer dans Gaza lundi,après qu’Israël a accepté d’autoriser la reprise limitée des livraisons humanitaires suite à la pression internationale croissante. Mais mardi soir, les Nations Unies ont déclaré qu’aucune aide n’avait été distribuée.

Outre les pénuries d’aide, les combats à Gaza se sont intensifiés. La semaine dernière,l’armée israélienne a annoncé le début d’une nouvelle opération majeure contre le groupe militant Hamas. Les médecins du territoire affirment que les frappes israéliennes ont tué plus de 500 personnes au cours des huit derniers jours.

L’intensification de la campagne d’Israël a tendu ses relations avec une grande partie du monde.Des pays européens, dont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ont déclaré que la situation à Gaza était intolérable, et même le soutien de son allié le plus proche, les États-Unis, semble maintenant faiblir.

Israël nie que Gaza soit confrontée à une crise de la faim. Il a déclaré que son blocus visait en partie à empêcher les militants du Hamas de détourner et de saisir les fournitures d’aide. Le Hamas a nié l’avoir fait et accuse Israël d’utiliser la famine comme tactique militaire.

RECHERCHE QUOTIDIENNE DE NOURRITURE

Les Gazaouis comme Haw, qui vivent à l’épicentre de la guerre qui en est maintenant à son 20e mois, n’ont pas voix au chapitre dans ce débat.Le monde de Haw consiste à se rendre chaque jour aux soupes populaires, à travers la destruction causée par les bombardements israéliens lors de la guerre déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, au cours de laquelle des militants ont tué 1 200 personnes et emmené 251 otages à Gaza, selon les chiffres israéliens.

La campagne militaire israélienne à Gaza a tué plus de 53 000 personnes, selon les autorités sanitaires palestiniennes.

Même avant la guerre – menée intensivement autour de la maison familiale à Jabalia, juste au nord de la ville de Gaza – la famille de Haw avait ses difficultés. Sa nièce, qui vit avec eux, utilise un fauteuil roulant. Sa fille souffre d’une maladie cardiaque et d’asthme bronchique, dit-il.

Haw monte les escaliers jusqu’à son appartement d’une pièce,où ses enfants attendent,assis sur un matelas. Il n’y a aucune surprise quant à ce qu’il a rapporté à la maison – encore de la soupe.

Il met la soupe dans de petits bols en fer blanc et les tend à ses quatre enfants et aux deux enfants de son frère.Les enfants, silencieux, mangent lentement et avec précaution.

« Dieu merci, comme vous pouvez le voir, c’est le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner, Dieu merci », a-t-il déclaré.

La veille, a-t-il dit, sa famille n’avait rien mangé.

« Je souhaite que tout le monde nous soutienne. Nos enfants meurent lentement », a déclaré Haw.