Le Brésil révolutionne la monétisation des données personnelles
Table of Contents
- Le Brésil révolutionne la monétisation des données personnelles
- Le Brésil Explore un Nouveau Territoire : Monétiser les Données Personnelles des Citoyens
- Dwallet : Transformer les données en Argent Réel
- Un Partenariat Public-Privé pour une Révolution des Données
- Vers une Propriété des Données Reconnue par la Loi
- Les Inquiétudes Liées à la Justice Sociale et à la Protection des Données
- Un Modèle Unique, Soutenu par un large Spectre Politique
- Contrôle Versus Tentation : À Qui Appartiennent Nos Données ?
- FAQ : Tout ce que vous devez savoir sur le compte d’épargne de données brésilien
BRASILIA – 8 Mai 2024 – Le Brésil innove en matière de protection des données, avec le lancement d’un compte d’épargne qui permet aux citoyens de monétiser leurs données personnelles. Ce projet, financé par l’État, vise à donner aux individus un contrôle inédit sur leurs informations. Il repose sur une initiative du pays qui pourrait bouleverser l’économie numérique, notamment en changeant la façon dont les entreprises accèdent aux données. Découvrez les enjeux et les opportunités de cette nouvelle approche.
Le Brésil Explore un Nouveau Territoire : Monétiser les Données Personnelles des Citoyens
Imaginez un monde où chaque trace numérique que vous laissez en ligne se transforme en argent sonnant et trébuchant.C’est la vision que le Brésil explore avec un projet pilote audacieux : un compte d’épargne de données, baptisé “Dwallet“. Ce projet, financé par l’État, vise à donner aux citoyens le contrôle de leurs données personnelles et la possibilité de les vendre directement aux entreprises.
Dwallet : Transformer les données en Argent Réel
Le concept central est simple mais révolutionnaire : un portefeuille numérique où les données personnelles des utilisateurs sont stockées et mises à disposition sur demande. Chaque fois qu’une personne sollicite un prêt en ligne ou utilise un compte de shopping, elle génère des données. Ces données sont regroupées, évaluées et peuvent ensuite être vendues via le compte d’épargne de données. L’idée est de donner aux individus le pouvoir de décider qui utilise leurs informations et à quelles conditions.
Le Saviez-Vous ?
La valeur de l’économie mondiale des données est estimée à 4 milliards de dollars, et pourrait dépasser les 40 milliards d’ici 2034.
Selon le professeur d’informatique Maximilian Rodrigues de Mato Grosso,Si vous n’acceptez pas une offre,l’entreprise ne doit pas utiliser vos données.
Cette affirmation souligne l’importance du consentement et du contrôle dans ce nouveau modèle.
Un Partenariat Public-Privé pour une Révolution des Données
Ce projet ambitieux est le fruit d’une collaboration entre Dataprev, l’entreprise publique informatique brésilienne, et Drumwave, une société américaine spécialisée dans l’évaluation des données.La phase de test est actuellement en cours avec un groupe restreint d’utilisateurs,qui ont la possibilité de choisir à qui vendre leurs données. Les paiements sont versés directement sur le compte d’épargne de données, d’où l’argent peut être transféré vers un compte bancaire classique.
Vers une Propriété des Données Reconnue par la Loi
Le Brésil ne s’arrête pas là. Un projet de loi est en cours d’examen au parlement brésilien, visant à reconnaître les données des utilisateurs comme une propriété personnelle. Si cette loi est adoptée, les entreprises seraient tenues de payer pour chaque traitement de données, y compris rétroactivement. Ces données proviennent de l’utilisation quotidienne d’applications, de sites web et d’appareils connectés.
Conseil Pratique
Protégez vos données en utilisant des mots de passe forts et uniques pour chaque compte en ligne. Activez l’authentification à deux facteurs lorsque cela est possible.
Rodrigo Assumpção, président de Dataprev, qualifie ce projet de équilibre historique dans l’économie numérique
, soulignant l’objectif de transformer les citoyens en bénéficiaires, et non plus seulement en sources, de la collecte de données.
Malgré l’enthousiasme suscité par ce projet, des voix s’élèvent pour exprimer des inquiétudes, notamment dans le domaine de la protection des données. Dans un pays où près de 30 % de la population est considérée comme analphabète fonctionnelle, certains estiment qu’il est risqué de transférer la responsabilité aux individus. Pedro Bastos de Data Privacy Brazil a déclaré à Rest of World : Nous nous attendons à ce que des millions de personnes sans éducation numérique comprennent quand et pour combien vendre leurs données.
le risque de creuser les inégalités sociales est également pris au sérieux. Les personnes ayant peu de ressources pourraient être tentées de vendre leurs données, renonçant ainsi involontairement à leurs droits en matière de protection de la vie privée. De plus, l’accès à Internet est souvent limité dans les zones rurales, ce qui pourrait entraîner une diminution des revenus pour les habitants de ces régions.
Un Modèle Unique, Soutenu par un large Spectre Politique
Contrairement à des initiatives similaires aux États-Unis ou en Chine, le modèle brésilien est réglementé par l’État et bénéficie du soutien de politiciens de gauche comme de droite. La loi prévoit que les utilisateurs soient financièrement compensés pour la collecte, le traitement ou le partage
de leurs données.
L’espoir est que l’État puisse, à long terme, accéder à de vastes bases de données anonymes, par exemple pour améliorer les soins de santé publique ou la planification des transports. Cependant, selon l’avocate spécialisée dans la protection des données, Antonielle Freitas, le modèle pourrait également être détourné : Dès que les données deviennent des marchandises, ce n’est plus le besoin qui décide, mais l’argent.
Contrôle Versus Tentation : À Qui Appartiennent Nos Données ?
Cette initiative n’est pas sans rappeler le projet controversé Worldcoin, qui a incité des dizaines de milliers de personnes au Brésil à se faire scanner l’iris en échange de primes en espèces, jusqu’à l’intervention des autorités. Pour les critiques, il est clair que quiconque vend des données donne du pouvoir.
Pour des personnes comme Maximilian Rodrigues, ce modèle offre également une protection : Je décide qui utilise mes données.C’est mieux que de simplement les abandonner gratuitement.
L’avenir du compte d’épargne de données au Brésil dépendra de la capacité des citoyens à comprendre pleinement les enjeux et à prendre des décisions éclairées.